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Un ticket de loto, 2 gagnants : le juge va trancher

Un pactole d'un million d'euros a brisé une amitié de 35 ans entre deux septuagénaires de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) qui se disputent le partage d'un ticket gagnant du jeu "Amigo", une affaire qui sera tranchée vendredi par le tribunal d'Agen.[AFP/Archives]

Un pactole d'un million d'euros a brisé une amitié de 35 ans entre deux septuagénaires de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) qui se disputent le partage d'un ticket gagnant du jeu "Amigo", une affaire qui sera tranchée vendredi par le tribunal d'Agen.

Le 31 juillet 2011, Messaoud Boudissa, 79 ans est, comme à son habitude, dans le café PMU "L'Ecrevisse" de son ami Cheikh Guendouzi, 73 ans, où il tente sa chance sur les courses hippiques ou, comme ce jour-là, au jeu de hasard "l'Amigo".

Selon le patron du bar, son désormais ex-ami lui demande, "comme souvent", de lui prêter de l'argent pour parier car, dit-il, "il a une petite retraite".

"Un peu en gueulant", M. Guendouzi aurait cédé devant l'insistance de son client, lui lançant : "tiens, voilà 20 euros. Si tu gagnes on partage, si tu perds tu ne me devras que 10 euros".

S'ensuit en direct sur écran le tirage de "l'Amigo" pour lequel M. Boudissa a fait valider le ticket par le patron de l'Ecrevisse.

Selon M. Guendouzi, M. Boudissa se rend compte qu'il a gagné, mais pas qu'il a décroché le pactole.

"On a dû gagner dans les 30 euros, ça va pouvoir nous rembourser", aurait alors dit M. Boudissa que l'AFP n'est pas parvenue à contacter.

En glissant le ticket dans la machine de la Française des jeux M. Guendouzi voit alors apparaître la mention "Gros lot", et une invitation au gagnant à se rendre dans un centre de paiement pour connaître le montant exact remporté.

"Si j'avais été malhonnête, je n'aurais rien dit. Je lui aurais donné les 30 euros et gardé le ticket avec moi", assure-t-il.

Sans effusion particulière dans le bar, M. Boudissa rentre alors chez lui avec le ticket gagnant puis se présente seul, un peu plus tard, au centre de paiement de la FDJ pour découvrir que le ticket d'Amigo valait en fait 1.007.320,56 euros, et empocher la somme pour lui seul.

"Ma famille me reproche de ne pas être allé avec lui au centre de paiement", peste M. Guendouzi, "mais j'avais confiance", raconte-t-il aujourd'hui. "De plus, je ne savais pas si les patrons de café avaient le droit de jouer", dit-il.

S'estimant "trahi", jurant qu'il ne reparlera "jamais" à son ancien ami harki comme lui venu se réfugier en 1963 à Villeneuve-sur-Lot, il engage alors une procédure judiciaire.

Plusieurs témoins présents ce jour-là dans le bar, "de tous sexes et de toutes origines, ont entendu de façon audible le deal" sur le prêt des 20 euros, souligne son avocat Me Daniel Veyssière.

"J'ai gagné tout seul. J'ai pris le ticket, j'ai touché. Personne n'a joué avec moi", s'est défendu M. Boudissa dans les colonnes de la Dépêche du Midi.

Pour Me Veyssière, au contraire, "il y a clairement constitution d'une société en participation. Si M. Guendouzi n'avait pas eu de témoin, il ne servait à rien d'aller devant le tribunal, sa parole seule ne valait rien".

L'avocat de M. Boudissa balaie cet argument d'un revers de main. L'argument de constitution de société en participation "ne tient que s'il s'agit d'une habitude, d'une tradition de jouer ensemble quand chacun met une somme pour un pot commun. Là, ce n'est pas du tout le cas", estime Me Edouard Martial.

Selon lui, "celui qui a le ticket entre les mains est le légitime détenteur des gains, sauf à prouver qu'il y ait un accord préalable entre les différents joueurs".

Le tribunal de grande instance d'Agen, sur la foi des attestations et des arguments déployés à l'audience le 13 mars par les avocats, rendra sa décision vendredi. Pour l'heure, une saisie conservatoire de la moitié de la somme a été opérée sur le compte bancaire de M. Boudissa.

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