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Mgr Vingt-Trois fustige une "supercherie"

Le cardinal André Vingt-Trois, le 3 octobre 2012 à Lourdes [Remy Gabalda / AFP] Le cardinal André Vingt-Trois, le 3 octobre 2012 à Lourdes [Remy Gabalda / AFP]

Le cardinal André Vingt-Trois a fustigé samedi le mariage homosexuel, "une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société," et s'est posé comme le défenseur des enfants, lors d'une assemblée des évêques de France réunis à Lourdes.

Dans son discours à quatre jours d'un Conseil des ministres où sera présenté un avant projet de loi sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels, le président de la conférence des évêques de France a estimé que pour un sujet d'une telle ampleur, "un large débat national s'imposait qui ne se contente pas d'enregistrer des sondages aléatoires ou la pression ostentatoire de quelques lobbies".

Nouveau sondage

Le nombre de Français favorables au mariage des homosexuels a baissé à 58% en 2012 contre 63% en 2011, selon un sondage BVA publié samedi par Le Parisien/Aujourd'hui en France.

Comme les responsables des principaux cultes en France, qui se sont successivement érigés contre un projet issu, selon eux, d'un discours "bien pensant", Mgr Vingt-Trois a insisté sur "la gravité de l'enjeu du mariage homosexuel qui bouleverserait en profondeur les fondements de la société".

"Une vision de l'être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants", a-t-il fustigé.

Le cardinal-archevêque de Paris a demandé aux chrétiens de protester auprès des élus et a insisté sur le mot "supercherie" lors d'une conférence de presse.

"Je ne connais pas aujourd'hui de procédé pour faire naître des enfants en dehors de la bisexualité. Ce serait une supercherie que de faire croire à des enfants que deux parents d'un même sexe pourraient les avoir engendrés", a-t-il répété.

Mgr Vingt-Trois s'est aussi interrogé, non sans causticité, sur le concept de "mariage pour tous": "Ou bien il s'arrête quelque part et alors il n'est pas pour tous. Ou bien, c'est un mariage pour tous et à ce moment-là, on ne voit pas pourquoi il s'arrêterait quelque part".

Conscient du caractère sensible du sujet, le cardinal s'est posé comme le défenseur des enfants.

"Discrimination entre les enfants"

"Les couples qui sont mariés aujourd'hui vont changer de statut. Les enfants de ces couples hétéro, alors qu'on leur demande, quand ils vont à l'école, +qui est ton papa, qui est ta maman+, devront désormais répondre +c'est mon parent 1, c'est mon parent 2+. C'est donc un changement de modèle".

"Quand on dit que c'est par générosité, par sentiment d'égalité qu'on va ouvrir le mariage à tout le monde, on ne dit pas qu'on va changer le mariage de tout le monde. On ne dit pas qu'il y aura une discrimination entre les enfants".

"Et quand on dit qu'on va autoriser l'adoption des enfants, personne ne parle des droits de l'enfant".

L'opposition au mariage homosexuel recueille l'adhésion des catholiques, mais aussi des protestants, des orthodoxes, des musulmans ou des juifs.

Début octobre, la Fédération protestante de France s'est élevée contre "la fausse bonne idée du mariage pour tous", son président en faisant une question "non pas théologique, mais sociale et anthropologique".

Pour sa part, le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, se demande s'il n'y a pas, au nom de l'égalité revendiquée pour tous, "une confusion entre l'égalité et la similitude. Deux personnes peuvent être égales mais non semblables, ou être semblables mais non égales".

Une des protestations les plus remarquées vient du Grand rabbin de France Gilles Bernheim, pour qui "les arguments invoqués d'égalité, d'amour, de protection ou de droit à l'enfant se démontent et ne peuvent, à eux seuls, justifier une loi".

De son côté, Olivier Wang-Genh, vice-président de l'Union des Bouddhistes de France, souhaite "qu'on réfléchisse aux conséquences qui découlent d'actes individualistes et égoïstes".

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