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Crimes contre l’humanité au Rwanda : Philippe Manier, naturalisé français, jugé pour sa participation aux massacres des Tutsi

Des cranes de victimes du génocide Tutsi sont conservés au mémorial de Kibuye. [Simon Wohlfahrt / AFP]

Philippe Manier, naturalisé français originaire du Rwanda, est jugé à partir de mercredi 10 mai à Paris pour génocide et crimes contre l’humanité. Il est accusé d’avoir tué des dizaines de Tutsi.

Un bourreau face à la justice française ? L’ancien gendarme rwandais Philippe Hategekimana, naturalisé français en 2005 sous le patronyme Philippe Manier, comparaît devant la cour d’assises de Paris à partir de ce mercredi et jusqu’à la fin juin pour ses actes lors du génocide ayant fait plus de 800.000 morts au Rwanda, en 1994.

Il est officiellement poursuivi pour «génocide, crimes contre l’humanité et participation à une entente (en vue de préparer ces crimes)», a rappelé l’AFP.

Massacre de 300 civils, assassinat d'une religieuse...

Alors que quarante parties civiles se sont déclarées, dont des rescapés des massacres et des proches de victimes, il lui est reproché dans le détail d’avoir tué le bourgmestre de la commune de Ntyazo, Narcisse Nyagasaka, connu pour refuser d’assassiner les Tutsi de son village. Il aurait aussi participé à «l’attaque et au massacre» de 300 civils qui s’étaient réfugiés sur la colline de Nyamugari, épisode au cours duquel un millier de personnes ont été abattus. Il est également accusé du meurtre de la religieuse Maman Augustine.

De par son grade d’adjudant-chef de la gendarmerie, il était un «acteur, coauteur et complice du génocide», ont pointé les plaignants, et a participé «activement (à) l’organisation des exterminations à Nyanza et dans les villages alentour». Il aurait également ordonné l’installation de barrages routiers pour détecter et assassiner les civils tutsi.

Un autre procès lié au génocide du Rwanda fin 2023

Philippe Manier conteste toujours ces accusations. Alors qu’il avait usé d’une fausse identité pour arriver en France en 1999 et obtenir un statut de réfugié, il avait été naturalisé en 2005. Il vivait autour de Rennes et travaillait comme agent de sécurité. En 2017, il avait fui la France pour aller au Cameroun, alors que les médias avaient dévoilé qu’il était visé par une plainte du Collectif des Parties civiles pour le Rwanda. Il avait été arrêté quelques mois après et extradé un an plus tard, pour être mis en examen en 2019. Il est depuis en détention provisoire.

Philippe Manier est le cinquième accusé à être renvoyé devant les assises en France, pour des crimes commis lors du génocide rwandais. Un deuxième procès est programmé en 2023, concernant Sosthène Munyemana, médecin qui avait rejoint l’Hexagone dès 1994.

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