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Promenade à Ninfa, le "jardin le plus romantique du monde"

Vue prise le 18 mai 2013 du jardin de Ninfa, situé à 60 km au sud de Rome [Laurent Kalfala / AFP/Archives] Vue prise le 18 mai 2013 du jardin de Ninfa, situé à 60 km au sud de Rome [Laurent Kalfala / AFP/Archives]

Plantes rares, ruines empreintes de mystère, murmures de cascades, pépiement des oiseaux, Ninfa, jardin à l'anglaise à 60 km au sud de Rome, est une invitation à une promenade idyllique dans l'espace et le temps.

Le temps parce que la création du jardin décrit comme "le plus romantique du monde" remonte à la fin du XIXe siècle quand la famille Caetani reprend en main des terres abandonnées depuis des siècles dont Ninfa, ancienne ville relais située sur la voie Appienne et détruite en 1382.

L'espace parce que la ballade longe une rivière transparente au fond de laquelle ondulent des herbes aquatiques et frétillent des truites, puis côtoie les restes d'un pont romain avant de s'attarder dans une ancienne douane. Ninfa renferme tel un écrin les ruines de 150 maisons et 7 églises.

"Il y a eu une horrible guerre civile ici, tout le monde était contre les Caetani car Ninfa était riche en eau. Plus de 2.000 personnes y vivaient. Il y avait des moulins, des oliviers, on travaillait le cuir, le fer", raconte avec un brin de nostalgie Lauro Marchetti, directeur de la fondation Roffredo Caetani.

Les Caetani, sous l'influence d'Ada, une Britannique qui transmettra sa passion du jardinage à ses fils Gelasio et Roffredo, débroussaillent, bonifient les marécages et plantent les premiers cyprès, hêtres et autres grands arbres, au milieu des ruines du vieux village.

 

Plus qu'un jardin, un cheminement culturel

Mais c'est dans les années 20 que Ninfa devient vraiment un jardin où Marguerite Chapin, une Américaine de Nouvelle Angleterre, épouse de Roffredo, plante des roses, des iris, des pivoines et un exotique bois de bambous.

"Ninfa n'est pas qu'un jardin, c'est le résultat d'un long cheminement culturel. Roffredo était musicien avec pour parrain Franz Liszt. Quand il a imaginé les ruisseaux, étangs et cascades, son idée était de créer de la musique. Dans la zone dite des rossignols, la nuit, entre le chant des oiseaux et l'eau, c'est un vrai concert", explique à l'AFP M. Marchetti.

Ce jardin proche de Latina a été source d'inspiration pour de nombreux poètes et écrivains, membres des cercles littéraires que Marguerite avait créés entre les années 40 et 60 à Paris puis à Rome, parmi lesquels Virginia Woolf, Tennessee Williams, Truman Capote, Karen Blixen, Thomas Elliott et les Italiens Alberto Moravia et Pier Paolo Pasolini.

Vue prise le 18 mai 2013 du jardin de Ninfa, situé à 60 km au sud de Rome [Laurent Kalfala / AFP/Archives]
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Vue prise le 18 mai 2013 du jardin de Ninfa, situé à 60 km au sud de Rome
 

Sous la voûte arquée de l'ex-douane illuminée des reflets changeants de l'eau, Giorgio Bassani a écrit son fameux roman "Le Jardin des Finzi-Contini". "Peu avant sa mort, il est revenu ici, très malade, et m'a dit dans un grand soupir: +maintenant je peux mourir+", explique Lauro Marchetti.

Cette atmosphère d'érudition imprègne le visiteur émerveillé par la disposition savante mais naturelle des plantes et fleurs venus du monde entier (1.300 espèces différentes): gunnère du Brésil (rhubarbe géante), parrotie de Perse (arbre de fer), cèdre de l'Atlas, bananiers, rosiers grimpants dont un de 21 mètres de long accroché à un cyprès, érables japonais, tulipier d'Amérique.

La lisière de plantes herbacées pérennes (coquelicots et autres euphorbes, coréopsis ou verveines), en fleurs d'avril à novembre, fut créée par Lelia, peintre impressionniste et dernière descendante de la famille Caetani, qui a confié à la fondation la dure mission de veiller sur Ninfa et sauvegarder ses principes: pas de traitements chimiques, seulement du biologique grâce à la présence d'"insectes utiles" et d'"oiseaux insectivores".

 

Un lieu protégé

"Ce jardin est l'une des gloires de l'Italie, il est très bien entretenu, c'est une vraie symphonie entre la nature et la capacité de l'homme à cultiver un endroit pareil", commente l'ambassadeur irlandais à Rome, Patrick Hennessy, venu en visite.

Son collègue australien David Ritchie y revient régulièrement: "j'adore m'asseoir, écouter les oiseaux chanter, le bruit des cascades. C'est tellement romantique avec l'eau, les roses, les ruines".

Pour préserver la splendeur de Ninfa, seules des visites guidées en groupe sont prévues, quelques jours par mois entre fin mars et novembre.

"Il faut assurer la tranquillité des oiseaux et des papillons. Je me souviendrai toujours du 1er mai, 3.972 visiteurs, un record, sachant que chaque année on arrive à 55.000 visiteurs", s'exclame Lauro Marchetti, en soulignant que cette affluence qui "suffit à payer cinq jardiniers et nos salaires" est le fruit uniquement du "bouche à oreille". Pas question que "Ninfa devienne un lieu commercial, jonché de canettes, de sachets en plastique ou de cigarettes..."

 

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