En direct
A suivre

Daniel Robin : "Il faut créer de la motivation chez les étudiants pour enseigner"

L'Education veut recruter massivement. Mais les candidats seront-ils assez nombreux ? L'Education veut recruter massivement. Mais les candidats seront-ils assez nombreux ? [Frank Perry / AFP/Archives]

Le ministère de l’Education nationale lance lundi sa campagne nationale de recrutement des enseignants.  Son objectif est ambitieux : trouver, dans les deux ans, 43 000 professeurs. Daniel Robin, co-secrétaire général du syndicat d’enseignants SNES-FSU, fait part de son inquiétude.

 

L’objectif est de recruter 43 000 enseignants en deux ans. Est-ce réalisable ?

Nous sommes inquiets. Pour la rentrée 2012, il fallait 11 200 enseignants dans le primaire et le secondaire, et seulement 10 000 places environs ont été pourvues. Alors en passant à 43 000, le saut quantitatif est véritablement énorme.

 

A cause d’un manque de vocation ?

Les leviers nécessaires ne sont pas utilisés pour avoir le bon vivier de jeunes enseignants. Il faut créer de la motivation chez les étudiants. Mais de plus en plus d’entre eux doivent travailler pour payer leurs études. Impossible pour eux de suivre leur formation correctement.

 

Pourquoi existe-t-il un tel manque de candidatures ?

Il y a plusieurs éléments. Le premier, objectif, est tout simplement démographique. Il y a aujourd’hui des départs massifs de professeurs à la retraite. Et de l’autre côté, une faible génération d’étudiants de 22-23 ans, en âge de se lancer dans l’enseignement. Les enseignements pointent également souvent du doigt leurs conditions de travail. Elles se sont relativement dévalorisées depuis plusieurs années. Les étudiants le savent, et choisissent donc de poursuivre, dans leur discipline, dans une voie qui n’est pas celle de l’enseignement.

 

La peur, pour un jeune enseignant, de se retrouver dans un secteur difficile, joue-t-elle ?

Il y a des besoins selon les secteurs géographiques, et c’est le rôle d’un fonctionnaire d'y répondre, c’est normal. Mais oui, les affectations peuvent poser des problèmes.

 

Et qu’en est-il des faits de violences dans le milieu scolaire, qui font régulièrement la une dans les médias ?

Ces difficultés sociales sont le reflet de la société dans son ensemble. Avec, il faut le reconnaître, des situations très compliquées pour les enseignants, notamment dans les quartiers nord de Marseille, ou encore en Seine-Saint-Denis.

 

Reste l’aspect financier…

Un professeur commence entre 1 600 et 1 700 euros net par mois. Difficile quand on habite en région parisienne. A la fin de sa carrière, il peut espérer 3 000 euros. La rémunération des enseignants se dégrade depuis 20 ans par rapport à d’autres métiers. Il faut donc renverser la vapeur, créer une dynamique de rattrapage pour attirer.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités