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Condamné au procès des tournantes, jugé pour meurtre

Le tribunal de grande instance de Créteil [Jacques Demarthon / AFP/Archives] Le tribunal de grande instance de Créteil [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Trois semaines après la fin du procès des tournantes de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) où il a été jugé et condamné, un homme comparaît de nouveau aux assises du Val-de-Marne pour le meurtre de sa compagne et l'enlèvement de son petit garçon.

Perpétrés en février 2010, ces crimes passibles de la réclusion criminelle à perpétuité avaient poussé le gouvernement et les parlementaires à accélérer la mise en place d'un arsenal législatif contre les maris violents.

Mahamadou Doucouré, 30 ans, est poursuivi pour le meurtre commis avec préméditation de son ancienne compagne et l'enlèvement d'un mineur de moins de 15 ans.

Il est 18H00, le 16 février 2010, lorsque les autorités décident de lancer la procédure d'alerte-enlèvement pour aider aux recherches du petit Ibrahima. Ce petit garçon de 18 mois a disparu depuis le petit matin et le corps de sa mère, lardé de 22 coups de couteau, a été découvert par les policiers dans son appartement en rez-de-chaussée de Fontenay-sous-Bois.

Rapidement les soupçons se portent sur Mahamadou Doucouré, son ex-compagnon avec lequel la victime était en conflit à propos de la garde de l'enfant. L'homme la harcèle. Sur son téléphone il a laissé près de 250 messages de menaces. "Soit tu reviens, soit tu crèves", dit l'un d'eux.

Quelques jours avant le drame, il avait d'ailleurs été condamné par le tribunal correctionnel de Créteil à une peine de prison avec sursis, assortie d'une interdiction de rencontrer la jeune femme.

Interpellé le soir même dans les Hauts-de-Seine, M. Doucouré reconnaissait avoir kidnappé son fils et tué son ex-compagne. Le petit était retrouvé sain et sauf, à ses côtés.

La famille de la jeune femme accuse, depuis, police et justice d'avoir ignoré les menaces de mort proférées par M. Doucouré, séparé de la victime depuis mai 2009.

Ce crime avait conduit à l'adoption d'une loi UMP-PS destinée à renforcer la lutte contre les violences conjugales et votée à l'unanimité par le Parlement en juin 2010.

Parmi les mesures les plus innovantes du texte, figurent une "ordonnance de protection" pour les victimes, la création d'un délit de "violence psychologique" et l'expérimentation pour trois ans du bracelet électronique destiné à maintenir à distance le conjoint violent.

Décrit par les psychologues comme un individu "intolérant à la frustration", Mahamadou Doucouré, vivant du RSA au moment des faits, avait déjà été condamné par la justice à de multiples reprises pour des violences, menaces ou outrages.

En 2006 et 2007, il a été détenu dans le cadre de l'enquête sur les "tournantes" des cités de Fontenay-sous-Bois pour lesquels il a comparu au début de l'automne, accusé de viols sur deux jeunes femmes, Nina et Aurélie.

Acquitté pour les faits concernant Aurélie, il a en revanche été reconnu coupable et condamné à un an de prison ferme pour avoir violé Nina.

Seul accusé à comparaître détenu, l'homme vêtu d'un haut de jogging aux couleurs du club de football italien de l'AC Milan, cheveux ras, avait accueilli sans broncher, dans le box des accusés, le verdict jugé trop clément par nombre d'associations féministes et pour lequel le ministère public a fait appel.

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