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Une affaire de "stup" menée par Neyret jugée

Michel Neyret le 17 mai 2011 à l'Hôtel de police de Lyon, au milieu de résine de cannabis saisie par la police judiciaire de Lyon le 13 mai 2011 à Villefontaine[AFP/Archives]

Des peines de dix ans de prison ont été requises lundi à Lyon contre deux hommes arrêtés lors d'une saisie record de drogue en 2010, l'un des plus gros dossiers gérés par Michel Neyret, l'ex-numéro deux de la police judiciaire de la ville incarcéré dans une affaire de corruption présumée.

Le procès devant le tribunal correctionnel se terminera mardi par les plaidoiries de la défense.

Un total de 112 kg d'héroïne et de 54 kg de cocaïne, provenant des Pays-Bas par convois et d'une valeur à la revente de 5,2 millions d'euros, avait été saisi en mars 2010 dans un appartement à Saint-Genis-les-Ollières (Rhône), ainsi que dans des valises transportées par les deux hommes qui en sortaient.

Des métaux précieux, qui servaient de "monnaie d'échange" pour l'achat de la drogue selon le procureur, avaient également été découverts, provenant de plusieurs vols dans l'agglomération lyonnaise, qui s'étaient répétés fin 2009-début 2010.

Les malfaiteurs présumés sont défendus par l'avocat lyonnais David Metaxas, lui-même mis en examen pour recel de violation du secret professionnel dans l'affaire Neyret, ainsi que pour violation du secret de l'instruction dans un dossier distinct.

L'avocat a déclaré à la presse, avant le début du procès lundi matin, qu'il dénonçait la procédure, débutée sur la foi d'un renseignement anonyme, s'interrogeant sur ses conditions d'obtention.

"Il y a une véritable hypocrisie: soit on considère que ce qu'a fait M. Neyret (avec les indicateurs, ndlr) est légal, il ne doit pas être en prison et mes clients seront condamnés lourdement, soit on considère que non et M. Neyret reste en prison mais on libère mes clients", estime Me Metaxas.

Mais le procureur, Hélène Descout, a souligné dans son réquisitoire qu'"aucune demande de vérification" n'avait été faite sur le renseignement anonyme, qui relève d'une "procédure encadrée".

Elle a regretté qu'il n'y ait que deux prévenus dans le box, expliquant que "différents services sont intervenus" dans ce dossier, ce qui a nui aux recherches sur le réseau de trafiquants. Mais "l'organisation de la police judiciaire a été modifiée depuis le changement de direction" à Lyon, d'après elle.

Kamel Boudebouz, 38 ans, et Badredine Haideri, 30 ans, en détention provisoire, sont poursuivis pour participation à une association de malfaiteurs, acquisition, détention, transport, et offre ou cession de stupéfiants, tous deux en récidive.

Le second l'est aussi pour importation de stupéfiants en récidive, sa présence lors de voyages ayant été établie lors de surveillances policières.

Deux autres hommes, qui avaient réussi à prendre la fuite en voiture lors des interpellations, sont soupçonnés d'avoir participé à ce trafic. L'un d'eux, de nationalité algérienne, doit être jugé pour ces faits dans son pays, où il a été arrêté. L'autre a été abattu le 11 mai 2011 à Marseille dans un règlement de comptes ne paraissant pas en lien avec le dossier lyonnais.

Le procès s'était ouvert dans une ambiance tendue, Kamel Boudebouz, qui ne reconnaît pas les faits, répondant a minima aux juges. "Vous allez me mettre une fessée?", a-t-il même demandé au président. Pour sa part, Badredine Haideri a affirmé n'avoir "jamais trafiqué de stupéfiants" mais a reconnu "les voyages".

Deux autres personnes, un homme et une femme sous contrôle judiciaire, qui auraient pour le premier mis à disposition un garage, pour la seconde prêté sa carte d'identité pour l'achat d'un véhicule, comparaissent à leurs côtés pour participation à une association de malfaiteurs.

Le procureur a demandé une peine de deux ans de prison dont 20 mois avec sursis pour l'homme, qui a effectué quatre mois de détention provisoire, et une peine de deux ans de prison avec sursis pour la femme.

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