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Festival de Sundance : effrayante, passionnante, romantique... L'intelligence artificielle star de l'édition 2024

Une partie de la programmation du célèbre festival dévoile des utilisations de l'IA dignes de films de science-fiction ou d'angoissante dystopies et pourtant déjà bien concrètes. [Courtesy of Sundance Institute – Photo by Jonathan Hickerson]

L'intelligence artificielle, comme technologie et comme thème, est au centre de l'attention de Sundance, le festival de cinéma co-fondé par l'acteur Robert Redford, qui se tient jusqu'au 28 janvier.

Elle partage la vedette de Sundance cette année avec des stars comme Kristen Stewart et Pedro Pascal, l’intelligence artificielle (IA) est abordée par plusieurs films au programme de l'édition 2024. 

Le traditionnel rendez-vous du cinéma indépendant, qui se tient jusqu'au 28 janvier dans les montagnes de l'Utah, aux Etats-Unis, compte notamment un film musical proposant une version différente à chaque diffusion. «Eno» explore la carrière du musicien Brian Eno grâce à un «moteur génératif» qui propose en effet un nombre de versions quasiment infinies du film en faisant des assemblages à partir de centaines de scènes possibles. «Un film qui n'est jamais deux fois le même... C'est quelque chose de nouveau», a souligné le nouveau directeur du festival Eugene Hernandez.

«L'IA va être une partie intéressante du festival cette année», avait assuré à l'AFP la directrice de la programmation Kim Yutani. «En préparant le festival, c'était frappant de constater qu'elle revenait constamment dans les films et nos discussions.»

vers une vie éternelle ?

Sundance 2024 propose par ailleurs deux documentaires sur des personnes voulant utiliser l'intelligence artificielle pour communiquer avec des proches après la mort. 

«Love Machina» suit les efforts d'un couple pour perpétuer au-delà de leur mort l'amour qui les lie, en transférant leur conscience à un humanoïde baptisé Bina48. Son réalisateur Peter Sillen s'estime «chanceux» que l'aboutissement de ce projet, démarré en 2017, coïncide avec «la sensibilisation du public à l'IA», propulsée sur le devant de la scène par les progrès de robots conversationnels comme ChatGPT.

«Love Machina» chronique cette histoire d'amour futuriste avec deux âmes sœurs qui souhaitent perpétuer leur romance à l'infini. Peter Sillen pose sa caméra sur Martine Rothblatt, fondatrice excentrique qui veut construire un robot humanoïde doté d'une intelligence artificielle capable de répliquer sa femme, Bina. Dès 2009, elle a ainsi créé «Bina48», un mannequin parlant qui prend la forme d'un buste reproduisant la tête et les épaules de la vraie Bina, et programmé pour exploiter de vastes fichiers qui archivent les discours, les opinions et les souvenirs de la vraie Bina. A terme, Martine et Bina espèrent transférer leur conscience dans un «corps biologique reconstitué», afin de s'aimer pour l'éternité. 

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Peter Silen, Bina Rothblatt, Martine Rothblatt, au côté de Bina48, à la première de «Love Machina» lors du Festival du film de Sundance 2024. Neilson Barnard / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Autre documentaire, «Eternal You» suit des start-ups qui veulent créer des avatars que des gens utiliseraient, contre paiement, pour rester en contact avec leurs proches après la mort de ces derniers. «Eternal You» montre comment des entreprises avides de profits jouent déjà sur la vulnérabilité de personnes endeuillées, en leur proposant de pouvoir «parler» à des avatars censés reproduire la personnalité d'un proche décédé.

Le film s’ouvre avec une femme collée à son clavier, qui pense converser avec son compagnon décédé. «Pourquoi as-tu peur ?», écrit-elle sur son ordinateur. «Je n'ai pas l'habitude d'être mort», lui répond l'avatar. Les réalisateurs Hans Block et Moritz Riesewieck disent avoir entendu parler dès 2018 d'une poignée de start-ups offrant des conversations d'outre-tombe avec un être cher. Au départ, ils avaient cru à une arnaque.

Mais la technologie a rapidement dépassé les promesses marketing, et l'industrie a explosé ces dernières années… Le documentaire montre comment certaines intelligences artificielles dérapent, voire «hallucinent» : des avatars racontent au client être piégés en enfer, menacent de les hanter, ou finissent par les insulter. «Nous ne sommes pas convaincus que les entreprises prennent leurs responsabilités comme elles le devraient», juge M. Riesewieck. «On parle de personnes qui se trouvent dans une situation particulièrement vulnérable.»

Parmi les autres films qui seront projetés à Park City, toujours dans la veine de l'IA, il y a aussi des fictions. L'intelligence artificielle peut-elle ressentir de la solitude ? De l'amour ? «Love Me», se penche sur cette question insolite. Kristen Stewart et Steven Yeun sont à l'affiche de ce mystérieux projet et y incarnent, d'abord par la voix, une balise et un satellite en orbite de la Terre. Fonctionnant par intelligence artificielle, les deux objets se prennent d'amour après l'extinction sur Terre de l'espèce humaine.

«Pour nous, ce n'est pas un film sur l'IA. Mais un film sur nous, vu à travers le prisme de l'IA», a estimé le coréalisateur, Andy Zuchero, lors de l'avant-première vendredi au festival de Sundance, dans l'Utah. «Un peu comme si on essayait de décortiquer l'humanité de 2024», a-t-il ajouté.

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