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Marseille arme sa police municipale de gomme-cogne, les syndicats réclament plus

Des policiers municipaux verbalisent un véhicule en infraction le 15 juin 2011 à Marseille.[AFP/Archives]

Marseille a entériné lundi l'équipement de ses policiers municipaux en gomme-cogne, une première dans la deuxième ville de France où la question est longtemps restée tabou, mais sans aller jusqu'aux armes à feu que réclament certains syndicats.

Le conseil municipal a décidé de doter les brigades de la police municipale de gilets pare-balles et d'"armes non létales de type Flash-Ball", ainsi que "d'armes à impulsion électrique de type Taser".

Cette mesure, d'un coût de 380.000 euros au total, a été approuvée par les élus de la majorité de droite, UMP et centristes, et ceux du PS, tandis que le PCF et les Verts ont voté contre.

Le maire UMP de la ville, Jean-Claude Gaudin, de sensibilité chrétienne-démocrate, a longtemps été hostile à l'armement des policiers municipaux, dont le nombre est de 340 à Marseille après le recrutement de 100 agents supplémentaires. Il a désormais pris acte de la nécessité de les protéger contre les nombreuses agressions et "les situations à risque" qu'ils subissent. Cette évolution a pourtant laissé les syndicats sur leur faim.

"Les policiers municipaux se retrouvent face à des armes de guerre, mais même face à des armes de poing, il faut leur donner la possibilité de riposter", s'est insurgé Frédéric Foncel, secrétaire général du Syndicat national des policiers municipaux. "Sinon, ce ne sont que des pantins qui se promènent avec des gilets pare-balles", a-t-il ajouté.

Pour Michel Lecquio, président de l'Union nationale des agents de la police municipale, "s'ils n'ont pas les moyens d'assurer leur propre sécurité ou celle d'autrui, il vaut mieux qu'il n'y ait pas de policiers municipaux".

Ceux-ci souhaitent que l'armement des policiers municipaux devienne la règle et que les maires qui le refusent justifient leur décision, ce qui équivaudrait à inverser la situation actuelle. "Aujourd'hui, c'est un gigantesque bazar, on ne peut pas continuer comme ça", a estimé M. Foncel.

Le socialiste Patrick Mennucci, leader de l'opposition marseillaise, ne se dit pas opposé au principe de l'équipement des agents en armes létales. Il souligne toutefois que la police municipale de la cité phocéenne n'est à l'heure actuelle "ni assez développée ni formée" pour que cette option soit envisageable, déplorant que Marseille n'ait "qu'un policier pour 3.500 habitants contre un pour 1.500 dans les villes de taille équivalente".

Cette position est loin d'être partagée par tous au PS. Dans son livre "11 propositions chocs pour rétablir la sécurité", le secrétaire national du PS chargé de la sécurité, Jean-Jacques Urvoas, souhaite que les policiers municipaux ne soient dotés que de bombes lacrymogènes et de bâtons de défense, comme c'était le cas jusqu'alors à Marseille.

En mars dernier, le maire socialiste de Toulouse, Pierre Cohen, avait provoqué la colère des policiers municipaux en leur retirant, au moment de la levée du plan Vigipirate écarlate, les armes à feu dont ils avaient été équipés temporairement à la suite de l'affaire Mohamed Merah.

La question de l'armement des policiers municipaux revient avec insistance dans le débat public depuis le décès, en mai 2010, d'une policière municipale de 26 ans, tuée lors d'une fusillade à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).

La France compte environ 18.000 policiers municipaux. 43% d'entre eux sont équipés d'une arme de 4e ou 7e catégorie (arme à feu, Taser et Flash-Ball), selon une étude du Centre national de la fonction publique territoriale de 2011.

Selon cette étude, ce chiffre monte à 78% dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, où les villes de Nice et Toulon sont citées en exemple par les syndicats de policiers.

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