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Superman, Batman... Comment DC se prépare-t-il à l'expiration des droits d'auteur de ses superhéros ?

Superman ne sera plus protégé par les droits d’auteur à partir de l’année 2034. [© Warner Bros. France]

Après Winnie l’Ourson et Mickey, ce sera bientôt au tour des droits d’auteur des superhéros de DC Comics de tomber dans le domaine public. Un événement face auquel l’industrie et DC ne peuvent rien faire, ou presque.

Rien ne peut arrêter le phénomène. En janvier 2022, Winnie l’Ourson est tombé dans le domaine public, suivi l’année d’après par Sherlock Holmes, et en 2024, cela a été le cas du Mickey aperçu en 1928 dans le dessin animé «Le Bateau à vapeur de Willie». Les droits d’auteur de ce court-métrage en noir et blanc venaient à peine d’expirer au bout de 95 ans que deux films d’horreur avec le visage de Mickey Mouse étaient annoncés. Et c’est certainement ce qui attend les fans de Superman et de Lois Lane, quand ces derniers feront leur entrée dans le domaine public en 2034, suivi par Batman en 2035, le Joker en 2036, et Wonder Woman en 2037.

Dans un article publié sur le site américain Variety, l’auteur de comics et expert de Batman, Chris Sims, s'attend à ce que des centaines de productions utilisant l’image de Batman et des autres superhéros voient le jour à la seconde où ils tomberont dans le domaine public. «Il va y en avoir des centaines. Ils seront prêts à dégainer», dit-il, soulignant le fait que ces dernières devront s’en tenir aux toutes premières versions des personnages.

«Tu auras Batman, mais pas Robin. Tu auras Superman, mais pas la kryptonite», poursuit-il. À ses débuts chez DC Comics, Superman était un héros pouvant faire des sauts incroyables, mais il ne volait pas. Ce n’est toutefois qu’une question de temps avant que chacun de leurs attributs et/ou pouvoirs ne tombent, à leur tour, dans le domaine public.

L’importance de se réinventer

DC se prépare toutefois à cet événement depuis des années, précise Variety. Lors d’une conférence de presse en 2023, James Gunn, le patron de DC Studios qui s’occupe du prochain Superman, a souligné que le film introduira un personnage de «The Authority», qui a fait son apparition dans un comics publié en 1999, en ayant justement en tête le fait que le superhéros s’apprêtait à tomber dans le domaine public.

Jay Kogan, un des responsables des affaires légales chez DC Comics, avait écrit un article en 2001 dans lequel il abordait déjà cette question de l’expiration des droits d’auteur (33 ans en avance) des premières versions, soulignant l’urgence de se montrer inventif dans les nouvelles interprétations. «Faites en sorte qu’elles gardent de la fraîcheur, et qu’elles soient en phase avec leur époque», avait-il écrit.

«En modifiant graduellement la littérature et les caractéristiques visuelles d’un personnage dans le temps, son propriétaire peut garder intact son image actualisée qui devient, de facto, celle qui s’impose dans l’inconscient collectif», ajoutait-il. En résumé, la dernière version de Superman – qui, dans le cas de DC, reste incarné par Henry Cavill dans l’imaginaire collectif, mais qui sera bientôt remplacé par David Corenswet – est celle qui prévaut aux yeux du public. Et que, au-delà du nom, sa mise à jour perpétuelle ainsi que la diversification du monde et/ou des personnages autour est ce qui permettra de se démarquer des futurs concurrents.

Marques déposées

DC a également pensé à déposer les marques propres de ses superhéros, comme le «S» de Superman, ou encore le «Bat Symbol» de Batman, afin que les autres créateurs ne puissent pas les utiliser. La société mère de ces superhéros ne peut toutefois que tenter de limiter le champ d’action de ceux qui chercheront à exploiter ces derniers. «Les gens tenteront d’exploiter ces superhéros parce qu’il y a de l’argent à se faire. Que pensez-vous d’un Superman contre Godzilla ? Il existe une zone grise. Mais tout notre système fonctionne au rythme du capitalisme, n’est-ce pas ? Alors ainsi soit-il», explique Mark Waid, auteur de comics et historien.

Pour Chris Sims, la distinction majeure devrait se faire sur le savoir-faire. «Il y a une société qui a l’habitude de faire cela», dit-il en faisant référence à DC. La profusion de comics et de productions exploitant l’image de ces superhéros paraît dès lors inévitable.

Avec James Gunn et Peter Safran à la tête de DC Studios, il sera intéressant de voir de quelle manière les deux hommes seront en mesure de donner un nouvel élan à l’univers de DC, voire de le réinventer en profondeur. S’ils y parviennent, alors tout le reste paraîtra bien fade en comparaison. On aurait toutefois tort d’exclure la possibilité de voir surgir des abîmes quelques curiosités forgées dans la kryptonite capables de capter l’attention du public. Au grand dam de DC.

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