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COP15 : la question de la création d'un fonds pour financer la biodiversité crispe les négociations

Les pays ont jusqu'au 19 décembre pour lever ces points de blocage majeurs et parvenir à l'accord de la décennie, crucial pour l'avenir de la planète. [ANDREJ IVANOV / AFP]

Les ministres du monde entier ont entamé ce jeudi leurs discussions à Montréal pour sortir de l’impasse les négociations de la COP15 sur la biodiversité visant à sceller un nouvel accord mondial. Parmi les points de blocage, la question de la création d'un fonds pour financer la biodiversité divise les discussions entre les pays riches et ceux du Sud.

Un point névralgique des négociations de la COP15 sur la biodiversité. Avant de s'engager sur des cibles ambitieuses, notamment 30% de zones protégées en 2030, les pays du Sud ont demandé des garanties sur les moyens financiers qui leur seront donnés pour parvenir à ces objectifs. Mais l'annonce, par une poignée de pays riches d'un rehaussement de leur soutien financier pour la biodiversité a détendu l'atmosphère.

En effet, la question financière qui crispe les discussions a connu une avancée ce jeudi après que l'Australie, le Japon, les Pays-Bas, la Norvège, l'Espagne et les Etats-Unis ont tous annoncé une augmentation de leurs engagements. «Ce pas en avant est extrêmement important», a déclaré à l'AFP le commissaire européen chargé de l'environnement, Virginijus Sinkevicius.

Ces six pays ont rejoint les efforts déjà annoncés de l'Allemagne, de la France, de l'Union européenne, du Royaume-Uni et du Canada. «Ces nouvelles annonces et le rappel des engagements existants sont un bon signal de la volonté politique dont Montréal a tant besoin», s'est félicité Claire Blanchard de l'ONG WWF International. Mais il n'est toutefois pas certain que les nouvelles promesses suffiront à satisfaire les pays du Sud, qui abritent la majeure partie de la biodiversité restante de la planète.

Dans une lettre aux négociateurs, les équipes de Luiz Inacio Lula da Silva, futur président du Brésil, se sont inquiétées de «l'impasse actuelle des négociations». «Sans ressources financières à la hauteur du niveau d'ambition des objectifs, il ne sera pas possible de mettre en œuvre le nouveau cadre», a estimé la future administration de cette puissance agricole, gardienne de l'Amazonie.

Une bataille entre Nord et Sud loin d'être terminée

Poids lourds du sommet, le Brésil réclame, aux côtés de l'Inde, de l'Indonésie et des pays d'Afrique, entre autres, au moins «100 milliards de dollars par an» de subventions de la part des pays riches pour financer les objectifs ambitieux de l'accord en jeu. Soit environ dix fois les transferts du Nord vers le Sud. Et autant que ceux promis pour la lutte contre le réchauffement climatique.

«Que le Nord pense faire une faveur au Sud en lui donnant de l'argent est une idée assez condescendante», a déclaré à l'AFP Joseph Onoja de la Nigerian Conservation Foundation. Et puis les montants discutés restent toutefois loin des besoins. Mais «on ne peut pas avoir que 11 pays qui s'engagent dans un contexte où beaucoup de pays ont les moyens financiers de participer», a noté le ministre français Christophe Béchu, preuve que la bataille des chiffres est loin d'être terminée.

Selon plusieurs observateurs, un certain nombre de pays du Sud se montraient toutefois jeudi prêt à renoncer à leur demande de création d'un fonds mondial dédié à la biodiversité, en échange d'une réforme du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et des flux financiers existants - privés, philanthropiques ou multilatéraux.

Cependant, les pays ont jusqu'au 19 décembre pour lever ces points de blocage majeurs et parvenir à l'accord de la décennie, crucial pour l'avenir de la planète. Dans ce nouvel accord-cadre doit figurer plus d'une vingtaine d'objectifs à remplir d'ici à 2030, dont la protection de 30% des terres et des mers, la réduction de moitié des pesticides et la restauration des millions d'hectares de sols dégradés...

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