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Uderzo pas victime d'un abus de faiblesse

Albert Uderzo dans son bureau à Neuilly-sur-Seine le 2 octobre 2012 [Joël Saget / AFP/Archives]

Albert Uderzo, cocréateur d'Astérix, n'est pas, pour la justice, victime d'un abus de faiblesse contrairement à ce que soutient sa fille, au vu d'une décision tout juste rendue dans le feuilleton judiciaire autour de l'irréductible mais surtout très rentable petit Gaulois.

"Les juges d'instruction ont rendu mardi une ordonnance de non-lieu" dans la plainte déposée en 2011 par Sylvie Uderzo, a appris l'AFP mercredi auprès du parquet de Nanterre.

Sylvie Uderzo, fille unique et principale héritière, accuse certains membres de l'entourage de son père, aujourd'hui âgé de 86 ans, de profiter de son état de santé pour influer sur la gestion de son œuvre et de sa fortune.

Au terme de deux ans et demi d'instruction, il n'existe pas, pour les juges, "de charges suffisantes contre quiconque d'avoir commis les faits d'abus de faiblesse" à l'encontre du dessinateur, décrit comme "lucide", et qui "possède une pleine capacité à prendre des décisions".

Albert Uderzo et son épouse Ada, entendus à plusieurs reprises par des experts, ont immédiatement réagi, souhaitant dans un communiqué que ce non-lieu "mette un terme au harcèlement judiciaire et médiatique orchestré par leur fille et leur gendre Bernard de Choisy".

Mais l'avocat de Sylvie Uderzo, Me Nicolas Huc-Morel, a déclaré à l'AFP que sa cliente allait "immédiatement faire appel" de l'ordonnance qu'elle considère comme "critiquable".

"Quand on a un certain âge, on a le droit d'être manipulé et d'être manipulable par des hommes en costume-cravate" même si l'on est pas sénile, avait-elle déclaré la semaine dernière sur Europe 1, assurant vouloir uniquement protéger ses parents "des corbeaux" qui gravitent autour de leur fortune.

Un feuilleton judiciaire

Le feuilleton judiciaire autour du célèbre Gaulois n'en finit pas de rebondir.

Le père d'Astérix a porté plainte début décembre contre sa fille et son gendre pour "violences psychologiques". "Je me suis tu pendant des années, mais aujourd'hui j'ai décidé de réagir (...) Trop, c'est trop", confiait-il, accusant Sylvie Uderzo et Bernard de Choisy de vouloir "mettre la main" sur la très rentable saga.

Sa fille a pour sa part entamé une action en justice contre l'expert-comptable du dessinateur, Armand Turquet, pour "faux témoignage".

Sylvie Uderzo pose à Paris avec des albums d'Astérix, le 28 novembre 2006 [François Guillot / AFP/Archives]
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Sylvie Uderzo pose à Paris avec des albums d'Astérix, le 28 novembre 2006
 

Le conflit familial a éclaté en 2007 lorsque Sylvie Uderzo et son époux sont remerciés par les éditions Albert René, en charge des albums d'Astérix conçus après le décès, en 1977, de René Goscinny.

La société est l'année suivante cédée à Hachette Livre, mais Mme Uderzo refuse de vendre ses parts. Elle s'oppose à la transaction et ne comprend pas que son père autorise l'éditeur du groupe Lagardère à poursuivre les aventures du Gaulois après sa mort.

En 2011, Mme Uderzo, qui a finalement vendu ses parts à Hachette, dépose plainte contre X pour "abus de faiblesse".

Elle a toujours "essayé de surfer sur la vague Bettencourt", estime une source proche du dossier. Un hôtel particulier à Neuilly appartenant au dessinateur, une "marque" connue du monde entier, des millions d'euros en jeu: l'affaire semble avoir au premier abord de nombreuses similitudes avec celle de l'héritière de L'Oréal.

Mais alors que la milliardaire a été placée sous tutelle par la justice, "il était évident qu'on s'acheminait ici vers un non-lieu car les experts n'ont rien trouvé d'inquiétant", selon une source judiciaire.

L'enjeu de cette bataille est de taille : Astérix est assis sur un tas d'or. Le célèbre Gaulois est la BD la plus vendue (352 millions d'albums) et la plus traduite (111 langues et dialectes) au monde. Le dernier album, le premier sans Uderzo, est sorti le 24 octobre dans 15 pays.

 

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