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Balcon effondré à Angers : les constructeurs entendus lors du procès qui s'ouvre ce mercredi

Le soir du 15 octobre 2016, quatre personnes sont mortes dans l'effondrement d'un balcon au 4e étage de la résidence Le Surcouf, située dans le centre-ville d'Angers. [JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP]

Pour Lou, Antoine, Benjamin et Baptiste, cette soirée du 15 octobre 2016 a été la dernière. Venus célébrer une pendaison de crémaillère à Angers (Maine-et-Loire), les quatre étudiants ont perdu la vie dans l'effondrement d'un balcon. Cette affaire est au coeur du procès s'ouvrant ce mercredi 9 février, devant le tribunal correctionnel. Les constructeurs du balcon doivent notamment être entendus.

Car, selon tous les témoignages, les victimes faisaient la fête calmement au moment du drame. Ils étaient 18, âgés d'une vingtaine d'années, à fumer et discuter sur le balcon lorsque celui-ci s'est effondré. L'énorme bloc de béton a chuté de 8 mètres, entraînant les deux balcons des étages inférieurs, avant d'atterrir dans la cour intérieure.

Les corps de Lou, 18 ans, Antoine, 21 ans, Benjamin, 23 ans et Baptiste, 25 ans avaient été retrouvés parmi un amas de décombres de près de 2 mètres de haut. Les quatorze autres victimes avaient quant à elles été hospitalisées pour des blessures multiples.

L'enquête s'était très vite orientée vers les défauts de construction du balcon, qui aurait dû être en mesure de supporter le poids de 35 personnes. Parmi les blessés, un ancien locataire de l'appartement avait d'ailleurs écrit, dans son état des lieux d'entrée, en février 2015 : «balcon fissuré et très instable : danger ???». Auprès des enquêteurs, il avait expliqué que le balcon vibrait «lorsqu'on bougeait un peu trop dessus».

L'expertise judiciaire a relevé de nombreuses malfaçons datant de la construction de l'immeuble, en 1997-1998. La mauvaise position des aciers porteurs avait créé une faiblesse grave de la structure, le béton était de mauvaise qualité, la reprise de bétonnage non-conforme et le système d'évacuation des eaux n'avait pas été réalisé. Sans compter que les dalles des balcons, qui devaient être préfabriquées, ont finalement été coulées sur place, sans que de nouveaux plans soient réalisés.

«L'économie au détriment de la sécurité»

L'avocat des parties civiles, Me Marc Morin, dénonce ainsi «un cumul de négligences incroyable». Il estime être engagé dans «le procès des constructeurs qui travaillent à l'économie, au détriment de la sécurité». Pourtant, si les malfaçons ne font pas de doute, les prévenus, maçons, architectes et contrôleur technique, refusent pour la plupart d'en assumer la responsabilité.

Seul le constructeur de travaux, âgé de 53 ans, a reconnu que le changement de mode de construction des balcons avait été décidé pour permettre un gain de temps de 14 semaines sur le chantier. Me Laurence Couvreux, avocate des parties civiles, est ainsi convaincue que «ces entreprises [...] n'ont pensé qu'à leur bénéfice».

Mais Patrick Bonnel, dirigeant de l'entreprise de gros oeuvre, se défend de tout «calcul économique cynique qui aurait consisté à délibérément faire des choix de la moindre qualité au risque de la sécurité des gens». Evoquant un accident aux «causes pluri-factorielles», son avocat, Me Pascal Rouiller, l'assure : «Si on veut imaginer un grand responsable de ce drame, on ne le trouvera pas».

En sa qualité de maître d'oeuvre, l'architecte Frédéric Rolland est de son côté poursuivi pour son contrôle déficient du chantier. En charge de sa défense, Me Patrick Descamps conteste la «responsabilité pénale» de son client qui, occupé par la création d'un cabinet à Shanghai à l'époque, n'est selon lui «pas intervenu personnellement dans le projet du Surcouf».

Le chef de chantier, 63 ans, et le représentant du bureau de vérification Apave, 84 ans, sont eux aussi attendus à la barre, pour s'expliquer. Le tribunal aura jusqu'au 4 mars pour déterminer la part de responsabilité de chacun.

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