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Le Brésil est une poudrière, par Pierre Ménès

Pierre Ménès. [A MEUNIER / ICON SPORT / POUR DIRECTMATIN ]

Pierre Ménès est une figure du paysage footballistique français. Ancien reporter à L’Equipe, cette intarissable grande gueule officie aujourd’hui en qualité d’expert pour le Canal football club. Tout au long de la Coupe du Monde au Brésil, il tient ses chroniques dans les colonnes de Direct Matin.

 

L’histoire de la Coupe du monde est jalonnée de scandales, de doutes et d’interventions politiques plus au moins nauséabondes.

Dans ce domaine, on retiendra, dans l’histoire la plus récente, l’Argentine 1978. Le pays était tenu par la junte militaire du général Videla. Et la compétition fut une vaste farce, tant tout fut fait pour que le pays hôte remporte le trophée. A l’époque, on avait nommé cela la glorieuse certitude du sport.

Rien de tout cela au Brésil, évidemment. On espérait une fête totale dans le pays du football. On espérait même que la construction de nouveaux sta­des donnerait un nouvel élan, tant les anciennes enceintes étaient vétustes et dangereuses.

Mais rien ne s’est passé comme prévu, rien n’est prêt et surtout la construction de douze nouveaux stades, bien plus que n’en demandait la Fifa, a coûté une fortune à un pays où l’écart entre les riches et les pauvres est toujours aussi abyssal. Pas d’école, pas de routes, pas d’hôpitaux. Juste des stades. Et malgré tout l’amour du peuple brésilien pour le football, ça ne suffit pas.

C’est dans des conditions plus qu’étranges que le Mondial a commencé hier. Pour la Seleçao, la pression, qui était déjà énorme de façon, dirons-nous, basique, devient hors de propos, folle et dangereuse. On ne demande même plus à Neymar et ses copains de gagner pour l’honneur du quintuple champion du monde, on leur demande de mettre un couvercle de joie sur une situation sociale sulfureuse. 

Le pays est miné par les grèves, les manifestations et les interventions policières démesurément musclées.

Tout le monde s’accorde à dire que tant que le Brésil sera en course, tout tiendra à peu près le choc. Mais une élimination prématurée risquerait fort de faire tout exploser. Une fois de plus, le football est donc l’otage de la politique ou plus exactement de l’utilisation que ces fameux politiques font de lui.

On suivra donc tout ça avec autant d’inquiétude que d’attention. En espérant que la joie et la qualité du tournoi donneront du plaisir à tout le monde, même à ceux qu’on a scandaleusement laissé de côté. 

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