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Deux militaires tués en Guyane

Un "village" d'orpailleurs clandestins dans la forêt guyanaise[AFP/Archives]

Deux militaires ont été tués et deux gendarmes grièvement blessés mercredi dans une opération conjointe entre l'armée et la gendarmerie contre des chercheurs d'or clandestins en Guyane, un épisode d'une rare violence dans la lutte des forces de sécurité contre l'orpaillage.

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Le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, se rendra sur place jeudi matin pour "rendre hommage aux deux militaires tués et se rendre au chevet des blessés", a-t-on appris auprès de son ministère dans un communiqué.

Les ministres des Outre-mer, de l'Intérieur, Manuel Valls, et de la Défense, Jean-Yves Le Drian ont exprimé leur "très vive émotion" à la suite du décès de deux militaires. Les trois membres du gouvernement ont salué "l'engagement" des militaires décédés dans cette opération "ainsi que celui de tous les militaires dans la lutte contre l'orpaillage clandestin". Ils condamnent "avec la plus grande fermeté" cette attaque "contre des représentants de l'autorité républicaine".

Les deux militaires faisaient partie du 9e RIMa, qui participe aux opérations "Harpie" contre les orpailleurs. L'un est un caporal-chef de 32 ans, père d'un enfant, l'autre un adjudant de 29 ans.

Le pronostic vital des deux gendarmes grièvement blessé n'est pas engagé, a assuré le colonel Didier Laumont, commandant de gendarmerie de la région. Ils faisaient partie d'un groupe de militaires et gendarmes revenus à proximité des lieux où un peu plus tôt un hélicoptère de la gendarmerie avait essuyé des tirs, dans la région de Dorlin (ouest), qui se situe sur l'immense territoire de la commune de Maripasoula (18.000 km carrés).

Cet hélicoptère participait à une opération de sécurisation de la zone devant permettre l'installation progressive d'une société minière légale dans cette région qui est un haut lieu isolé de l'orpaillage clandestin en Guyane depuis près de 20 ans, sans accès terrestre depuis le littoral. Des géologues devaient initialement se rendre sur place dès jeudi.

Vers 10H00 heure locale, l'hélicoptère a essuyé des tirs, blessant légèrement un gendarme à la cuisse. "C'est comme si quelqu'un avait vidé le chargeur de son pistolet sur l'hélicoptère", a rapporté un témoin. Il y a eu au moins six impacts de tir sur l'appareil.

Vers 13H00, les autorités décidaient de déposer à quelque 2 km de l'incident une douzaine de gendarmes et 18 à 20 militaires. Après avoir marché une centaine de mètres sur un sentier bordé de forêts, ils ont essuyé un feu nourri. "Ils sont tombés dans une embuscade", a assuré la préfecture. Le procureur de la République Ivan Auriel et le colonel Didier Laumont, commandant de la gendarmerie en Guyane n'ont pas exclu que les inconnus ont pu utiliser des armes de guerre. "Ce sont des armes qui ont causé des blessures sévères", a dit Didier Laumont. Les deux militaires et les deux gendarmes touchés étaient en tête du groupe et portaient des gilets pare-balles. D'après lui, les militaires tués ont été touchés sur des parties du corps qui étaient censées être protégées par les gilets.

En janvier dernier à Dorlin, dans les heures précédant la visite de Nicolas Sarkozy en Guyane, des heurts entre bandes armées avaient fait cinq morts avérés - leurs corps ont été retrouvés - et "vraisemblablement un 6e", avait indiqué le parquet sur la base de "témoignages concordants". Le sixième corps aurait été jeté à Dorlin au fond d'un puits clandestin de l'orpaillage et n'en a, depuis, jamais été extirpé.

Le dispositif "Harpie", mis en place en 2008 et faisant suite à l'opération Anaconda, a pour mission d'éradiquer l'orpaillage clandestin et associe le parquet, la gendarmerie, l'armée, la police aux frontières, la douane et l'Office national des Forêts.

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