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Inondations, mégafeux... Vers la création d’une «Europe des sapeurs-pompiers» face aux événements extrêmes

900.000 hectares de terres ont brûlé en 2022 dans l'Union européenne. [©Alkis KONSTANDINIDIS/REUTERS]

Face au dérèglement climatique et notamment à la multiplication des immenses feux de forêt, les sapeurs-pompiers européens ont posé les bases d’une alliance à 18 pays pour travailler main dans la main afin de lutter contre ces phénomènes extrêmes qui gagnent du terrain.

Un pour tous, tous pour un. Ce mardi 9 avril, à Paris, les représentants des sapeurs-pompiers de 18 pays de l'Union européenne se sont réunis afin de poser les bases d’une future coopération pour lutter contre les phénomènes climatiques extrêmes, comme les inondations ou les grands feux de forêts, qui frappent le territoire européen de plus en plus régulièrement. Ces derniers auront désormais une représentation permanente à Bruxelles afin de coordonner les opérations. 

Ces dernières années, de nombreux événements climatiques extrêmes, à l’image des mégafeux en France, en Espagne ou en Grèce, ont ravagé l’Europe pendant plusieurs mois, obligeant les sapeurs-pompiers nationaux à travailler dans des conditions très difficiles.

L’enjeu de cette coopération est donc de faire en sorte que les pays en première ligne et les plus expérimentés dans la gestion de ces phénomènes puissent partager leur savoir-faire, pour que tous soient en capacité de s'entraider plus efficacement en cas de besoin.

«l’Europe des sapeurs-pompiers»

En clair, l’idée est de créer «l’Europe des sapeurs-pompiers», résume Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF). «La problématique de ce dérèglement climatique, c'est la répétition des événements d'ampleur, qui nous oblige à mettre beaucoup plus de personnel sur le terrain et travailler tous ensemble», a-t-il précisé. Les feux de forêts par exemple, dans une Union européenne où 900.000 hectares de terres ont brûlé en 2022, «ne sont plus réservés aux pays du sud de l'Europe, comme la France, l'Italie, la Grèce». «Avec le dérèglement climatique, l'ensemble de l'Europe va être touchée. Donc on doit anticiper», a-t-il ajouté. 

«On a des feux d'une intensité qu'on ne connaissait que dans le bassin méditerranéen», a abondé pendant ce sommet le président de l'association allemande des sapeurs-pompiers, Karl-Heinz Banse. Lors de grandes inondations, les débordements du Rhin ou du Danube finissent «par concerner tous les pays le long de ces fleuves, qui risquent d'être dépassés avec leurs seuls moyens nationaux», a-t-il ajouté. «On doit travailler ensemble parce que nous faisons face aux mêmes risques», d'autant que certains pays sont «démunis» face à des phénomènes nouveaux pour les pays du nord de l'Europe, a poursuivi l'Allemand. 

coordonner les opérations et unifier les protocoles

Selon les représentants des sapeurs-pompiers, l'enjeu principal de cette alliance est donc de mutualiser les compétences, et d'unifier les protocoles pour que les pompiers italiens, français ou grecs soient en mesure de participer aux opérations d'urgence de leurs voisins, voire de les coordonner. Pour l'heure, même si l'entraide européenne se généralise, l'efficacité n'est pas toujours au rendez-vous. Lors des feux en Gironde, en 2022, les pompiers français ont remarqué chez les renforts «une méconnaissance de l'organisation et de certaines techniques», a rappelé Jean-Paul Bosland.

«En France, on a de l'expérience sur les feux de forêts. On attaque les feux naissants avec des troupes au sol alliées à des moyens aériens, pour bloquer le feu avant qu'il n'atteigne quatre hectares. L'idée c'est d'acculturer l'ensemble des pays à cette technique française, et prendre d'autres techniques dans d'autres pays, par exemple sur les inondations», a expliqué le patron de la FNSPF.

S'adapter au changement climatique passera aussi par «apprendre à lutter avec moins d'eau» et tirer profit de la technologie, par exemple en utilisant des drones dédiés à la surveillance des massifs forestiers», a pour sa part anticipé le sapeur-pompier Jean-Marc Bedogni, directeur général de l'Entente pour la protection de la forêt méditerranéenne. «Il faut considérer l'action contre les feux d'espaces naturels comme une priorité écologique», a-t-il réclamé, rappelant les projections des experts du Giec : une augmentation de 80% des surfaces ravagées d'ici à 2050. 

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