En direct
A suivre

Le retour en grâce de la fracturation hydraulique ?

Une exploitation de gaz de schiste en Pologne le 27 avril 2011 [Janek Skarzynski / AFP/Archives]

Depuis 2011, la question de l'exploitation du gaz de schiste empoisonne et divise la classe politique. Un rapport parlementaire publié ce jeudi 6 juin relance la polémique en défendant une exploitation "maîtrisée" de cette ressource.

C'est ce qu'on appelle "jeter un pavé dans la mare". Deux parlementaires, le député PS Christian Bataille et le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir ont publié jeudi un rapport d'étape qui défend l'exploration et l'exploitation de cette ressource énergétique dont le sous-sol français regorgerait.

Un point de vue en contradiction totale avec la position arrêtée par le gouvernement et notamment Delphine Batho, la ministre de l'Ecologie, qui souhaite privilégier le recours aux énergies renouvelables à l'instar du solaire et de l'éolien.

 

La technique la plus efficace et la mieux maîtrisée

En cause, la fameuse "fracturation hydraulique" aux conséquences écologiques mal connues mais présentées comme désastreuses. Chargés par leurs pairs d'étudier les "techniques alternatives" à cette fracturation, les deux parlementaires écrivent ainsi que "la fracturation hydraulique reste la technique la plus efficace et la mieux maîtrisée pour extraire les hydrocarbures non conventionnels, et (...) des solutions existent pour le faire avec un impact acceptable sur l'environnement, à condition de respecter quelques règles".

 

A l'appui de leur démonstration, Christian Bataille et Jean-Claude Lenoir expliquent que la fracturation hydraulique a déjà été utilisée "à au moins 45 reprises" entre les années 80 et 2011, date de son interdiction. Et selon eux, "sans qu'aucun dommage n'ait été signalé".

Plus loin, les deux parlementaires qui n'ont jamais fait mystère de leurs faveurs à l'exploitation du gaz de schiste, estiment que "la France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux de la filière, pour créer une filière de fracturation propre".

 

Pour des forages expérimentaux

Aussi, les deux élus ont émis des recommandations visant à évaluer les ressources françaises en gaz et en pétrole de schiste, via d'éventuels forages expérimentaux faisant appel à la fracturation hydraulique, ou qui pourraient également servir à tester des techniques alternatives.

Parmi leurs autres pistes, ils proposent d'utiliser les retombées éventuelles de ces hydrocarbures non conventionnels pour financer la transition énergétique prônée par le gouvernement, et d'inciter localement à exploiter ces ressources en partageant les retombées avec les collectivités et les propriétaires des terrains concernés.

 

Un sujet de discorde

Le gaz de schiste divise la classe politique toute entière. En 2011, le gouvernement Fillon avait interdit la fracturation hydraulique sous la pression écologiste et populaire.

Mais le dossier revient régulièrement sur le devant de la scène. Le mois dernier, Laurence Parisot, la présidente du Medef, en a fait un cheval de bataille, estimant que cette ressource pouvait à elle seule "relancer l'économie française".

Delphine Batho, au contraire, a réaffirmé la semaine dernière que le recours à cette énergie fossile qui se développe à grande vitesse aux Etats-Unis, n'est "ni possible, ni souhaitable" en France.

Quant à François Hollande, il avait lui réaffirmé fin 2012 l'interdiction de la fracturation hydraulique tout en assurant qu'il prendrait ses responsabilités si une nouvelle technique respectueuse de l'environnement apparaissait.

Lors de la publication du rapport Gallois en novembre dernier, le sujet avait été soigneusement évité en raison des discordes gouvernementales.

Selon un sondage publié le 27 mars dernier, une majorité (58%) des Français affirmant savoir ce qu'est le gaz de schiste se disaient favorables à des forages visant uniquement à évaluer les ressources présentes dans le sous-sol en France.

 

Hulot s'élève contre le nucléaire et le gaz de schiste 

L'Allemagne se dirige prudemment vers le gaz de schiste 

L'Amérique, exportatrice de gaz de schiste ? 

Gaz de schiste : reprise de forages exploratoires au Royaume-Uni

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités