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Banlieues : 10 ans de politiques inutiles ?

Une tour d'immeuble détruite à Meaux le 17 avril 2005.[JEAN-PIERRE MULLER / AFP]

Après deux ans d'étude, les conclusions des chercheurs de l’institution de la rue Cambon sont sévères : les différentes actions publiques menées en faveur de la banlieue depuis dix ans, n'ont pas permis de réduire les écarts de développement entre les quartiers.

C'est un cinglant constat d'échec que dresse la Cour des comptes sur la rénovation urbaine: "la réduction des écarts entre les quartiers prioritaires et les villes environnantes, affichée comme la priorité de la loi du 1er août 2003, ne se vérifie pas près de dix ans plus tard, ces écarts demeurant sensiblement stables quels que soient les indicateurs retenus. La dépendance aux prestations sociales reste plus forte en zone urbaine sensible qu’ailleurs. En matière de réussite scolaire, les écarts à la moyenne ont tendance à augmenter dans les filières générales. Même si le sentiment d’insécurité recule, il reste plus fréquemment éprouvé en zone urbaine sensible. En matière d’emploi, les écarts se sont même accrus."

Trop de lois

Pour les sages de la rue Cambon, ce manque de résultats tient à plusieurs choses. Tout d’abord la multiplication des lois : « quasiment chaque année depuis dix ans, des réformes, le plus souvent législatives, (pour la rénovation urbaine) ont été adoptées » précise le rapport.

Ensuite, la géographie des zones prioritaires serait trop complexe : « L’incapacité à réformer une géographie prioritaire trop complexe et, surtout, la dilution des interventions sur un nombre beaucoup trop important de zones ont dès le départ pénalisé l’ensemble du dispositif » précise le document.

Enfin : un manque de coordination des actions : « des défauts de gouvernance et de coordination persistants n’ont pas non plus joué dans le sens de l’efficacité. La politique de la ville manque d’une coordination interministérielle suffisamment forte dans un contexte où les intervenants sont de plus en plus nombreux.»

Une mauvaise répartition des crédits

Dans son rapport, la Cour des comptes estime que les crédits spécifiques dédiés à la politique de la ville (535,8 M€ cette année) ne sont pas toujours affectés aux territoires qui en ont le plus besoin. A titre d’exemple, elle relève en Ile-de-France, que la Seine-Saint-Denis est, après Paris, le « département dont l’enveloppe budgétaire est la plus faible », alors que le département est le plus pauvre de la région. En moyenne, chaque habitant des quartiers prioritaires du 93 reçoit 31 € de crédits dédiés à la politique de la ville, soit 10 € de moins que la moyenne francilienne.

Pour améliorer cette situation, les chercheurs de la rue Cambon préconisent une réforme radicale de la géographie des zones urbaines sensibles (ZUS) qui représentent actuellement 751 espaces dispatchés sur toute la France. Selon eux les aides en faveurs de ces territoires devraient se focaliser sur les six départements qui rencontrent "les plus grandes difficultés". Parmi ceux-ci : la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise, l’Essonne, les Bouches-du-Rhône, le Nord et le Rhône.

Une mesure qui risque de ne pas être franchement populaire dans les départements écartés, si le gouvernement décide de la mettre en place.

 

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