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Le Canal Seine-Nord, probable victime de la chasse aux économies

Serpent de mer de l'aménagement du territoire depuis une vingtaine d'années, le canal Seine-Nord risque d'être le premier grand projet d'infrastructure abandonné par le nouveau gouvernement socialiste, faute d'un financement suffisant.[POOL] Serpent de mer de l'aménagement du territoire depuis une vingtaine d'années, le canal Seine-Nord risque d'être le premier grand projet d'infrastructure abandonné par le nouveau gouvernement socialiste, faute d'un financement suffisant.[POOL]

Serpent de mer de l'aménagement du territoire depuis une vingtaine d'années, le canal Seine-Nord risque d'être le premier grand projet d'infrastructure abandonné par le nouveau gouvernement socialiste, faute d'un financement suffisant.

Pour nombre de protagonistes du dossier, l'abandon de cette voie d'eau à grand gabarit de 106 kilomètres de long apparaît désormais inévitable même si les pouvoirs publics ne veulent pas encore l'officialiser.

L'opération d'attribution du partenariat public-privé (PPP) pour la construction et la maintenance de l'ouvrage est "suspendue", a affirmé mercredi Yves Gabriel, PDG de Bouygues Construction, interrogé en marge d'une conférence de presse de Bouygues.

Fruit du Grenelle de l'Environnement, le canal devait permettre aux péniches de grande taille de connecter le bassin de la Seine au Nord-Pas-de-Calais et aux 20.000 km du réseau grand gabarit d'Europe du Nord.

Bouygues, comme le groupement concurrent Vinci-Eiffage, n'a pas pas reçu de Voies navigables de France (VNF) "les règles du jeu" pour la prochaine étape du "dialogue compétitif" pour l'attribution du contrat.

Cela prouve, selon M. Gabriel, l'absence de volonté du gouvernement de réaliser cet ouvrage en raison de l'état des finances publiques.

Or Bouygues et Vinci-Eiffage devaient présenter leurs offres à l'automne avant un choix final avant la fin de l'année 2012.

Le ministre voit ses craintes sur le financement confirmées

"Le projet n'est pas finançable sans une forte participation publique", a rappelé M. Gabriel.

Le gestionnaire public des canaux Voies navigables de France a affirmé ne pas avoir arrêté la procédure d'attribution du contrat et a estimé que le blocage du dossier était imputable à Bouygues.

"Il semble que Bouygues dise pour le moment, en l'attente de précisions, nous n'allons pas au-delà (...). C'est l'Etat qui doit fournir aux deux candidats (Bouygues et Vinci) tous les éléments nécessaires", a indiqué son président Alain Gest, par ailleurs député UMP de la Somme.

"Cela confirme les craintes qui étaient les miennes lorsque certains disaient que le bouclage financier était réalisé", a déclaré à l'AFP le ministre délégué aux Transports Frédéric Cuvillier.

"Aujourd'hui, le projet est suspendu. Ce n'est pas du fait du ministre des Transports mais de l'un des partenaires qui émet des réserves sur sa soutenabilité financière", a ajouté le ministre.

Dans le passé, M. Cuvillier avait exprimé à plusieurs reprises ses doutes sur la faisabilité du canal, dont il estime le coût "sous-évalué".

Pour lui, il faut donc "explorer toutes les pistes de financement, y compris européennes".

Le "dialogue compétitif" pour l'attribution du contrat avait démarré en avril 2011, après la visite de Nicolas Sarkozy à Nesle (Somme) qui avait relancé le projet de construction du canal entre Compiègne (Oise) à Aubencheul-au-Bac, entre Douai et Cambrai (Nord).

L'achèvement du projet était prévu pour 2016-2017. Sa réalisation était estimée à 4,3 milliards d'euros dont 2,1 milliards fournis par les partenaires privés.

Le président de l'association Seine-Nord Europe Philippe Marini a estimé pour sa part "très paradoxal qu'un gouvernement qui s'est installé sous le signe d'une politique de croissance recule en ce qui concerne la réalisation de l'une des rares infrastructures nouvelles de ce pays qui puissent être un vrai levier de croissance".

Le probable abandon du plus grand projet fluvial européen rappelle celui en 1997 de la mise à grand gabarit du canal Rhin-Rhône par la ministre de l'Ecologie Dominique Voynet, qui faisait partie du gouvernement de Lionel Jospin.

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