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Les Français et les livres en 2023 : la BD progresse, mais le temps consacré à la lecture recule face aux écrans

Les jeunes sont de moins en moins attirés par la lecture. [Brandon Bell / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Le CNL publie tous les deux ans une étude barométrique «les Français et la lecture», pour suivre l’évolution des pratiques et des perceptions des Français vis-à-vis du livre. Cette année, cette étude réalisée par Ipsos confirme notamment le succès de la BD auprès de toutes les tranches d’âges, mais aussi le recul de la lecture, surtout chez les jeunes, au profit des écrans.

Si les livres pratiques, arts de vivre et loisirs d’un côté, et les livres sur l’Histoire de l’autre, arrivent globalement en tête des genres littéraires plébiscités par les Français - avec respectivement 56% et 48% - les albums de bande dessinée affichent en cette année 2023 la plus importante progression. Le genre confirme ainsi sa montée en puissance auprès de toutes les tranches d’âges (avec 48%, soit +14pts vs 2021), y compris au-delà de 35 ans, rapporte l’étude Ipsos «Les Français et la lecture en 2023» réalisée pour le Centre national du livre (CNL), et publiée ce mercredi 12 avril. Les mangas/comics restent quant à eux plus ancrés chez les moins de 25 ans, chez qui ils progressent nettement (+11 pts).

Mais si les Français se montrent plutôt bons lecteurs et attachés au livre (86% des Français «se déclarent lecteurs», dont 24% qui lisent «beaucoup», 37% «moyennement» et 25% «peu»), les moins de 25 ans le sont moins que les autres. «Le décrochage chez les 15-24 ans s'accentue», indique le CNL, «avec une lecture stable par rapport à 2021 (80% qui se déclarent lecteurs), mais un net repli par rapport à 2019 (-12 points)». «Il y a des sujets d'inquiétude, qui sont d'abord cette tranche des 15-24 ans, qui décroche», relève Régine Hatchondo. «Ce sont souvent ceux qui n'ont pas été entourés», analyse la présidente du CNL, et cette désaffection est le produit d'«inégalités sociales et culturelles».

Le temps de lecture grignoté par les écrans

Chez cette génération qui a toujours connu Internet, le temps consacré aux écrans est le plus élevé (4h09 par jour), mais le temps consacré à la lecture n'est pas le plus faible des différentes catégories d'âge (41 minutes par jour, contre seulement 28 chez les 39-45 ans), la lecture pour les études étant en effet prise en compte. «On peut aussi voir ces écrans et ces réseaux sociaux comme une opportunité, puisqu'ils peuvent inciter à acheter un livre. C'est loin d'être anecdotique pour cette tranche d'âge», a souligné la directrice de clientèle d'Ipsos, Alice Tétaz, en présentant l'étude.

Le temps consacré à la lecture est en tous les cas très inférieur à celui passé sur écran pour une autre activité que la lecture. Les Français consacrent en moyenne 41 minutes par jour (soit 4h47 par semaine à lire des livres quand ils passent 3h14 par jour (soit 22h38 par semaine) sur écran, pour faire autre chose que lire des livres.

Ils font en plus de cela beaucoup d’autres activités, et ont donc (à 78%, + 7 points vs 2021) un sentiment général de manquer de temps pour la lecture. Ils sont 74% à «préférer consacrer plus de temps à d’autres loisirs» comme écouter de la musique (88%), échanger à distance avec l’entourage (84%), sortir avec des amis (83%), ou encore regarder la télévision (74%) et surfer sur internet (77%).

Pour la présidente du CNL, «cette nouvelle étude vient confirmer le combat inégal entre les écrans et les livres. L’omniprésence des écrans dans nos vies, en particulier chez les plus jeunes, dévore le temps consacré à la lecture. (…) Alors que les Français associent toujours la lecture à de nombreuses valeurs positives – 98% d’entre eux déclarent que la lecture permet d’ouvrir l’esprit, ou encore de se faire plaisir à 96% - il faut les aider à sanctuariser un temps dédié au livre dans leur quotidien, en redoublant d’efforts pour redonner à tous l’envie de lire, et faire prendre conscience des risques de l’addiction aux écrans sur le cerveau et la santé psychique.»

Essor des livres numériques et de l'occasion

Toujours selon l'étude Ipsos réalisée pour le CNL, les moins de 25 ans sont les plus adeptes de la lecture de livres numériques. Ils sont 52% à l'avoir pratiquée en 2022 (+15 points en deux ans), contre 43% chez les 25-34 ans ou 31% chez les 35-49 ans. Mais cette tendance n'est pas générale car les Français restent attachés à l'objet livre.

Les sondés sont 81% à avoir acheté au moins un livre neuf en 2022, 40% à en avoir acheté d'occasion (+6 points), et 82% à s'en être fait prêter ou offrir. «Il y a une appétence de plus en plus forte des Français pour les objets d'occasion, pas seulement pour le livre», a commenté le directeur opinions d'Ipsos, Étienne Mercier, citant les questions de pouvoir d'achat, d'environnement et un attachement moins fort à la propriété. Les achats d’occasion se développent ainsi de façon significative (+6 pts vs 2021 ; +14 pts vs 2015), en particulier chez les grands lecteurs, augurant certainement d’une vraie tendance de fond à plus long terme dans un contexte économique en tension.

Les librairies (73%, +3 points) et les grandes surfaces culturelles (69%, +2 points) restent les principaux lieux d’achat de livres, mais la vente en ligne affiche une forte augmentation (+10 pts). Encore 33% des sondés pensent que «les prix des livres en librairie sont plus élevés qu'ailleurs» (+6 points), ce qui est faux depuis la loi sur le prix unique du livre de 1981.

Pour cette cinquième édition du «baromètre Les Français et la lecture», 1.002 personnes de 15 ans et plus ont été interrogées par téléphone en janvier. L'étude est réalisée tous les deux ans par l'institut Ipsos, et ses résultats traditionnellement publiés avant l'ouverture du Festival du livre de Paris (21 au 23 avril).

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