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Matignon contre l'écotaxe régionale

Un camion passant sous un portique écotaxe. Le réseau routier français reste équipé partiellement de ces dispositifs malgré l’enterrement de la "taxe poids lourds", en octobre 2014. [Photo d'illustration / Frank Perry / AFP / Archives]

Matignon a coupé court mardi 11 août aux velléités d'élus locaux de mettre en place une écotaxe au niveau régional, dans le Nord-Pas-de-Calais notamment, suscitant des réactions d'hostilité voire d'incompréhension.

 

"Le gouvernement n'envisage pas du tout d'ouvrir la possibilité" d'une écotaxe au niveau des régions, a affirmé Matignon à l'AFP.

Exit donc l'idée lancée lundi par Frédéric Cuvillier, député-maire PS de Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais), avec laquelle la tête de liste PS aux régionales pour le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Pierre de Saintignon, s'est dit mardi "d'accord".

"J’ai plaidé dès l'an dernier pour que le principe de l’écotaxe (...) puisse renaître dans les régions", avait expliqué l'ancien ministre des Transports, souhaitant s'inspirer du système belge baptisé "Viapass".

Dans la foulée, Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et tête de liste PS pour les régionales en IDF, s’était également déclaré "favorable" à la mise en place d’une telle taxe en Ile-de-France.

Sollicités mardi par l'AFP sur la mise au point de Matignon, MM. Cuvillier et Bartolone se sont refusés à réagir.

L'écotaxe avait été abandonnée en octobre 2014 et le gouvernement avait signé en décembre un accord sur le dédommagement du consortium Ecomouv', chargé de collecter cette taxe écologique sur les poids lourds.

Mais mi-juin, la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, avait laissé ouverte la possibilité pour certaines régions de mettre en place une écotaxe pour les poids lourds en transit. "Je pense que c'est une bonne idée, non seulement pour la région Ile-de-France mais également pour d'autres régions, par exemple comme la région Alsace".

D'ailleurs, lors d'un déplacement à Metz en novembre, François Hollande avait proposé qu'une "expérimentation" de l'écotaxe en Alsace-Lorraine soit "envisagée, si les élus en décident et si elle est compatible avec nos engagements européens". "Je sais ce que supportent ces deux régions avec le trafic poids lourds en provenance de l'étranger".

 

"Pas de pilote dans cette affaire"

Mais pour Matignon, depuis la liquidation du dispositif, "il n'y a plus de sujet d'écotaxe, et il n'y pas lieu de le faire rebondir". "Entre le moment où l'écotaxe a été suspendue et le moment où on a liquidé le dispositif, il y a eu tout un temps de réflexion sur les alternatives, dont celle-là, mais maintenant, on en n'est plus là".

"On a le sentiment qu'il n'y a pas de pilote dans cette affaire : est-ce que c'est Ségolène Royal, François Hollande ou Matignon ?" a réagi Eric Straumann, député LR du Haut-Rhin et président du département, interrogé par l'AFP. Lui est partisan d'une écotaxe au niveau de l'Alsace pour faire face à l'afflux des camions étrangers dans la région pour éviter de payer la taxe poids-lourds allemande (Maut), mise en place en 2005.

Selon lui, "les élections régionales et présidentielles approchent, ils (le gouvernement) ne veulent surtout pas faire de vagues", a-t-il estimé.

"Le refus de Matignon d'examiner le principe de cette taxe transit, va (...) à l'encontre des propos tenus à Metz par le Président de la République", a regretté Jean-Luc Bohl, président UDI de Metz Métropole, dans un communiqué.

"Belle erreur de ne pas écouter les régions et les élus qui demandent une écotaxe régionale", a regretté Emmanuelle Cosse, numéro un d'Europe Ecologie-les-Verts sur Twitter.

Jean-Pierre Masseret, président PS de la région Lorraine, a demandé "des éclaircissements sur la position de Matignon, parce qu'on n'est pas dans une démocratie du Circulez, il n'y a rien à voir".

En revanche, Xavier Bertrand, tête de liste (LR) dans le Nord Pas de Calais/Picardie, juge que l'instauration d'une telle taxe dans cette région serait "une folie, qui pourrait vraiment tuer le transport routier".

Le Parti de gauche est lui "très sceptique sur tout système qui équivaut à développer des inégalités ou des règles différentes selon la région".

Le Front national y serait favorable, mais uniquement "sur les camions étrangers, pas sur les camions français", selon Florian Philippot, vice-président.

Le gouvernement doit encore dire quel dispositif il mettra en place à partir de 2016 pour remplacer les recettes de l'écotaxe. Deux possibilités sont envisagées : une vignette, ou une pérennisation du dispositif mis en place pour 2015, l'extension aux poids-lourds de la hausse de quatre centimes par litre de la taxe sur le gazole. La décision sera prise lors des discussions sur la Loi de finance 2016, selon Matignon.

 

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