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RSA : la moitié des bénéficiaires ne le réclament pas

Des personnes quittent le siège parisien de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), le 27 mars 2007[AFP/Archives]

"Près de la moitié" des bénéficiaires potentiels du Revenu de solidarité active (RSA) ne le demande pas, souvent par méconnaissance du dispositif qui a remplacé il y a trois ans le Revenu minimum d'insertion (RMI), selon la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf).

Le RSA a deux volets: il constitue soit un revenu minimum pour les personnes sans ressources comme le faisait le RMI ("RSA socle"), soit il complète un petit salaire ("RSA activité").

Fin 2010, le taux de "non-recours" au "RSA socle" était de 35% en moyenne, relève cette étude publiée vendredi par la Cnaf, tandis que le taux de "non-recours" au "RSA activité" atteignait 68%, soit en tout "près de la moitié" des bénéficiaires potentiels du RSA.

"La méconnaissance du RSA, ou sa mauvaise connaissance, explique pour l'essentiel le non-recours à la prestation. En revanche, les non-recourants n'évoquent que marginalement un faible intérêt financier de la prestation", explique la Cnaf.

Près de 1,7 million de foyers éligibles au RSA n'en étaient donc pas bénéficiaires, "induisant un montant non distribué de l'ordre de 432 millions d'euros", ajoute la Caisse, qui a versé en 2010 environ 8 milliards d'euros de RSA, financé par les départements ("RSA socle") et par l'Etat ("RSA activité").

Environ 2 millions de foyers le touchent actuellement.

L'importance du "non-recours" avait déjà été pointé par le gouvernement lui-même en 2011, qui avait engagé des campagnes d'information à destination des plus modestes.

Parmi les foyers éligibles au RSA mais qui ne le touchent pas, 54% estiment pourtant "connaître le RSA", 35% disent l'avoir déjà touché par le passé et 11% ne le connaissent pas.

Au sein des 54% qui connaissaient le RSA sans le percevoir, 19% étaient "sûrs de ne pas pouvoir en bénéficier"; 28% ne pensaient pas pouvoir en bénéficier "mais n'ont pas creusé la question" tandis que 7% étaient paradoxalement "sûrs de pouvoir bénéficier du RSA".

A ces deux dernières catégories, on a demandé pourquoi elles n'avaient pas demandé le RSA: 68% ont invoqué des "raisons reflétant un manque de connaissance" (essentiellement, ils pensent que le RSA est réservé aux sans -emploi).

42% ont déclaré "se débrouiller autrement financièrement", 27% se sont abstenus "par principe" (ne pas vouloir "dépendre de l'aide sociale") tandis que 20% ont évoqué des "démarches trop compliquées".

Enfin, 11% n'ont "pas eu le temps" et 10% s'apprêtaient à "changer de situation".

Ce sont les couples plutôt que les personnes seules qui ont plus souvent tendance à ne pas demander le RSA, surtout s'ils sont sans enfant, car ils peuvent "avoir le sentiment de mieux se débrouiller financièrement", avance l'étude.

Les plus diplômés le demandent moins aussi, "en raison de leur croyance plus forte dans le caractère transitoire de leur situation ou encore leur refus plus grand de dépendre de l'aide sociale compte tenu de leur diplôme".

Sans surprise, le niveau de revenu (avant RSA) est aussi un facteur important: 48% des foyers éligibles pauvres n'ont pas demandé le RSA contre 70% des ménages éligibles au-dessus du seuil pauvreté.

Enquête réalisée fin 2010 au téléphone auprès de 15.000 foyers à faibles revenus puis en face-à-face début 2011 auprès de 3.300 personnes éligibles au RSA.

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