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Egypte : l'armée tue des touristes mexicains en "pourchassant" des jihadistes

Des soldats égyptiens le 6 août 2015 dans les port d'Ismailiya [MOHAMED EL-SHAHED / AFP/Archives] Des soldats égyptiens le 6 août 2015 dans les port d'Ismailiya [MOHAMED EL-SHAHED / AFP/Archives]

Les forces de sécurité égyptiennes ont tué dimanche 12 personnes, dont au moins deux touristes mexicains, dans le désert occidental égyptien, assurant avoir ouvert le feu sur leurs véhicules "par erreur" en pourchassant des jihadistes.

 

Ce très vaste désert, dont les oasis sont très prisées par les touristes, abrite aussi des groupes jihadistes, dont la branche égyptienne de l'Etat islamique (EI), qui commet de nombreux attentats contre les forces de sécurité dans tout le pays. Cette zone est depuis longtemps déconseillée aux voyageurs par les ambassades occidentales.

Le drame est survenu à un endroit encore indéterminé alors que les touristes étaient en chemin entre le Caire et l'oasis de Bahariya, à 350 km au sud-ouest de la capitale, où ils devaient séjourner dans un hôtel. Les autorités égyptiennes assurent que le convoi se trouvait dans une zone interdite aux touristes et que leurs guides n'avaient pas averti les autorités de leur voyage.

"Les forces conjointes de la police et de l'armée, qui pourchassaient des terroristes, dans le désert occidental, ont ouvert le feu par erreur sur quatre pick-up qui transportaient des touristes mexicains", a indiqué dans un communiqué le ministère de l'Intérieur égyptien, dans la nuit de dimanche à lundi.

"Douze personnes ont été tuées et 10 blessées parmi les touristes mexicains et des Egyptiens" qui les accompagnaient, poursuit le ministère, selon qui les victimes étaient dans une zone "non autorisée aux touristes".

Les autorités refusent de communiquer sur les circonstances du drame. Le Caire ne précise pas le nombre de Mexicains tués, ni quel type d'arme a touché les voitures. Mais Mexico a confirmé la mort d'au moins deux de ses ressortissants, ajoutant que cinq autres, blessés dans l'attaque, avaient été conduits dans un hôpital de la banlieue du Caire, où ils se trouvaient dans un état stable.

Ils ont été pris pour cible par les forces de sécurité au beau milieu du désert entre Le Caire et Bahariya, a assuré à l'AFP un haut responsable du ministère du Tourisme sous couvert de l'anonymat. Selon lui, les touristes et leurs accompagnateurs ont quitté la route pour s'enfoncer dans le désert, dans une zone interdite.

Un officier de police a expliqué qu'une opération des forces spéciales était en cours ce jour-là à 150 kilomètres à l'ouest de Bahariya, impliquant des renforts aériens.

Dimanche, dans l'après-midi, l'EI en Egypte a affirmé dans un communiqué qu'il avait "résisté à une opération de l'armée dans le désert occidental" le même jour et "mis en fuite des éléments de l'armée", sans plus de précisions.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto a condamné l'attaque sur son compte Twitter, demandant au Caire l'ouverture d'une "enquête approfondie".

 

Changement de stratégie

Les groupes jihadistes revendiquent régulièrement des attentats meurtriers visant les forces de l'ordre, en particulier dans la péninsule désertique du Sinaï, dans l'est, leur principal bastion.

Ces attaques se sont multipliées - y compris en plein coeur du Caire - depuis que l'armée a destitué et arrêté le président islamiste élu Mohamed Morsi en juillet 2013 et que le nouveau pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi réprime dans le sang les partisans du chef de l'Etat déchu.

Des centaines de policiers et soldats ont été tués dans ces attentats. Les jihadistes assuraient dans un premier temps agir en représailles à l'implacable répression qui s'est abattue sur les partisans de M. Morsi.

Les forces de sécurité ont, depuis l'été 2013, tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi. Des dizaines de milliers de partisans de l'ex-président islamiste ont été emprisonnés. Des centaines - dont M. Morsi lui-même - ont été condamnés à mort en première instance dans des procès de masse expéditifs, jugés par l'ONU "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.

Visant d'ordinaire la police et l'armée en représailles à la répression, certains groupes affiliés à l'EI ont récemment semblé changer de stratégie en commençant à s'attaquer à des Occidentaux, espérant, selon les experts, toucher le gouvernement au portefeuille en effrayant les touristes, qui boudent le pays des pharaons depuis 2011, et les investisseurs étrangers.

Le 13 août, l'EI a annoncé avoir décapité un jeune Croate travaillant pour une compagnie française, enlevé à la lisière du désert occidental, non loin du Caire. Un an auparavant, le même groupe avait revendiqué le meurtre d'un Américain dans la même zone.

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