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Cinéma : 5 films de monstres aquatiques pour dissuader les amateurs de baignade

Le film Pirahna 3D, réalisé par le français Alexandre Aja, est sorti en salles durant l'été 2010 [Dimension Films / Wild Bunch Distribution]

Cet été marque le retour d'un monstre emblématique du cinéma, le requin, dans «L'Année du requin» des frères Boukherma, en salles le 3 août prochain. Mais ce n'est pas la seule créature aquatique à avoir effrayé les spectateurs. Voici cinq films pour y réfléchir à deux fois avant de faire trempette.

Le chef d'Œuvre : «les dents de la mer», de Steven Spielberg (1975)

«Plus personne n'osait se baigner». Cette citation vient directement à la bouche lorsqu'on parle du chef d'oeuvre signé Steven Spielberg. Dans une station balnéaire de la côte est des États-Unis, un grand requin blanc s'attaque aux baigneurs. Un pitch simple, mais une terreur bien réelle pour ce qui est catalogué comme le premier «blockbuster» de l'histoire du cinéma. Malgré une production difficile et un requin animatronique défaillant, «Les Dents de la mer» est devenu le plus grand succès de l'histoire du cinéma, avant d'être détroné par «Star Wars».

Récompensé par trois Oscars (son, montage et musique pour la partition inoubliable de John Williams), le long-métrage tient son succès de sa mise en scène millimétrée et son remarquable sens du dosage. Spielberg manie habilement la peur en ne dévoilant que petit à petit sa créature sous-marine, rendant chacune de ses apparitions terrifiantes. Le film est aussi caractérisé par sa violence qui trouve son acmé dans son final, lors de l'attaque du requin sur le bateau, où le pauvre personnage de Robert Shaw se fait dévorer face caméra. Un grand film de terreur et un rattrapage évident pour les chaudes nuits d'été.

Le Classique : «L'étrange créature du lac noir», de Jack Arnold (1954)

Au sein du Hollywood des années 50, celui qui cèdera bientôt du terrain à la télévision, Jack Arnold tient une place particulièrement haute. La plupart de ces films tiennent sur un concept lié aux créatures ou aux transformations physiques : «Tarantula !», «L'Homme qui rétrécit» et peut-être le plus culte d'entre eux, «L'Étrange Créature du lac noir». Produit et sorti en 3D en 1954, il reprend la même structure de récit que le premier film «King Kong» de 1933. Un savant monte une expédition avec des scientifiques et sa compagne, pensant trouver la preuve d'un lien entre l'Homme et les animaux marins. Ce qu'ils y trouveront, c'est une créature amphibie préhistorique, tueuse d'homme et amateur de femmes.

Pourvu d'une déstabilisante atmosphère sexuelle, «L'Étrange créature du lac noir» met en scène la perversion masculine dans son aspect le plus monstrueux. Le célèbre design de la créature, autant lubrique que madré, renforce son aspect dérangeant. Le tout est sublimé par le décorum marécageux dans lequel tentent de survivre les personnages. C'est également l'utilisation de la 3D lors de séquences sous-marines - une prouesse pour l'époque - qui maintient la peur dans les yeux du spectateur. Pour l'anecdote, il s'agit du premier film diffusé en 3D à la télé, en octobre 1982, dans l'émission «La dernière séance», présentée par Eddy Mitchell.

L'irrévérencieux : «Piranha 3D», d'Alexandre Aja (2010)

Après quelques productions françaises, le français Alexandre Aja (fils du réalisateur Alexandre Arcady) s'est exporté aux États-Unis afin de poursuivre plus aisément sa carrière dans le cinéma de genre. Une réussite marquée par «La Colline à des yeux» ou encore «Crawl» (une autre production géniale avec un monstre sous-marin : l'alligator), mais surtout par l'un des plus grands succès de sa carrière : «Piranha 3D». Pendant le spring break américain, dans une station balnéaire d'Arizona, une faille sous-marine s'ouvre et laisse s'échapper de voraces pirahnas préhistoriques friands de viande humaine.

Contrairement à la croyance populaire, «Piranha 3D» n'est pas un remake du «Piranhas» de Joe Dante (aussi auteur des «Gremlins»). C'est en tout cas ce qu'assure Alexandre Aja lorsqu'il présente le film. Et il est vrai qu'entre les deux productions, seul l'aspect ludique semble correspondre. Car «Piranha 3D» est le film le plus fun de cette liste...Et assurément le plus gore !

Dans ce concept assumé jusqu'au bout, le réalisateur français se permet toutes les outrances. De la sexualité à l'ultraviolence, Aja semble s'amuser avec ses personnages comme il le ferait avec des petits soldats. Résultat : un festival d'hémoglobine, avec en prime deux acteurs de la saga Retour vers le futur : Christopher Lloyd et Elisabeth Shue. À réserver tout de même à un public très averti.

Le politique : «The Host», de BOng-Joon Ho (2006)

Il est désormais inutile de présenter Bong-Joon Ho. L'auteur de «Parasite», brillante charge sur le capitalisme et les inégalités sociales, a été récompensé de la Palme d'Or au Festival de Cannes 2019 et de l'Oscar du meilleur film l'année suivante, une première pour un film sud-coréen. Avant cela, l'auteur n'en était pas à son premier coup de maître, avec «Memories of Murder», «Snowpiercer» et également «The Host». À Séoul, un monstre géant surgit de la rivière Han et enlève la petite fille du héros (interprété par Song Kang-Ho, fraîchement récompensé du prix d'Interprétation masculine à Cannes cette année).

The Host fait partie de ces films inclassables. À la fois comique, horrifique et spectaculaire, il mêle habilement les genres pour nous impliquer dans le destin d'une famille perdue face à la catastrophe. Mais derrière cette catastrophe se cache une lourde critique de l'impérialisme américain. À travers plusieurs éléments du film, Bong-Joon Ho renvoie aux conflits ayant frappé l'Asie d'après Seconde Guerre mondiale, notamment la Guerre de Corée.

Si The Host reste un long-métrage fantastique, il est également inspiré d'un fait réel. En 2000, Albert McFarland, un entrepreneur travaillant pour les forces américaines basées en Corée, ordonne de déverser un produit toxique, du formaldéhyde, dans la rivière Han. Les conséquences écologiques sont catastrophiques puisque les terres agricoles sont polluées sur des kilomètres. L'opinion publique coréenne s'était indignée et avait alors remis en cause la présence américaine sur place. Cette histoire inspire le prologue du film, qui retravaille ce fait divers pour l'intégrer au concept de monstre aquatique. Un long-métrage hybride et passionnant.

Le Nanar : «Apocalypse dans l'Océan rouge», de Lamberto Bava (1984)

Si d'aventures, vous cherchez des exemples de films de monstres aquatiques, bon nombre des résultats ne seront pas à la hauteur. En quête pour sortir «le» successeur aux «Dents de la mer», les studios vont produire des quantités monstrueuses d'ersatz fauchés. Ainsi, à l'exception de quelques réussites («Piranhas» de Joe Dante ou «Lake Placid» de Steve Miner), les spectateurs ont eu droit à leur lot de nanars (traduction : des films tellement mauvais qu'ils en deviennent drôles) subaquatiques. 

À ce titre, le cinéma italien, qui commence sa longue descente aux enfers dans les années 1980, affole les compteurs. C'est dans ce contexte que sort «Apocalypse dans l'Océan rouge», aussi sorti sous le titre «Le Monstre de l'Océan rouge». Il s'agit là d'un «mockbuster», soit la version plagiée et à petit budget, d'une grosse production, des Dents de la Mer...3. Dans une station balnéaire de Floride, des plaisanciers servent de repas à un monstre marin à tentacules.

«Apocalypse dans l'Océan rouge» coche ainsi toutes les cases de la série Z : acteurs en roue libre, créature en carton-pâte et dialogues feuilletonesques. Notre confrère de Nanarland détaille d'ailleurs tous ces défauts dans leur analyse. Mais celui-ci à une saveur toute particulière. Son réalisateur, Lamberto Bava, fils de Mario (l'un des plus grands maîtres du cinéma d'horreur italien), s'en donne à cœur joie sur certaines séquences sanguinolentes. Une production bis réjouissante et divertissante, pour les amateurs de nanars et disponible gratuitement (et en français) sur Youtube.

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