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Espèces inconnues : une expédition naturaliste en Nouvelle-Guinée

La galerie de paléontologie au Museum national d'Histoire naturelle de Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives] La galerie de paléontologie au Museum national d'Histoire naturelle de Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]

Combien d'espèces y a-t-il sur Terre? Comment préserver celles qu'on ne connaît pas? Des scientifiques du monde entier vont explorer durant trois mois la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour tenter d'y répondre.

"Nous sommes la première génération à avoir pris conscience d'un fait majeur: voilà des siècles que les hommes sillonnent le monde et paradoxalement, seules deux millions des dix, vingt ou peut-être trente millions d'espèces existantes nous sont connues", résume le directeur général du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN), Thomas Grenon.

"Près de la moitié de ces espèces seront probablement éteintes d'ici 2100", souligne-t-il en présentant à la presse le troisième volet de "La Planète revisitée", programme d'expéditions naturalistes débuté en 2006 avec l'île d'Espiritu Santo dans l'archipel de Vanuatu, puis le Mozambique et Madagascar en 2009/2010.

Cette fois-ci, le Muséum, l'ONG Pro-Natura International et l'Institut de recherche pour le développement (IRD) envoient leurs experts en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un des principaux "points chauds" de la biodiversité mais aussi l'un des plus mal connus.

"Avec Bornéo, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l'un des seuls endroits au monde où l'on trouve une telle accumulation d'espèces, à la fois sur terre et dans les mers", assure Philippe Bouchet (MNHN), responsable du volet marin de la mission.

A partir d'octobre, quelque 200 personnes d'une vingtaine de nationalités différentes (scientifiques, techniciens, artistes, assistants locaux, etc.) vont passer au peigne fin le nord-est de la Nouvelle-Guinée, des profondeurs de la mer de Bismarck par 1.200 m de fond jusqu'aux pentes du Mont Wilhelm à 3.800 m d'altitude, en passant par les récifs du "Triangle de Corail" et les forêts côtières.

Boue et godillots

Invertébrés marins et terrestres, plantes, champignons, algues: la moisson d'espèces totalement inconnues et souvent négligées par la science est déjà assurée. Mais cette phase de récolte intensive - "boue et godillots" plaisante Olivier Pascal (Pro-Natura International), qui dirige le volet terrestre - n'est qu'une première étape.

"Cette biodiversité négligée est composée essentiellement d'espèces cryptiques. La collecte se fait principalement à l'aveugle et derrière on monte une +usine de tri+" avec des rangées de scientifiques passant au crible les échantillons derrière leur microscope, explique Philippe Bouchet.

"Décrire la biodiversité, c'est très compliqué. On ne peut pas simplement faire un catalogue d'espèces, il faut mettre en relation ces espèces entre elles et avec leur environnement, c'est une vraie aventure" qui dépasse largement les trois mois d'expédition de terrain, s'enthousiasme Gilles Boeuf, président du Muséum.

Les spécimens récoltés nécessitent des années, voire des décennies, d'analyses et de comparaisons par des spécialistes de telle ou telle espèce.

La première, sur l'île d'Espiritu Santo, a déjà donné lieu à 117 publications de recherche et surtout à la description de 103 nouvelles espèces. Principalement des insectes (35), des crustacés (26) et des mollusques (22) mais aussi, beaucoup plus rares, sept vertébrés, dont un gecko découvert seulement après avoir fait éclore en terrarium un oeuf inconnu rapporté des Vanuatu.

Depuis 2009, les forêts sèches de la côte nord du Mozambique, jusqu'alors jamais explorées par des scientifiques, ont déjà livré 28 nouvelles espèces de plantes.

L'expédition en Nouvelle-Guinée peut être suivie à distance sur le site http://laplaneterevisitee.org qui abrite son "journal de bord" et un important volet pédagogique pour initier les élèves à la biodiversité et à la science participative.

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