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«La Chute» est une uchronie glaçante sur la propagation d'un virus dans le monde La Chute est une uchronie glaçante sur la propagation d'un virus dans le monde[© Jared Muralt / Futuropolis]

Si le confinement a obligé nombre d'éditeurs à repousser leurs parutions, quelques-uns ont néanmoins réussi à sortir des titres. Et c'est un bon cru.

«La malediction du pétrole» de Pécau et Blanchard

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© Pécau, Blanchard / éd. Delcourt

L'histoire : Le pétrole.

Pourquoi on a aimé :

Et si l'Histoire pouvait se relire à la lueur d'une lampe à pétrole ? C'est ce qu'ont fait Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard, dans une BD documentaire de haute volée sur la conquête du pétrole, des origines jusqu'à nos jours. Le lecteur apprendra avec stupeur comment le pétrole s'est rendu indispensable à la marche du monde, et pourquoi cette marche vers l'effondrement - les puits ne sont pas inépuisables - ne peut pas s'arrêter. Il découvrira également qui se cachent derrière les grands trusts pétroliers et comment cette course à l'or noir a provoqué de multiples conflits et conduit le sens de l'Histoire. Les jolies allégories de Fred Blanchard tendent à éclaircir avec pédagogie un domaine assez opaque. Son noir et blanc très pur est, lui, un régal pour les yeux. Un documentaire édifiant.

«La malédiction du pétrole», de J.P. Pécau et F.Blanchard, éd. Delcourt, 17,50€ (disponible aussi en format numérique)

«La Bombe» d'Alcante, Bollée et Rodier

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© Alcante, Bollée, Rodier / éd. Glénat

L'histoire : Le 6 août 1945, la ville d'Hiroshima est ravagée par une bombe atomique. Comment est née la bombe H ? Alcante, Bollée et Rodier creuse le sujet de manière exhaustive depuis la découverte de l'uranium jusqu'à l'explosion de la bombe.

Pourquoi on a aimé :

Alors qu'en 2020, on commémore le 75e anniversaire de la catastrophe, Didier Alcante («Rani», «XIII Mystery») et L.F. Bollée («Terra doloris») signent le scénario de cette passionnante saga sur l'histoire de la bombe atomique. Avec Denis Rodier au dessin (très connu Outre-Atlantique pour sa collaboration aux séries de DC Comics et Marvel), le trio signe une remarquable fresque historique, allant des confins des âges avec la formation de l'uranium sur Terre jusqu'au funeste jour du 6 août 1945. On croise entre temps Einstein, Oppenheimer, Fermi, Roosevelt, ou encore Truman et de nombreux protagonistes restés dans l'ombre, dont des militaires japonais comme américains. Toutes ces histoires forment alors ce puzzle entraînant qui mène à la catastrophe que l'on connaît. L'éditeur, Glénat, la compare très justement à Chernobyl, la série documentaire de Netflix. Elle est en tout cas au moins aussi addictive.

«La Bombe», d'Alcante, Bollée et Rodier, éd. Glénat, 39 € (existe aussi en version numérique)

«New Cherbourg stories» de Gabus et Reutimann

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© Gabus, Reutimann / éd. Casterman

L'histoire : Dans un Cherbourg de fiction - «New Cherbourg» - , une étrange créature est découverte sur la plage. Avant que le scandale n'éclate, son existence est étouffée. Mais un dossier en faisant état a été dérobé. Les agents Côme et Pacôme, deux frères jumeaux, sont missionnés pour le retrouver...

Pourquoi on a aimé :

Avis aux amateurs de ligne claire et les aventures farfelues qui sont souvent attachées à ce type de graphisme. Les frères et agents, Côme et Pacôme, sont certes plus futés que Dupont et Dupond mais leurs aventures n'ont pas à rougir face à un Tintin ou un Mortimer. Pari risqué de la part des auteurs, Pierre Gabus et Romuald Reutimann, les auteurs de la remarquée «Cité 14», couronnée Meilleure série au Festival d'Angoulême en 2012, que d'imaginer cette histoire dans un Cherbourg aussi «belle époque» que totalement fictionnel, habité par des créatures venues d'un autre univers. Les deux auteurs jouent ici avec ce décalage et livrent un premier tome plein de promesses, composé de personnages attachants et plus complexes qu'ils n'y paraissent. D'abord paru dans la presse locale, ce «New Cherbourg stories» multiplie habilement les clins d'oeil à leur ville, connue habituellement plus pour son crachin et son port, et possède ce je-ne-sais-quoi des feuilletons désuets de l'entre-deux guerres, rehaussé d'une bonne dose d'uchronie qui pourrait bien plaire à un large public.

«New Cherbourg stories», tome 1, «Le monstre de Querqueville», de Pierre Gabus et Romuald Reutimann, éd. Casterman, 14,50€

«La chute» de Muralt

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© J.Muralt / Futuropolis

L'histoire : Dans un futur très proche, une étrange «grippe estivale» décime la planète et notamment Berne, où habitent Liam et ses deux enfants. Parmi les innombrables victimes : la femme infimière de Liam, tuée elle aussi par ce virus. Très vite, la saturation des hôpitaux, la fermeture des écoles, des universités, l'interdiction des rassemblements et la récession économique provoquent la panique des habitants encore debouts. La nourriture se fait rare et le pays est au bord de la guerre civile. Liam, lui, hésite entre un départ vers les montagnes, ou rester dans la zone de quarantaine où se situe leur appartement. En attendant, il va devoir nourrir les siens.

Pourquoi on a aimé : attention âmes sensibles s'abstenir, en cette période de confinement où les questions sont nombreuses quant à l'avenir. Que les lecteurs ne s'y trompent pas : l'illustrateur suisse, Jared Muralt, n'a, en aucun cas, voulu surfer sur l'actualités puisque «La chute» est sortie avant le début du confinement et a été imaginé bien avant la crise sanitaire actuelle. Le scénario n'en est que d'autant plus fort, et résonne de manière troublante dans notre actualité. Liam, loin d'être un super-héros aux désirs de changer le monde, est avant tout un père de famille submergé de chagrin face à la mort de sa femme, et en proie à la terreur face au tournant que prend la planète. Dans un style assez classique mais très efficace, Jared Muralt met l'accent, dans ce premier volume, sur l'humanité des personnages et dresse le décor d'une aventure digne de «The walking dead». Pas de bons, ni de méchants mais un monde en proie à l'apocalypse. Six tomes sont prévus à ce jour. On attend la suite - et une happy end ? -avec impatience, dans l'attente aussi que le monde de l'édition reprenne ses parutions, suspendues avec la crise liée au coronavirus actuel.

La chute, de J. Muralt, éd. Futuropolis, 15€ (disponible également en format numérique)

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