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Le Vélodrome en danger, par Pierre Ménès

Pierre Ménès, chroniqueur de Direct Matin.[MERIADECK POUR DIRECT MATIN]

Bien sûr, il y a eu une journée complète de Ligue 1 en ce milieu de semaine. Mais on reste encore sous le choc du navrant spectacle offert par les virages du Stade Vélodrome, dimanche dernier, lors du choc entre Marseille et Lyon (1-1).

 

Avec quelques jours de recul, le sentiment qui pré­domine est celui d’un grand bond en arrière. D’une «ambiance» d’une autre époque. Le retour de Mathieu Valbuena a été l’occasion d’assister à de nombreux moments où l’on a pu se sentir très mal à l’aise. Cette potence avec une poupée à son effigie étant un sommet de haine et de vulgarité. Sur le terrain, on a eu le triste sentiment, bien démodé, qu’il y avait un contrat sur le petit meneur de jeu de l’équipe de France.

La charge de Karim Rekik sur le côté droit n’avait aucun autre but que la méchanceté. Sur le tacle par-derrière de Romain Alessandrini, on oscille entre la maladresse et la bêtise. Sur le plan du jeu, Valbuena a apporté la plus belle des réponses en se montrant le meilleur joueur sur le terrain, avec le Marseillais Lassana Diarra. Il a montré toute sa force de caractère, son courage et son talent. Il mérite beaucoup de respect pour cela.

 

 

On aurait pu se «satisfaire» de ce triste retour. Mais en seconde période, la partie a été interrompue à deux reprises, pour jets de projectiles, bouteilles de bière et fumigènes. La sécurité des joueurs et du public n’était plus assurée. Encore moins celle des supporters lyonnais, l’un d’entre eux ayant été passé à tabac après la rencontre. Il n’y a malheureusement pas grand-chose à ajouter sur les déclarations présidentielles de part et d’autre. Un mélange d’infantilité et d’irresponsabilité. Comment justifier des incidents dans les tribunes par des décisions arbitrables ?

Si l’exemple ne vient pas d’en haut, c’est à désespérer de tout. On attend désormais de connaître les sanctions contre le stade marseillais. Il faut qu’elles soient proportionnées et adaptées à la gravité des incidents. D’autres clubs, à commencer par Bastia, ont déjà pris très cher pour des incidents d’une gravité comparable. Mais, au-delà de cette choquante soirée, c’est un coup terrible porté à la cause des supporters qui vient de se produire. Le bilan de la semaine est lourd : incidents avec des Marseillais en Ligue Europa, jeudi dernier aux Pays-Bas.

Incidents, hors du stade, avec des supporters parisiens à Reims le samedi après-midi. Incidents avec des Bastiais à l’issue de la rencontre Bastia-Nice, alors que les supporters azuréens avaient été interdits de déplacement. «Liberté pour les Ultras», c’est le slogan que l’on retrouve inscrit partout. D’un côté, on a les supporters qui veulent faire à peu près tout ce qu’ils veulent et ne sont pas prêts à lâcher quelque chose sur leur «liberté», et en face on a des forces de l’ordre qui ont un peu autre chose à faire qu’à passer leur week-end autour de stades comme si c’était la guerre, le tout aux frais du contribuable, faut-il le rappeler. Depuis des mois, j’appelle à un Grenelle du supporter.

 

 

Pour que ceux-ci prennent des engagements clairs. Pour que la police leur donne un peu plus de confiance et qu’elle assouplisse également sa position. Mais après une telle semaine, après le spectacle du Vélodrome, que pensez-vous qu’il va se produire ? Rien. On fait marche arrière. Les prochains matchs de l’OM se dérouleront avec une forte présence policière. Les supporters vont pouvoir chouiner qu’ils ne sont pas respectés et leurs libertés encore moins. Mais doit-on attendre des morts, comme ce fut le cas avec le PSG, pour prendre des mesures ? A Paris, il y a le «plan Leproux» vomi pour les fans. Aujourd’hui, beaucoup disent que le Parc des Princes a perdu son âme, son ambiance. Cela est vrai.

Mais beaucoup répondent également qu’ils peuvent désormais se rendre Porte d’Auteuil avec leurs enfants sans avoir la peur au ventre. Et c’est vrai aussi. Dans neuf mois, c’est la France qui va accueillir l’Euro. La pub de dimanche était moche, horrible. Désormais, il faut que tout le monde se reconcentre sur la seule chose qui compte vraiment : le jeu et le plaisir de se rendre au stade. Malheureusement, même moi, je n’y crois pas.

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