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Tuvalu menacé par la montée des eaux : l'Australie offre l'asile climatique aux habitants

Funafuti, la capitale de Tuvalu est très menacée par la montée des eaux. Environ 40% de sa surface est engloutie lors des grandes marées exceptionnelles. [REUTERS]

Si aucune action n’est mise en place, Tuvalu pourrait être l’un des premiers pays submergés par la montée du niveau de la mer en raison du changement climatique. Dans un communiqué publié par le Premier ministre australien, Anthony Albanese, et son homologue de Tuvalu, Kausea Natano , l’Australie annonce des droits «spéciaux» à la population de l’archipel pour s’installer et travailler sur son territoire.

L'asile climatique deviendra-t-il un nouveau droit face aux menaces liées aux changements environnementaux ? L'Australie semble y croire et fait un premier geste en ce sens. «Nous croyons que le peuple de Tuvalu mérite d'avoir le choix de vivre, étudier et travailler ailleurs, alors que le changement climatique empire», ont déclaré les autorités dans un communiqué conjoint. Le traité prévoit également pour les arrivants des volets consacrés à la défense, engageant l'Australie à venir en aide à Tuvalu en cas d'invasion ou de catastrophe naturelle. Les habitants de Tuvalu pourront ainsi bénéficier d'un «accès aux services australiens qui leur permettront une mobilité dans la dignité», selon le texte.

Le petit archipel du Pacifique et ses 11.000 habitants sont très menacés par les effets du changement climatique. Sur les onze étoiles qui composent son drapeau (qui représentent les îles de Tuvalu), deux ont déjà été englouties par l’océan. L’urgence est telle que si rien n’est fait rapidement, Tuvalu risque d’être inhabitable d’ici 2100.

Quelles solutions ?

Le traité dévoilé veut aussi permettre aux Tuvalais de «conserver les liens ancestraux profonds» qui les unissent à leur terre et à la mer. Le gouvernement a également lancé un projet d'adaptation côtier pour récupérer 3,8km de terres avalées par l'océan et à surélever les zones les plus vulnérables. Ce plan bénéficie d’une aide extérieure de 36 millions de dollars et est financé à hauteur de 2,9 millions par Tuvalu.

Un programme insuffisant pour Kausea Natano. «Nous avons besoin de plus d'actions, plus vite, de la part de qui que ce soit en position de nous aider, de façon urgente», a-t-il insisté. Le Premier ministre déplore que sa portée limitée ne puisse pas aider tous ses concitoyens. C’est pour cela que les Etats insulaires menacés par la montée des eaux réclament une taxe mondiale sur les énergies fossiles et la mise en place d'un fonds destiné à compenser les «pertes et dommages» des pays en développement.

Seul le principe d'un tel fonds, qui serait financé par les pays riches, a pour l'instant été accepté lors de la COP27 en Egypte fin 2022. «C'est une question de vie et de mort, une question de disparition de la surface de la Terre», a déclaré Kausea Natano.

Des ambitions commerciales ?

La dépendance commerciale de l'Australie au charbon et aux exports de gaz, des postes économiques polluants, sont depuis longtemps une pierre d'achoppement avec ses voisins du Pacifique, qui subissent déjà de plein fouet les conséquences du changement climatique, dont la montée des eaux et une météo plus extrême.

Ce traité peut être perçu comme une victoire stratégique pour Canberra, qui entend étendre son influence dans l'océan face à la présence grandissante de la Chine. Kiribati et les îles Salomon se sont par exemple tournés vers Pékin ces dernières années. Tuvalu y reste opposé en continuant de reconnaître diplomatiquement Taïwan. M. Natano a affirmé que le traité représente un «espoir» et un «grand pas en avant» pour la stabilité régionale. Le texte attend encore d’être ratifié par les deux pays pour devenir effectif. 

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