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A Florange, on prie pour les sidérurgistes

Les lettres SOS installées près d'une statue de la vierge Marie par les salariés d'ArcelorMittal, à Florange, le 30 novembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives] Les lettres SOS installées près d'une statue de la vierge Marie par les salariés d'ArcelorMittal, à Florange, le 30 novembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives]

"Nous prions pour les sidérurgistes, c'est ça la fraternité et la solidarité": 150 fidèles ont tourné leurs pensées vers les salariés d'ArcelorMittal, dimanche lors de la messe de Florange (Moselle), une commune où les cheminées du géant de l'acier sont plus hautes que le clocher.

Sur le parvis de l'église Sainte-Agathe, entourée de toits blanchis par les premières neiges de l'hiver, Charles Pelser, 75 ans, attend l'office et avoue sans détour ses inquiétudes quant au conflit social qui secoue la région depuis plus d'un an.

"Bien sûr, ça nous travaille tous de voir ces gens dans la misère à l'approche de Noël, certains vont peut-être même devoir changer de région", confie le retraité, qui a travaillé pendant des années dans la sidérurgie à Gandrange.

Saluant ses fidèles à l'entrée de l'église, Claude Brehm, curé modérateur de la communauté de paroisse, rappelle que son rôle est aussi de maintenir les croyants "dans l'espérance", sans "naïveté" pour autant.

Installé depuis sept ans dans la vallée de la Fensch, il n'a pas manqué de se rendre, ces derniers mois, à plusieurs manifestations de salariés d'ArcelorMittal.

"Je suis allé parler avec des ouvriers pour leur apporter mon soutien", raconte-t-il avant l'office.

Une vue des hauts fourneaux d'ArcelorMittal à Florange, le 30 novembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives]
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Une vue des hauts fourneaux d'ArcelorMittal à Florange, le 30 novembre 2012
 

Dans son homélie, le diacre Philippe Fourgon mentionne "le sort fait aux travailleurs d'ArcelorMittal, dont l'avenir est incertain", avant de rappeler que "notre monde peut devenir plus beau et meilleur par notre façon de vivre, notre comportement".

C'est "la foi qui me fait avancer", affirme d'ailleurs une quinquagénaire sous-traitante chez ArcelorMittal, rongée par l'incertitude et persuadée que la direction du groupe sidérurgiste prend les travailleurs pour "des pantins".

Pour le premier dimanche de l'avent, les trois paroisses de Fameck, Uckange et Florange ont fait messe commune. Une cérémonie rythmée par les chants d'une quarantaine d'enfants emmitouflés dans leurs manteaux d'hiver et la guitare du père Adam, prêtre à Florange.

Les croyants ont présenté à cette occasion leur "Livre des merveilles", qui n'est autre qu'un grand catalogue de vente de tapisseries murales reconverti en recueil.

Sur les épaisses pages colorées du catalogue, chacun a collé des nuages sur lesquels ils ont consigné des "fragilités", et des soleils jaunes témoignant des "merveilles".

Les premiers messages manuscrits sont ceux des plus jeunes, des enfants d'une dizaine d'années. Sur son nuage, Mathieu a écrit: "Je ne comprends pas pourquoi ArcelorMittal a fermé en laissant des gens sans travail".

Une interrogation qui fait écho à celle de Théo, qui demande "pourquoi ArcelorMittal a fermé alors que c'est une grande usine", ou à une inscription anonyme qui regrette qu'il y ait "beaucoup de travailleurs sans emploi maintenant".

"Les temps sont durs" depuis que la sidérurgie, "poumon de notre vallée", est menacée selon Jacqueline Gastrin, bénévole de la paroisse qui témoigne tout en offrant des cafés aux croyants.

D'après l'aide-soignante de 58 ans, si les fidèles sont toujours prêts à s'investir et à donner de leurs temps, la recette des quêtes a, elle, fondu comme neige au soleil.

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