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La défense demande la relaxe de Jérôme Kerviel

Tristane Banon, David Koubbi, Jérôme Kerviel Jérôme Kerviel, son avocat David Koubbi et Tristane Banon à leur arrivée au tribunal le 28 juin.[MEHDI FEDOUACH / AFP]

La défense a plaidé la relaxe jeudi au procès en appel de Jérôme Kerviel, après quatre semaines d'audience dominées par un mystérieux complot et au lendemain d'un réquisitoire implacable du ministère public.

"Le doute doit profiter à Jérôme Kerviel, il doit emporter la relaxe", a déclaré dans sa plaidoirie Julien Dami Le Coz, collaborateur de David Koubbi, principal avocat de l'ancien trader de la Société Générale poursuivi pour une perte de 4,9 milliards d'euros début 2008.

"Ce qui a été requis, ce n'est plus une peine, c'est un châtiment", a estimé avant lui Benoît Pruvost, associé du même cabinet d'avocats.

Me Koubbi devait plaider par la suite, dans une salle d'audience de la cour d'appel de Paris archicomble, à la chaleur étouffante. Une chaleur qui a sans doute entraîné un bref malaise de Jérôme Kerviel. Ce qui a entraîné une suspension d’une vingtaine de minutes dans la plaidoirie de son avocat Me David Koubbi. Kerviel est sorti précipitamment, semblant avoir la nausée. Il est revenu peu après, pour repartir aussitôt.

Mercredi, l'avocat général a requis contre Jérôme Kerviel, "pervers et manipulateur" selon lui, cinq ans de prison ferme, peine maximum encourue, alors que l'ancien trader avait été condamné en première instance, en 2010, à trois ans ferme et deux avec sursis. 

Le tribunal l'avait aussi condamné à des dommages et intérêts astronomiques de 4,9 milliards d'euros, montant de la perte dont il avait été jugé seul responsable.

En appel, les avocats de la Société Générale ont demandé le même montant de dommages et intérêts, même s'il est évident que Jérôme Kerviel, 35 ans, issu d'une famille modeste et désormais sans emploi, ne remboursera jamais une telle somme, qui représente 390.000 ans de Smic.

Il est reproché à l'ancien trader d'avoir pris en 2007 et début 2008, à l'insu de sa hiérarchie, pour des dizaines de milliards d'euros de positions spéculatives, dissimulées par des opérations fictives, de faux courriels et des déclarations mensongères.

Des faits qualifiés en droit d'"abus de confiance", "faux et usage et faux" et "introduction frauduleuse de données" dans le système informatique de la banque, infractions amplement constituées selon l'accusation, pas du tout selon la défense.

Jérôme Kerviel n'a jamais nié avoir perdu le sens des réalités, expliquant s'être retrouvé pris dans un "engrenage". Mais il affirme que ses supérieurs savaient ce qu'il faisait, ce que tous ont nié catégoriquement.     

A son procès en appel, il s'est dit victime d'une machination. La Société Générale aurait couvert ses positions et l'aurait ensuite utilisé comme fusible pour masquer ses pertes dues aux "subprimes", les crédits hypothécaires américains à l'origine d'une crise financière mondiale en 2008.

Tristane Banon arrive au tribunal avec Koubbi et Kerviel

Plusieurs témoins sont venus appuyer cette théorie, notamment un salarié d'une filiale de la Société Générale, qui a ébranlé quelques certitudes mais rien prouvé.

De fait, le 24 janvier 2008, quand la Société Générale avait révélé la "fraude" de 4,9 milliards d'euros imputée à Jérôme Kerviel, elle avait aussi annoncé pour 2 milliards de pertes dues aux subprimes.

Mais l'enquête n'avait pas détecté un quelconque complot ourdi contre le trader, théorie qualifiée de "gigantesque mensonge" par des cadres de la banque, d'ultime "joker" par le parquet général.

Dans le public se trouvait notamment jeudi Tristane Banon, la jeune femme qui avait porté plainte l'année dernière pour tentative de viol contre Dominique Strauss-Kahn et dont Me Koubbi était l'avocat. Sa plainte avait été classée.

David Koubbi quant à lui a expliqué à son arrivée dans la salle pourquoi il avait un gros hématome à l'oeil gauche. Il a dit avoir été agressé la veille par un homme à scooter lors d'une altercation dans un embouteillage qui, a-t-il dit, n'a rien à voir avec l'affaire.

La décision sera mise en délibéré à l'issue de l'audience, vraisemblablement jusqu'à la rentrée.

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