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Un Paris méconnu se dévoile à la cité de l'architecture

Le 25 juillet 1914, Stéphane Passet immortalisait ce carrefour du 2e arrondissement de Paris grâce au procédé de l'autochrome Le 25 juillet 1914, Stéphane Passet immortalisait ce carrefour du 2e arrondissement de Paris grâce au procédé de l'autochrome [© Département des Hauts-de-Seine / Musée départemental Albert Kahn / Collection des Archives de la Planète]

Le Paris de la Belle Epoque se dévoile à la cité de l'architecture dans une exposition émouvante.

En exhumant une partie non négligeable du fond photographique accumulé par le banquier et mécène Albert Kahn au début du vingtième siècle, la Cité de l'architecture braque les projecteurs sur ce Paris intemporel et délicat, dénué de voitures et de grouillement piétonnier. Subsistent des lieux et surtout des humains immortalisés dans leur quotidien.

Les Archives de la planète : un projet titanesque

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Auguste Léon, l'opéra Garnier, 24 mai 1920 © Département des Hauts-de-Seine / Musée départemental Albert Kahn / Collection des Archives de la Planète

Banquier mécène et humaniste, Albert Kahn (1860-1940) a entrepris en 1909 un vaste projet visuel  : les Archives de la Planète. Le principe ? Une douzaine d'opérateurs, «armés» chacun d'un autochrome - premier procédé industriel de photographie en couleurs - et d'un cinématographe, parcourent le globe afin d'établir un «dossier de l'humanité prise en pleine vie» à l'orée de changements inéluctables, comme en témoigne alors le géographe Jean Brunhes, partie prenante du projet et mort en 1930.

Ces photographes et cinéastes ont alors collecté, durant près de trente ans, près de 5000 clichés de la capitale française (sur 72 000 images fixes en couleur du monde entier !) et plus de 90 000 mètres de films.

Grâce à ces témoignages en images, Jean Brunhes et Albert Kahn ont pu, entre 1910 et 1937, accéder à un double but : montrer une capitale riche d'une longue et grande Histoire, jouissant d'un patrimoine exceptionnel, et dans le même temps dévoiler les multiples évolutions d'une métropole tournée vers l'avenir, en pleine métamorphose.

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Auguste Léon, cinéma Lutetia-Wagram, Paris 17e, mai 1918 © Département des Hauts-de-Seine / Musée départemental Albert Kahn / Collection des Archives de la Planète

Etrangement, ce fond photographique et cinématographique est resté plutôt confidentiel. Il aura fallu attendre 2020 pour que le département des Hauts-de-Seine et le futur Musée départemental Albert Kahn (dont l'ouverture est programmée en 2021) dévoilent ces collections.

Un Paris surranné mais intemporel

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Stéphane Passet, Le Mouin Rouge, juin-juillet 1914 © Département des Hauts-de-Seine / Musée départemental Albert Kahn / Collection des Archives de la Planète

Un homme à sa fenêtre au dessus d'une friperie, les publicités envahissants l'entrée du moulin rouge, des angles de rues désertes, des petites boutiques ultra-spécialisées très colorées et des enfants qui posent dans la cour d'un immeuble... L'occasion aussi de découvrir un sol qui se fend en deux sur les quais sous la force de la cru de la Seine, les charettes à bras et les chevaux qui cotoient les rutilents tramways et automobiles, ou les problématiques d'insalubrité dans le «vieux Paris» menacé par la tuberculose.

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Anonyme, une famille rue du pot de fer, Paris 5, juillet 1914 © Département des Hauts-de-Seine / Musée départemental Albert Kahn / Collection des Archives de la Planète

Ce Paris là n'existe plus. Pourtant, lors du récent confinement, les images d'un Paris désert, patrimonial mais intime, avait ému le public, témoignant de l'attachement des Parisiens à leur ville. C'est un peu le même phénomène qui s'opère à la vue de ces clichés d'une autre époque : le procédé photographique lent gomme alors les passants et ne révèle que l'immobilité de certains. Grâce aux films, on peut au contraire se rendre compte du bouillonnement de la Ville Lumière.

Au final reste l'impression que Paris, malgré les innovations techniques et les époques, se révèle aussi intemporelle qu'en constante évolution. Si la couleur y est certainement pour quelque chose, la magie, elle, opère avec éclat.

Paris 1910 - 1937. promenades dans les collections d'Albert Kahn, jusqu'au 11 janvier 2021 à la Cité de l'architecture et du patrimoine.

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