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OGM : deux avis attendus sur l'étude controversée

Le professeur Gilles-Eric Seralini le 18 septembre 2012 à Caen [Charly Triballeau / AFP/Archives] Le professeur Gilles-Eric Seralini le 18 septembre 2012 à Caen [Charly Triballeau / AFP/Archives]

L'agence de sécurité sanitaire française (Anses) et le Haut conseil des biotechnologies annoncent lundi leurs conclusions sur l'étude du Pr Séralini sur la toxicité d'un maïs transgénique, très critiquée mais qui a aussi relancé le débat sur les procédures d'homologation des OGM.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll attend ces avis pour prendre position sur le dossier mais a indiqué que "quoi qu'il arrive", il souhaite "poser la question globale des protocoles d'autorisations sur les OGM".

La France, comme d'autres pays (Autriche, Hongrie, Grèce, Luxembourg, Roumanie, Bulgarie), a déjà pris ses distances avec certaines décisions européennes sur les OGM comme sur le maïs MON 810 de Monsanto dont elle interdit à la culture.

L'Anses et le HCB ont pris un mois pour examiner les travaux du Pr Gilles-Eric Séralini, un biologiste de l'université de Caen, qu'elles ont auditionné.

"Pour plus de la moitié des OGM étudiés", l'Anses estime que "les données fournies par l'industriel ne sont pas suffisantes pour conclure sur la sécurité sanitaire liée à la consommation de l'OGM".

Depuis la publication de son étude, le 19 septembre, dans la revue scientifique Food and chemical toxicology, le travail du chercheur a été sous le feu des nombreuses critiques de la communauté scientifique.

Vendredi, fait rare, six Académies nationales (Agriculture, Médecine, Pharmacie, Sciences, Technologies et Vétérinaire) ont publié un texte commun dans lequel elles se montrent très sévères avec l'étude en question: "un non-événement scientifique" dont "les nombreuses insuffisances" ne permettent "aucune conclusion fiable".

Plusieurs aspects de son étude sont visés: la taille des échantillons, le type de rats utilisés pour l'expérience (connu pour développer des tumeurs), le manque de précisions de la composition des menus administrés aux rats, la faiblesse des modèles statistiques.

Le Pr Séralini a estimé que son étude avait "des limites statistiques comme toutes les études faites avec dix rats" par groupe étudié. "Mais l'Efsa (l'agence européenne) a autorisé des maïs transgéniques sur la foi d'études avec 5 ou 6 rats, des travaux produits par l'industriel lui-même qui ne communique pas les données brutes de l'étude", déplore le biologiste.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a estimé que son étude était "inadéquate" et "insuffisante" pour remettre en question l'innocuité de ce maïs. L'agence sanitaire allemande est allée dans le même sens.

Lundi matin, le HCB, une instance issue du Grenelle, rendra public son avis à 10H00.

L'après-midi, le directeur général de l'Anses, Marc Montureux, présentera les conclusions de l'agence sur l'étude et "dans un contexte plus large, les conséquences éventuelles à en tirer quant à la réglementation actuelle en matière d'évaluation des OGM et des produits phytosanitaires".

Gilles-Eric Séralini a estimé avoir été "extrêmement mal reçu" au HCB. "Je ne comprends pas cette agressivité de la part d'agences si ce n'est que mon travail démontre leur laxisme", a-t-il déclaré à l'AFP.

Avec l'Anses, il a fait état "d'un dialogue constructif" et dit que l'agence considère que "c'est évidemment un problème de tenir confidentielles certaines données", une allusion aux tests que les industriels produisent pour faire homologuer leurs plantes génétiquement modifiées.

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