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Oscars 2024 : une nouvelle récompense en forme d'apothéose pour Hayao Miyazaki et «Le Garçon et le Héron»

Le maître japonais remporte son deuxième Oscar, avec cette histoire d'un jeune garçon à la recherche de sa mère pendant la Seconde Guerre mondiale. [Ghibli]

Hayao Miyazaki a décroché dimanche l'Oscar du meilleur film d'animation pour «Le Garçon et le Héron», censé être son dernier film. Un prix en forme d'apothéose pour le patriarche de l'animation japonaise, déjà récompensé d'un Oscar pour son «Voyage de Chihiro» en 2003.

De quoi encourager le maître de 83 ans du légendaire studio Ghibli à repousser une fois de plus sa retraite artistique ? Hayao Miyazaki a ce dimanche soir reçu l’Oscar du Meilleur film d’animation pour «Le Garçon et le Héron».

C'est la deuxième fois que le vénéré réalisateur japonais remporte un Oscar. Il a remporté son premier prix, dans la même catégorie de long métrage d'animation, en 2003 pour «Le Voyage de Chihiro». Il avait également reçu deux nominations aux Oscars pour «Le Château ambulant» et «Le vent se lève», respectivement en 2006 et 2014. 

Cultivant la discrétion, Miyazaki était absent de la cérémonie des Oscars à Hollywood et n'est pas non plus apparu à une conférence de presse de Ghibli lundi à Tokyo, laissant Toshio Suzuki, un autre responsable du studio, s'exprimer à sa place. «En tant que producteur du 'Garçon et le Héron', je suis extrêmement honoré de recevoir l'Oscar du meilleur long métrage d'animation. … Ce film a été vraiment difficile à mener à bien. Je suis très reconnaissant que le travail qui a été créé après avoir surmonté ces difficultés ait été vu par tant de personnes à travers le monde et qu'il ait reçu cette reconnaissance. Hayao Miyazaki et moi avons considérablement vieilli. Je suis reconnaissant de recevoir un tel honneur à mon âge, et prenant cela comme un message pour continuer notre travail, je me consacrerai à travailler plus dur à l'avenir.»

Hayao Miyazaki a accueilli sa nouvelle victoire aux Oscars avec retenue, pour dissimuler sa joie : il était «normal» et a simplement déclaré que c'était «bien» d'avoir gagné, selon M. Suzuki, qui l'a eu au téléphone. «Je ne pense pas que ce sera facile (pour lui, NDLR) de faire un nouveau long-métrage», a encore estimé M. Suzuki. Mais «Miyazaki a fait des courts-métrages d'animation par le passé, donc j'aimerais qu'il aille de nouveau dans cette voie à présent», a-t-il ajouté. «Il dit que sa vue est devenue mauvaise et que ses bras ne fonctionnent plus. Mais si vous me demandiez ce que je pense, je vous dirais qu'il exagère !», a glissé M. Suzuki en s'esclaffant. «Pour moi, il a l'air plein d'énergie.»

Alors que beaucoup pensaient que «Le Garçon et le Héron» serait le chant du cygne du réalisateur, le vice-président du Studio Ghibli, Junichi Nishioka, a déclaré en septembre qu'Hayao Miyazaki «arrivait déjà» au bureau avec de nouvelles idées…

Passage de témoin 

Avec «Le Garçon et le Héron», Hayao Miyazaki, artisan perfectionniste qui a contribué à donner ses lettres de noblesse à l'animation, prouve qu'il a gardé tout son talent et ses techniques 2D à l'ancienne, à l'heure du triomphe des images de synthèse.

Avant sa sortie au Japon en juillet 2023, le film a fait l'objet d'une approche marketing non conventionnelle : le studio a choisi d'éviter une campagne publicitaire traditionnelle et de publier uniquement une affiche promotionnelle.

Empreint d'onirisme et de magie, comme souvent chez Miyazaki, le film est inspiré du roman de Genzaburō Yoshino de 1937, «Comment vivez-vous ?», et contient des éléments autobiographiques comme dans «Le Vent se lève», en se déroulant à l'époque traumatisante de son enfance, la Seconde Guerre mondiale.

Après la mort de sa mère dans un incendie à Tokyo, Mahito, un jeune garçon, déménage à la campagne avec son père et sa belle-mère, qui n'est autre que la tante de l'enfant. Dans ce nouvel environnement compliqué pour lui, Mahito rencontre un héron cendré qui va l'inciter à plonger dans un monde parallèle, peuplé d'un bestiaire fantastique et effrayant, dans lequel le garçon va découvrir des secrets de son histoire familiale et faire des choix cruciaux.

«Cet univers provient pour l'essentiel de mes souvenirs», avait confié l'an dernier Miyazaki, expliquant que lui aussi avait vécu enfant dans une grande maison de campagne pour fuir les bombardements pendant la guerre. «La vérité sur la vie n'est pas quelque chose de lumineux, ou de juste. Cela contient tout, y compris une part de grotesque», a-t-il aussi déclaré. «Il était temps de créer une œuvre en extrayant des choses tapies au plus profond de moi-même.»

Dans «Le Garçon et le Héron», un vieux gardien de l'équilibre du monde magique, qui s'effondre, cherche un successeur. Dans un documentaire de la chaîne publique japonaise NHK diffusé en décembre, Miyazaki a expliqué s'être inspiré pour ce personnage d'Isao Takahata, cofondateur avec lui du studio Ghibli et mort en 2018. Les deux hommes avaient une relation «d'amour-haine», a confié Miyazaki.

Peut-être faut-il aussi y voir une métaphore de l'épineuse question de l'avenir artistique de Ghibli, alors que son fils aîné Goro Miyazaki a renoncé à en prendre la tête. Ghibli est devenu en fin d'année dernière une filiale de la chaîne de télévision japonaise Nippon TV, laquelle s'est engagée à «protéger le savoir-faire et la valeur de la marque» du studio et à respecter son autonomie.

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