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Japon : le festival millénaire de l'Homme nu fait sa révolution

Entre vieillissement de la population et féminisation de la société, ce festival très ancien devra faire sa mue pour subsister. [Philip FONG / AFP]

Au Pays du Soleil Levant, où les plus de 65 ans représentent un tiers de la population, le festival «Sominsai», qui met en scène des hommes presque nus dans de l'eau glacée, doit désormais, après plus de mille ans d'existence, composer avec l'évolution de la société japonaise pour éviter de disparaître.

La fin d'un rituel séculaire vieux de plus de 1.000 ans, selon la légende. Samedi 17 février, dans le temple isolé de Kokuseki au Japon, des centaines d'hommes se sont purifiés une dernière fois dans l'eau froide en se disputant des talismans, avec pour seul vêtement un pagne léger, à l'occasion du festival «Sominsai», un rite annuel très populaire dans le pays.

Oui mais voilà, les chants passionnés de «jasso, joyasa» («corrigez et enlevez le mal») risquent de ne plus résonner, comme ce fut par exemple le cas plusieurs heures durant samedi soir, dans cette forêt de cèdres de la région d'Iwate, située à l'est du Japon. En cause, une organisation pharaonique qui doit également composer avec des participants de plus en plus âgés.

les femmes autorisées pour la première fois

Si le moine Daigo Fujinami reconnaît qu'il est «motivant» d’observer la ferveur déclenchée par le festival, il admet en effet ne pas pouvoir «être aveugle» face au travail important que necessite l'organisation d'un «festival de cette ampleur».

D'autant plus qu'au Japon, la population est vieillissante. Ainsi, un tiers des habitants du pays sont âgés de 65 ans et plus, entraînant notamment la fermeture de services de transport, magasins et écoles, en particulier dans les petites villes et villages.

Toutefois, preuve d'un avancement de la société, le sanctuaire shintoïste organisateur de l'événement accueillait, pour la première fois, une quarantaines de femmes. D'après la chaîne de télévision locale Tokai TV, un collectif féminin avait formulé cette demande plusieurs mois avant la tenue de l'événement.

«Même sous un format différent, j’espère que cette tradition va se maintenir», a déclaré Toshiaki Kikuchi, un habitant de la région, qui ne veut pas se résoudre à l'abandon de cette tradition, dans un pays qui en compte de nombreuses.

De nouvelles pratiques spirituelles

Le rite risque de ne pas pouvoir de produire en 2025. D'après un homme de 49 ans présent à l'occasion de cette dernière édition du festival, les jeunes manquent à l'appel pour prendre la relève de ce type d'activités.

Ainsi, l'an prochain, aucun homme légèrement vêtu ne devrait sortir vers le temple sur une petite pente de montagne au coucher du soleil, avant de se baigner dans un ruisseau glacé et de marcher autour du temple exposés à la brise d'hiver.

Dans le temple de Kokuseki, les moines remplaceront ce festival par des cérémonies de prières, et trouveront d'autres moyens de poursuivre ces pratiques spirituelles.

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