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Cinéma : les cinq films de 2022 qu'il faut rattraper

Le film «Pacifiction» d'Albert Serra, avec Benoît Magimel. [Les Films du Losange]

L'année 2022 a été très riche en excellentes surprises côté cinéma. Face à une offre parfois trop foisonnante, certaines œuvres n'ont pas trouvé leur public ou n'ont pas eu la reconnaissance qu'elles méritaient. En voici une petite sélection.

En 2022, vous avez été nombreux à voir «Avatar : La voie de l'eau», «Top Gun : Maverick» ou encore «Les Minions 2». De grands succès populaires pour une année cinématographique sous le signe des grandes suites, mais aussi de propositions plus singulières.

Face à ces mastodontes qui ont parfois monopolisé les salles ou l'espace médiatique, d'autres longs-métrages auraient mérité l'intérêt des spectateurs. Comédie, animation, drame, horreur ou inclassable, voici cinq films de 2022 qu'il faut absolument rattraper avant de définitivement basculer en 2023.

«Pacifiction» d'albert serra, encore au cinéma

Parmi les centaines de longs-métrages sortis en salles obscures ou sur les plates-formes de S-VOD,  il y a une œuvre qui s'est dangereusement approchée du terme «perfection». Et comme la linguistique fait bien les choses, «Pacifiction» d'Albert Serra en est une belle rime.

Sur l'île de Tahiti, des rumeurs laissent croire à la reprise d'essais nucléaires français. De Roller (Benoît Magimel) essaye de démêler le vrai du faux en menant son enquête, qui conduira le spectateur à un long-métrage hybride, entre thriller d'espionnage paranoïaque et théâtre macabre de vanités. Avec seulement 50.000 entrées, «Pacifiction» est malheureusement passé inaperçu et ce, malgré une sélection en compétition officielle au dernier Festival de Cannes.

Ce n'est pourtant pas si étonnant. D'une durée fleuve de 2h45, tout en étant avare en action ou en rebondissements, le huitième film d'Albert Serra («La Mort de Louis XIV», «Liberté») est exigeant, se construisant en situations très simples, mais filmées avec maestria. De par sa plasticité et sa beauté formelle, sublimant son cadre polynésien, il est un sérieux candidat au titre de «chef d'oeuvre». Et pourrait offrir à Benoît Magimel, transformé ici en figure massive et difforme, sa deuxième statuette d'affilée à la prochaine cérémonie des Césars.

«Junk Head» de Takahide Hori, en DVD et Blu-RAY

Après quelques décennies de balbutiements, le cinéma d'animation japonais est aujourd'hui pleinement ancré dans les salles de cinéma en France. Cette année, «One Piece - Red», adapté du célèbre manga éponyme, a frôlé le million de spectateurs.

Sorti cet été grâce à UFO Distribution, «Junk Head» est un véritable OFNI (objet filmique non identifié, ndlr). Dans un futur lointain, les humains ont pratiquement disparu au profit de créatures créées artificiellement. Un explorateur cyborg est alors envoyé dans les souterrains, où ces êtres vivent, pour découvrir comment ils se reproduisent.

Ce qui fascine avec «Junk Head», au-delà de sa diégèse fantasque, c'est son contexte de fabrication. Car ce long-métrage d'animation en stop-motion a été conçu quasi intégralement par son réalisateur. Du scénario, à la conception des marionnettes, en passant par la musique et le montage, Takehide Hori a composé les 140.000 plans que contient ce film singulier. Un immanquable pour les amateurs de «japanimation», ou pour un public curieux et averti.

«Bruno Reidal» de Vincent Le port, en DVD et Blu-RAy

Attention film choc. Pour son premier long-métrage, le Rennais Vincent Le Port raconte l'histoire vraie de Bruno Reidal, un adolescent du Cantal qui a décapité un enfant de 12 ans au début du XXe siècle.

Et pour traiter ce sinistre fait divers, le réalisateur fait un choix audacieux, en transformant son monstrueux protagoniste en objet d'étude psychiatrique. Tout au long du film, le spectateur observe le point de vue de Bruno Reidal, dressant l'autoportrait de sa psyché morcelée au professeur Alexandre Lacassagne, un des médecins fondateurs de l'anthropologie criminelle.

Évitant les clichés du genre, Vincent Le Port signe une œuvre glaçante et sans concession. Rien ne nous est épargné, des pulsions scabreuses du meurtre et son acte horrible, montré frontalement. Interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salles, «Bruno Reidal» n'a pas laissé les spectateurs indifférents. Son interprète principal, Dimitri Doré, a été sélectionné dans la liste des Révelations 2023 de l'Académie des Césars.

«Une Obsession venue d'ailleurs» de Dan Berk et Robert Olsen, sur Paramount+ via MYCanal

Un titre énigmatique pour une histoire qui l'est tout autant. Dans ce petit film conceptuel, entre science-fiction et horreur, signé Dan Berk et Robert Olsen («Body», inédit en France et «Villains», seulement à la location), un couple se retrouve en forêt pour une randonnée. Tandis qu'ils confrontent leurs difficultés relationnelles, quelque chose rôde.

Partant sur des bases très réalistes, avec une étude du couple en pleine déconstruction dans un cadre hostile, «Une Obsession venue d'ailleurs» se transforme à mi-parcours. En dire plus serait divulgâcher l'expérience.

Ce qui est certain, c'est que le duo de réalisateurs n'hésite pas à céder à quelques outrances grand-guignolesques pour bousculer le spectateur. Lorgnant entre l'oeuvre de H.P. Lovecraft et celle de John Carpenter (les allusions à «The Thing» ne manquent pas), «Une Obsession venue d'ailleurs» mérite sa chance auprès des amateurs de science-fiction et d'horreur.

«Mes frères et moi» de Yohan Manca, en DVD et Blu-Ray

Sur une note plus légère, notre dernière recommandation sera «Mes frères et moi» de Yohan Manca. Le récit suit le jeune Nour, 14 ans, vivant sur le littoral héraultais, près de Montpellier. Condamné à des travaux d'intérêts généraux pour l'été, il fait la rencontre de Sarah, une chanteuse lyrique, avec qui il développera sa passion pour la musique.

Librement inspiré de la pièce de théâtre «Pourquoi mes frères et moi on est parti», d'Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, «Mes frères et moi» déploie une énergie sincère grâce à ses personnages, tous très attachants. Mention spéciale à Judith Chemla et à l'excellent Sofian Khammes, également à l'affiche en 2022 de «Sentinelle Sud», «Enquête sur un scandale d'État» et «Novembre», qui magnifie chaque scène à laquelle il contribue.

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