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«Le consentement» : que vaut l'adaptation au cinéma du livre choc de Vanessa Springora ?

Trois ans après la parution du livre «Le consentement», qui a fait l’effet d’une bombe, son adaptation cinématographique se dévoile en salles ce mercredi. Un film nécessaire sur les violences sexuelles, avec un Jean-Paul Rouve dans un rôle à contre-emploi.

Qu’il était audacieux de la part de la réalisatrice Vanessa Filho («Gueule d’ange») de porter sur grand écran le récit autobiographie de Vanessa Springora, «Le consentement», qui a bouleversé l’opinion publique, et déclenché l’ouverture d’une enquête pour viols sur mineurs à l’encontre de Gabriel Matzneff.

Dans le film attendu au cinéma ce mercredi 11 octobre, l’écrivain controversé est incarné par Jean-Paul Rouve, qui apparaît totalement métamorphosé, le crâne rasé et le regard salace. Loin de l’univers comique et populaire des «Tuche», l’acteur se glisse dans la peau de cet homme de 50 ans, accusé d’avoir noué des relations sexuelles avec la jeune Vanessa Springora, alors qu’elle n’avait que 14 ans.

Une omerta autour du romancier dénoncée

Des scènes intimes et de soumission que le film n’élude pas et qui pourront déranger certains spectateurs dans la salle, même si elles ne tombent jamais dans la pornographie. A la sortie du collège, dans sa garçonnière ou sa chambre d’hôtel, Gabriel Matzneff, à la morale douteuse, séduit l’adolescente qui, peu à peu, tombe sous son emprise. Les mots de l’autrice prennent vie grâce à la caméra, et les faits relatés n’en deviennent que plus violents.

Kim Higelin, petite-fille du regretté Jacques, prête ses traits à cette jeune femme fragile et crédule en proie à ce prédateur, qui s’est toujours défendu des actes dont on l’accusait et dont le penchant pour la pornographie qu’il revendiquait dans ses écrits, a toujours été banalisé par le milieu intellectuel parisien.

Pour preuve, l'extrait de l’émission «Apostrophes», présentée à l’époque par Bernard Pivot, pendant lequel la journaliste Denise Bombardier dénonçait les agissements de Gabriel Matzneff, pourtant protégé par ses pairs sur le plateau. Vanessa Filho a souhaité à travers ce film dénoncer l'omerta dont a benéficié le romancier, mais aussi mettre en lumière la relation toxique qu'entretenait Vanessa Springora avec sa mère, jouée par Laetitia Casta. Une mère jalouse et à la dérive dont elle voulait s'émanciper, quitte à tomber dans les bras d’un manipulateur de l’âge de son père (absent), qui confondait amour et perversion.

«Le consentement» évoque donc l’affaire Matzneff, mais aussi une époque bien avant le mouvement #MeToo, où la notion de consentement était encore discutée. On aurait aimé que les enjeux soient plus appuyés pour gagner en gravité. Le ton adopté dessert aussi parfois le récit. Mais ce long-métrage, tout comme le livre, reste d'utilité publique. 

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