En direct
A suivre

La Fouine : «le rap n’était pas forcément mieux avant, mais la société oui»

La Fouine sort un nouvel album nommé XXI. [Saïd El Abadi]

A l’occasion de la sortie de son nouvel album XXI ce vendredi, La Fouine, présent depuis près de 20 ans sur la scène du rap français, s’est confié à CNEWS sur sa carrière, mais également l’évolution d’un genre qui a bien changé au fil des années.

Il est passé de petit à grand frère du rap tricolore. A 39 ans, le natif de Trappes est de retour avec un projet de 16 titres dont 2 featurings (Kofs et Dinor). Toujours aussi éclectique (rap dur, textes beaucoup plus posés), La Fouine, de son vrai nom Laouni Mouhid, «kiffe» toujours son métier et ne compte pas s’arrêter.

Pourquoi avoir choisi XXI pour votre retour ?

2020, c’est une année qui m’a saoulé, qui a saoulé tout le monde. La pandémie, la perte de travail, de plaisir pour beaucoup, c’était assez catastrophique. De mon côté, j’ai perdu un être cher… J’étais pressé que l’année passe. Alors cet album, c’est plus un symbole d’espoir. Voilà pourquoi je l’ai appelé XXI.

On y retrouve La Fouine tel qu’on le connaît, avec du rap dur mais aussi plus calme.

J’ai toujours aimé ces deux facettes depuis le début de ma carrière. J’aime le rap qui cogne, quand il y a de la punchline sale et que c’est sans concession. Mais j’aime aussi m’exprimer sur des sujets qui me tiennent à cœur, rapper à cœur ouvert. C’est comme ça que j’écoute de la musique et que j’aime en faire.

On y trouve d’ailleurs beaucoup de confessions …

Dans cet album, il y a beaucoup de sujets où je me confie. J’avais envie de les partager avec le grand public. On retrouve des morceaux comme le Tour de la zone, Pardonne-moi, … il y a toujours ces messages un peu conscients. Je trouve que ça se perd un peu dans le rap aujourd’hui. On vit dans une époque qui est géré par les chiffres, la certification et la musique un peu plus «club».

Quand je prends le micro, j'aime me rappeler d'où je viens, qui je suis.

On perd le message pour notre communauté, pour les jeunes de banlieue, ceux en difficulté, ceux qui n’ont pas la parole… Quand je prends le micro, j’aime me rappeler d’où je viens, qui je suis. Ces chansons marchent un peu moins mais tant pis. Il y a un public qui a toujours besoin de ça.

Avec près de 20 ans de carrière, comment avez-vous vu l’évolution du rap ?

Le rap, c’est une musique très sociale. Si tu veux suivre le rap, il faut suivre l’évolution de la société, de nos quartiers. On vit dans une société qui a énormément changé, avec les réseaux sociaux, avec le séparatisme que l’on peut retrouver au sein de nos élites politiques. Je pense que l’on souffre un peu de tout ça dans nos quartiers. Ça se ressent dans la musique. Les jeunes d’aujourd’hui préfèrent beaucoup plus écouter de la musique enjouée pour s’éloigner de tous les problèmes qu’ils vivent. Ça laisse un peu moins de place pour les musiques à caractère révolutionnaire. Ce n’est pas spécialement la musique qui a changé mais notre société. A mon époque, le rap était engagé. Aujourd’hui, il y a de très bons rappeurs évidemment. Le rap n’était pas forcément mieux avant mais la société oui.

Comment trouvez-vous la motivation après tant d’années ?

Je suis un «kiffeur» de musique. Le rap est dans mes gènes depuis que j’ai sept ans. Dans cet album, on ressent ce côté kicker quand je pose sur la «trap» ou la «drill» d’aujourd’hui, j’ai l’impression que je suis toujours dedans, sinon j’arrêterais.

Qu’est-ce qui vous anime ?

J’aime imaginer comment les gens vont recevoir ma musique. J’ai envie de donner de bonnes ondes aux personnes qui vont se lever et écouter ma musique. C’est très important. On parle beaucoup de religion mais on oublie de parler de l’énergie.

On vit une époque compliquée. C'est vraiment dur en France.

Et d’avoir de bonnes énergies. Et encore plus aujourd’hui. On vit une époque compliquée. C’est vraiment dur en France. C’est bien de donner cette touche de bonne humeur. 

Vous avez invité deux rappeurs de la nouvelle génération (Dinor et Kofs) d’ailleurs.

Ce sont des artistes de cette nouvelle génération que j’ai découvert. J’aime beaucoup ce qu’ils font. Ils ont de la bonne énergie. Et je pense que l’on a fait deux très bons sons.

Vous vivez désormais entre les Etats-Unis et le Maroc. Et la France ? 

Je suis en effet partagé entre les États-Unis et le Maroc mais j’aime toujours autant la France. Je suis toujours l’actualité de mon pays. Lorsque je regarde les informations à la télévision, ce sont des élites politiques avec lesquelles je ne me reconnais pas. J’ai rencontré les gens et tout ce qui revient, c’est qu’ils n’ont plus confiance. Le lien est rompu. J’aime la France réellement. J’ai passé les plus belles années de ma vie. Ce gouvernement fait oublier les bienfaits que la France a eu pour nous. Je ne pourrai jamais cracher sur la France car je l’aime. Mais ce gouvernement… Il y a beaucoup de choses qui nous divisent au lieu de nous unir.

La pandémie de Covid-19 n’a rien arrangé…

Il y a plus de réseaux sociaux que de liens sociaux. On s’est renfermé sur nous ces derniers temps, surtout avec le Covid. Le couvre-feu, le confinement… c’est affreux pour tout le monde. Ça m’a fait patienter personnellement. J’avais prévu de sortir mon album plus tôt. J’avais une tournée aussi de prévu mais j’attends. Je ne pourrais pas faire un concert avec une jauge, il faut du contact. Ça peut être dans un an, deux ans.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités