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Gunbuster : l'anime culte fête ses 35 ans et arrive (enfin) en Blu-Ray

Un anime qui évoque encore du rire, des larmes et surtout de l'admiration de la part des fans d'animes japonais. [© Bandai visual/Flying Dog Gainax - All rights reserved]

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais les animevores vouent un culte à Gunbuster. Une série d'OAV des studios Gainax, diffusée dès 1988 au Japon et qui marqua le genre mecha, grâce à son réalisateur Hideaki Anno, futur créateur d'Evangelion. 35 plus tard, les six OAV seront de retour en Blu-ray en France le 13 septembre. Une œuvre à classer dans le top 50 des animes à voir absolument. Voici pourquoi.

«Sans Gunbuster, il n'y aurait sans doute jamais eu Evangelion». C'est par ce constat que Max Covil, journaliste sur le site américain Polygon, a ouvert en ce mois de juin un long article rendant hommage à Gunbuster, qui fête ses 35 ans. Un anime assez confidentiel pour la nouvelle génération, mais qui évoque encore du rire, des larmes et surtout de l'admiration de la part des fans d'animes japonais.

Nous sommes en 1988, lorsque la première OAV (original animation video) de Gunbuster sort au pays du soleil-levant. Un épisode qui met en scène des adolescentes intégrant une école de combat, pour piloter des robots géants et lutter contre une espèce alien... en 2023. Une année qui sera le point de départ du voyage intersidéral de la jeune cadette Noriko Takaya, dont le père - capitaine de vaisseau - est mort au front, huit ans plus tôt, face aux extraterrestres.

Une aventure à la fois parodique et mature

Si le scénario de ce premier épisode de 30 minutes (sur six) n'est pas spécialement trépidant, il y a d'emblée dans Gunbuster, la patte de génie des animateurs de Gainax. Un tout jeune studio né en 1984, qui avait obtenu un succès critique - mais pas public à l'époque - pour le sublime film d'animation Les Ailes d'Honnéamise (1987). C'est toutefois le soin apporté aux séquences d'animations, au chara et mecha design, qui va permettre d'identifier rapidement le studio qui deviendra l'auteur d'une vingtaine de séries, parmi les plus brillantes des années 1990 et 2000 : Nadia et le secret de l'eau bleue, Evangelion ou encore Gurren Lagann.

Ce que l'on sait moins, c'est que Gunbuster va devenir une véritable source d'inspiration pour de nombreux animateurs et servir de tremplin à un homme talentueux et tourmenté : Hideaki Anno. Il faut dire que le jeune animateur de 27 ans à l'époque, promu réalisateur, est parvenu à s'entourer de caïds de l'animation pour concevoir son projet, dont la production a commencé en 1987. Jugez plutôt : Haruhiko Mikimoto et Kazutaka Miyamae, opérant respectivement au chara design et au mecha design, se sont déjà fait un nom avec la série Macross; parallèlement Kohei Tanaka (Bastard!, Gwendoline...) officie aux superbes compositions musicales, tandis que Toshio Okada (Otaku no video) tape son scénario sous la houlette d'Hideaki Anno.

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© Bandai visual/Flying Dog Gainax - All rights reserved

D'emblée, les six épisodes offrent un spectacle peu commun parmi les OAV bon marché qui peuplaient alors le Japon. Le niveau d'animation est tel qu'il est parfois proche de la qualité d'un long-métrage, avec des effets d'ombres travaillés, des reflets du plus bel effet, des explosions impresionnantes et des combats fous qui feront entrer le Gunbuster, nom donné au robot géant de la série, le droit de s'assoir au panthéon des mecha nippons.

Surtout, le scénario prend son envol dès le 2e épisode pour ne plus jamais relâcher la pression. Pour mieux le comprendre, il faut s'attacher au surtitre de Gunbuster dénommé : Top O nerae !, qui signifie «Vise le top !». Car l'épopée de Noriko va s'attacher à décrire la montée en puissance de son héroïne, mais aussi la tragédie de cette guerre intersidérale, où notre jeune pilote va devoir endosser le rôle de sauveuse de l'humanité, au dépens de ses amis. Ses nombreux voyages à la vitesse de la lumière pour se rendre sur le front, loin de la terre, lui feront assister à la vieillesse (prématurée de son point de vue) de son entourage. Un effet vu dès le 2e épisode, où une mission spatiale de quelques jours équivaut en réalité à six mois écoulés sur terre, tandis que les missions suivantes l'amèneront même à revenir plusieurs millénaires plus tard...

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© Bandai visual/Flying Dog Gainax - All rights reserved

Un point scénaristique que l'on retrouve notamment dans le fameux Interstellar (2014) de Christopher Nolan. Dans Gunbuster, c'est ici la base d'une tragédie pour Noriko, contrainte de comprendre l'importance de son rôle, tandis que l'humanité semble sur le déclin. Avec en pinacle, un épisode 6 osé et surprenant, où Hideaki Anno n'hésite pas à appuyer le final de son drame en six actes en basculant la totalité des 30 minutes en noir et blanc. Une technique qui préfigure aussi la fin de la série Evangelion, où le drame prendra des penchants métaphysiques lors des derniers épisodes.

Une femme au cœur du récit

Si le récit est centré sur l'humain, Gunbuster n'en reste pas moins un anime de mecha. Et son robot géant rend même hommage aux robots des années 1960-1970, notamment ceux de Go Nagai, père de Goldorak et Mazinger, avec son Getter Robot, ou encore au fameux Gundam de Yoshiyuki Tomino. Son côté rondouillet s'accorde également avec une vision organique du robot que l'on retrouvera de manière plus poussée dans Evangelion. Un amour pour les œuvres d'antan qu'Hideaki Anno gardera au fond de son cœur pour offrir les récent films live Shin Gojira (2016) et Shin Kamen Rider (2023).

Enfin, n'oublions pas le défi osé de son réalisateur qui met une femme au cœur de son récit, tandis que plusieurs femmes fortes gravitent autour de Noriko. Un pari, même s'il n'est pas nouveau, mais encore rare dans un genre traditionnellement orienté pour un public ado et masculin. Jeune et candide au début du récit, Noriko mûrit au fil des épisodes pour affronter la guerre, tandis qu'elle se bat contre un ennemi dont elle ne connaît finalement rien.

C'est donc un conflit intérieur qui naît tout au long de ce récit, une tourmente que l'on retrouvera d'ailleurs une décennie plus tard lorsqu'Evangelion et son héros Shinji sortiront. Entre 1988 et 1989, le succès des 6 OAV Gunbuster fut tel qu'Hideaki Anno et Gainax durent rempiler pour le compiler sour la forme d'un long-métrage. Mais les coupes furent importantes et les fans de la première heure restent accrochés aux épisodes originaux. Enfin, 2006 fut l'occasion de ressusciter la franchise avec un film Gunbuster 2, alias Diebuster, tout aussi réussi mais plus fou.

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© Bandai visual/Flying Dog Gainax - All rights reserved

Avec Gunbuster, Hideaki Anno emmène donc son public vers une réflexion plus adulte. Un réalisateur qui deviendra culte est né et il porte également sur ses épaules la signature du studio Gainax. «Ce qui fait que Gunbuster est si universel, si unique et si original, c'est le contraste entre le sérieux et la parodie, entre réalisme et fantaisie, qui, finalement, est l'une des caractéristiques majeures de l'œuvre de Gainax», concluait la journaliste Eve Chauviré, dans Animeland n°44 (septembre 1998), dans un article saluant les 10 ans de ces OAV. On ne saurait dire mieux, si ce n'est de rappeler l'annonce de l'éditeur All the Anime, qui fête les 35 ans de «Top O Nerae ! Gunbuster» en éditant en Blu-ray les 6 OAV tant réclamés, le 13 septembre prochain. Une édition qui réunira un poster double face, un artbook de 48 pages et des bonus. Enfin !

«Top O Nerae ! Gunbuster», de Hideaki Anno, studio Gainax, éditeur All The Anime, Blu-ray collector disponible le 13 septembre.

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