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Pourquoi les difficultés de la banque PSA sont inquiétantes ?

Véhicules exposés dans le show room de la concession Peugeot située à Auxerre.[PEUGEOT Direction de la Communication]

Alors que la banque PSA Finance (BPF) souffre des difficultés de sa maison mère, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a indiqué mercredi que le gouvernement étudiait une forme de soutien public.

Les constructeurs automobiles ne vendent pas que des voitures. Bien au contraire. Ils vendent aussi beaucoup de crédits aux particuliers, aux entreprises et même à leurs concessionnaires pour faire tourner la machine. Tant et si bien que pratiquement tous les constructeurs disposent d'une filiale propre de financement automobile. PSA aussi.

 

Pas de crédits, moins de ventes

Seulement voilà, les banques des constructeurs automobiles se financent surtout sur les marchés. Or la note de BPF est adossée à celle de sa maison mère PSA. Et au regard des difficultés du constructeur, le trio Moody's, Standard&Poors et Fitch Ratings n'est pas tendre. Moody's a ainsi récemment abaissé la note de PSA à Ba3, en catégorie "spéculative".

Une appréciation qui va rendre très difficile le refinancement de BPF. Car au bout du compte les taux d'intérêts qui lui sont proposés flambent… et vont se répercuter tôt ou tard sur les crédits proposés aux particuliers. Une réalité qui tombe très mal alors que la situation financière de PSA est jugée "grave".

 

Un constructeur déjà fragile

Déjà frileux pour acheter une voiture neuve, les particuliers renâcleraient à coup sûr si les taux de ces crédits augmentaient. Et un tel scénario ferait rentrer PSA dans un cercle vicieux à l'heure où ses ventes s'effondrent. Bref, voilà une conjonction capable de mettre directement en péril l'avenir même du constructeur quand on sait que 59% des ménages achètent une voiture neuve à crédit et qu'un tiers d'entre eux le fait via une banque de crédit liée à un constructeur.

Pourtant, BPF n'est pas à proprement parler une banque malade. Elle est "fortement capitalisée au regard des usages du secteur" insiste PSA.  BPF souffre en fait de son statut d'établissement de pur crédit ne collectant pas de dépôts.

Une source de financement que sa concurrente de Renault, RCI tente depuis février dernier d'équilibrer en lançant… un livret d'épargne. A l'époque, prié de dire si BPF pourrait lui emboîter le pas, Frédéric Saint-Geours, alors directeur de l'activité chez PSA, avait répondu que ce n'était pas exclu mais pas non plus d'actualité.

 

Des "négociations intenses"

Pourtant, le temps presse. Selon le Figaro, le ministère des Finances et le Trésor mènent depuis 15 jours des "négociations intenses" avec "les banques de la place" en vue d'une opération de sauvetage de la banque. Par le passé, confrontées à de lourdes difficultés, GMAC et Fidis, les filiales de General Motors et de Fiat, avaient dû ouvrir respectivement une majorité de leur capital à l'Etat et à des banques.

Pour l'heure, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici s'est borné à rassurer sur l'implication de l'Etat dans ce dossier. "Nous sommes en train de chercher des solutions qui permettront à cette banque de pouvoir trouver des financements en s'appuyant sur le système bancaire et sur une forme, à définir en commun, de soutien de l'Etat", a déclaré le ministre mercredi. Mais "ni le principe, ni les modalités de ces solutions ne sont arrêtés aujourd'hui", a pour sa part indiqué un porte-parole de PSA.

Pour se redresser, PSA a déjà vendu depuis le début de l'année les murs de son siège parisien, son activité de location Citer et devrait céder 75% de sa filiale logistique Gefco.

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