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Débuts compliqués pour le nouveau "M. Fessenheim"

François Rol-Tanguy, délégué interministeriel chargé de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, le 14 décembre 2012 à Colmar [Sebastien Bozon / AFP] François Rol-Tanguy, délégué interministeriel chargé de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, le 14 décembre 2012 à Colmar [Sebastien Bozon / AFP]

Le "Monsieur Fessenheim" fraîchement nommé pour préparer la fermeture de la doyenne des centrales nucléaires françaises a eu droit vendredi à une entrée en matière mouvementée, avec des salariés mécontents qui lui ont interdit l'accès au site.

Deux jours après sa nomination par le gouvernement, Francis Rol-Tanguy voulait réserver sa première sortie aux employés et à la direction de la centrale de Fessenheim, dans le Haut-Rhin.

C'était sans compter sur son comité d'accueil : quelque 200 personnes, agents EDF et prestataires, ont formé une chaîne humaine devant la centrale, et plusieurs dizaines d'entre eux ont repoussé le haut-fonctionnaire quand il a voulu pénétrer sur le site.

Le nouveau "délégué interministériel à la fermeture de la centrale nucléaire et à la reconversion du site de Fessenheim", fils du grand résistant communiste Henri Rol-Tanguy, s'est rapidement résigné à rebrousser chemin.

"Le personnel lui a signifié qu'il n'avait rien à faire ici, parce qu'on n'a pas besoin de liquidateur", a expliqué le délégué CGT du site Jean-Luc Cardoso, laissant entendre que ce ne serait pas le dernier coup d'éclat des salariés.

Leur colère et leurs inquiétudes pour l'emploi et le tissu économique local sont partagées par de nombreux élus locaux.

Après cette visite avortée, la conférence de presse que M. Rol-Tanguy devait tenir à la centrale a été déplacée à la préfecture de Colmar, à une trentaine de kilomètres.

Ce sont des circonstances "compliquées", a-t-il ironisé, après ce premier contact un "peu physique", dont il a assuré ne pas s'offusquer.

"Je comprends que les salariés de la centrale, leurs syndicats, souhaitaient d'abord manifester leur opposition", a-t-il expliqué.

"C'est violent aussi d'annoncer à des salariés qu'on va fermer leur lieu de travail", a-t-il poursuivi, se disant conscient que la fermeture allait "tout de même perturber la vie de centaines, voire de milliers de familles".

 

"Définir une stratégie"

Une vue du site de la centrale nucléaire de Fessenheim, le 5 septembre 2012 [Sebastien Bozon / AFP/Archives]
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Une vue du site de la centrale nucléaire de Fessenheim, le 5 septembre 2012
 

M. Rol-Tanguy a fait valoir que le calendrier (loi présentée à la rentrée 2013, fermeture annoncée pour 2016) lui donnerait le temps de trouver le "chemin du dialogue" et qu'il viendrait "régulièrement" en Alsace.

Des rencontres sont notamment prévues avec des représentants d'EDF, des élus de la région, des associations et tous "ceux qui sont concernés" par le dossier Fessenheim.

M. Rol-Tanguy a dessiné vendredi les contours de sa mission, sans entrer dans les détails.

Elle prévoit notamment de préparer "un protocole d'accord avec EDF sur toutes les dimensions" du dossier. Il s'agit aussi de "définir une stratégie" pour gérer l'impact de la fermeture de la centrale et son démantèlement.

Fessenheim, dont le premier des deux réacteurs a été mis en service en 1977, emploie 800 agents EDF et de nombreux prestataires, et constitue un moteur pour l'économie locale.

"Ce n'est pas la peine de se voiler la face: quelle que soit la durée des opérations de démantèlement, il y aura moins de salariés à terme qu'il n'y en a aujourd'hui", a admis M. Rol-Tanguy.

Mais "objectivement, les besoins de recrutements qu'a EDF dans les dix années qui viennent doivent permettre de résoudre l'équation d'emploi des salariés sans difficulté", a-t-il estimé. Sans vouloir, a-t-il précisé, "se substituer au PDG d'EDF".

Les associations anti-nucléaire exhortent le gouvernement à fermer la centrale avant 2016 pour des raisons de sûreté, invoquant notamment le fait qu'elle est construite en zone sismique.

Mais "les raisons qui conduisent le gouvernement à fermer Fessenheim ne sont pas directement des questions de sûreté nucléaire", a souligné vendredi M. Rol-Tanguy.

"C'est bien des questions de politique énergétique", avec notamment la volonté d'accorder une place plus grande aux énergies renouvelables, a-t-il conclu.

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