En direct
A suivre

Festival d'Avignon : coup d'envoi ce mercredi sous haute surveillance

Pour sa première édition, qui s'ouvre, actualité oblige, avec un dispositif de sécurité renforcée, Tiago Rodrigues, successeur d'Olivier Py, a choisi «Welfare», un spectacle à caractère social. [Christophe SIMON / AFP]

Le Festival d'Avignon, une des plus grandes manifestations théâtrales au monde, s'ouvre ce mercredi avec un nouveau patron à sa tête, Tiago Rodrigues, et des mesures de sécurité renforcées après plusieurs jours d'émeutes en France.

Le Festival d’Avignon 2023 ouvre sa nouvelle édition ce mercredi. Comme chaque mois de juillet, la Cité des papes va se transformer en ville-théâtre, partagée entre le «in», le festival officiel, et le «off», le plus grand marché de spectacle vivant en France.

Pour cette 77e édition, qui démarre sur fond de violences urbaines, polices nationale et municipale vont déployer «un dispositif coordonné» dans la ville : renfort d'unités de forces mobiles, sécurisation des zones piétonnes, contrôles d'identité aléatoires dans l'espace public et patrouilles pédestres et à VTT, selon la préfecture du Vaucluse.

Dans les airs, un dispositif de brouillage sera mis en œuvre pour faire respecter l'interdiction de survol d'Avignon par des drones, avec un recours possible à des drones pour la surveillance des plus importants rassemblements.

«Diplomatie culturelle»

Le Festival d'Avignon est étalé sur une quarantaine de lieux, dans la ville mais aussi extra-muros, tandis que le «off» compte 140 lieux et accueille près de 1.200 compagnies. Pour sa première édition, Tiago Rodrigues, successeur d'Olivier Py, a choisi d'ouvrir avec «Welfare», un spectacle à caractère social signé Julie Deliquet, deuxième metteuse en scène à présenter une pièce à la Cour d'honneur du Palais des papes après Ariane Mnouchkine. Autre spectacle d'ouverture: «G.R.O.O.V.E» de la pionnière du hip-hop en France Bintou Dembélé, qui organise une déambulation dansante.

«C'est une fête du théâtre qui n'est pas aveugle aux injustices du monde», rappelle M. Rodrigues, qui invite une grande majorité de nouveaux visages, certains se produisant pour la première fois en France. Il a décidé d'inviter une langue à chaque édition et, cette année, l'anglais est à l'honneur, «en réponse au Brexit». «A un moment où des remparts sont construits pour nous éloigner de nos amis britanniques, on doit construire des ponts. C'est une sorte de diplomatie culturelle», dit-il, précisant qu'après des années d'absence, la direction du Festival d'Edimbourg sera sur place pour découvrir la création française. Avant même le début du festival, le Portugais a dû faire face à deux mauvaises surprises: la déprogrammation d'un spectacle très attendu et le coût élevé de la réouverture d'un lieu mythique du festival, la Carrière de Boulbon, à une quinzaine de kilomètres d'Avignon.

Coproduite par le festival, «Les Emigrants» de Krystian Lupa, maître de théâtre polonais, a été annulée il y a mois par la Comédie de Genève, où devait se tenir la première, en raison d'une confrontation entre le metteur en scène, accusé de comportements abusifs, et l'équipe technique. Elle a été remplacée par une pièce de Tiago Rodrigues lui-même. «J'ai eu six jours sans sommeil pour essayer de sauver le spectacle mais, au final, c'était impossible», affirme le directeur à l'AFP. «Ne pas le remplacer aurait représenté pour le Festival d'Avignon un dommage financier de plus de 300.000 euros», explique à l'AFP M. Rodrigues. «Je ne pouvais demander à des artistes, notamment émergents, de remplacer un spectacle au dernier moment à l'Opéra Grand Avignon (700 places). Ça aurait été une énorme prise de risque et très irresponsable». Il affirme ne pas avoir assez de recul sur «cet épisode malheureux», tout en précisant qu'«aucun niveau de talent justifie la violence». Deuxième casse-tête : la Carrière de Boulbon, utilisée pour la première fois en 1985 pour le «Mahabharata» de Peter Brook et pour la dernière fois en 2016. Philippe Quesne y créera «Le Jardin des délices», inspiré du tableau de Jérôme Bosch.

En raison du dispositif de risque incendie, après les feux de l'été dernier dans la région, 250.000 euros de plus se sont ajoutés au coût prévu de 350.000 euros. Le lieu est aujourd'hui «entièrement sécurisé».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités