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Carla Bruni, sur un air de poésie

Carla Bruni lors d'une réception donnée par le Président Nicolas Sarkozy à l'hôtel Hyatt on the Bund de Shanghai le vendredi 30 avril 2010[CC/Peter17]

Une chose est sûre, en devenant première dame de France, Carla Bruni n’a pas perdu sa singularité, à savoir sa liberté de ton et sa sincérité. En l’espace de dix ans et quatre albums, Carla Bruni est devenue une chanteuse à succès. Retour sur la genèse de sa carrière de chanteuse.

 

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Carla Bruni est née en 1968 à Turin en Italie. Son père, industriel, compose aussi de la musique. Sa mère est une pianiste de grand talent. Menacée par les Brigades rouges, sa famille part s’installer en France en 1973. Carla Bruni apprend très tôt le piano, puis la guitare sèche. Très jeune, passionnée par la littérature, elle compose ses premiers textes. Carla Bruni est la sœur de Valeria Bruni- Tedeschi, actrice et metteur en scène.

En 1987, Carla Bruni interrompt ses études et entame une carrière de mannequin. Sous contrat avec l’agence City Models, elle suscite un engouement considérable chez les plus grands couturiers comme Christian Dior, Paco Rabanne, Gianni Versace, Karl Lagerfeld ou John Galliano. Au cours des années 90, elle brille au firmament des top-models aux côtés de Claudia Schiffer, Cindy Crawford ou Karen Mulder.

 

L’appel de la musique

A la fin des années 90, Carla Bruni quitte les podiums et se lance dans la musique. Elle écrit quelques textes pour l’album de Julien Clerc, Si j’étais elle en 2000, et en réussissant déjà ce qu’elle répétera plus tard : traduire les émotions féminines en chanson. Elle façonne par la suite avec Louis Bertignac Quelqu’un m’a dit, son premier album (2002) qui se vend à deux millions d’exemplaires, dont 1 million à l’étranger, et il se classe en troisième position des ventes. Son premier album est reçu comme un souffle d’air frais par la critique et le public. Carla Bruni, que les Français n’avaient pas devinée artiste, proposait alors une collection de chansons épurées, fort différentes des productions du moment. « Quelqu’un m’a dit » ou « Raphaël »  débarquent sur les ondes, on les chantonne dès la première écoute, et à la stupéfaction de la voir dans le rôle de chanteuse succède la conviction que, derrière cette voix douce et rocailleuse, Carla Bruni a bien les qualités d’un auteur. Elle remporte une victoire de la musique en 2004 dans la catégorie «artiste interprète féminine de l’année».

 

Vidéo : « Quelqu’un m’a dit » de Carla Bruni                           

 

 

L’histoire veut que Carla Bruni, alors adolescente, soit venue voir le musicien à l’époque membre du groupe Téléphone. Une grande amitié naîtra entre eux deux. Ils partagent une même sensibilité artistique, extrêmement complémentaire. Carla Bruni lui offre dix chansons pour son troisième album solo, Longtemps, sorti en 2005. Il avoue aimer son écriture. Parmi ces titres, deux duos, « Les frôleuses » et « Sans toi ».

 

Vidéo : « Les frôleuses » de Louis Bertignac et Carla Bruni

 

 

Poésie anglaise

Après le succès de son premier album, Quelqu’un m’a dit (2002), Carla Bruni a cherché à poursuivre dans la veine de son inspiration en composant de nouveaux textes en français ou en italien. Mais en vain : «Je me suis retrouvée complètement bloquée, c’était terrible», confiait-elle à l’époque au Nouvel Observateur. Presque fortuitement, cette amoureuse des choses de l’esprit découvre la poésie en langue anglaise. Elle s’y plonge sans réserve. Seule pour commencer. Ensuite, épaulée par Marianne Faithfull qui, outre une affection passée pour Mick Jagger et une voix mélodieusement rauque, partage avec Carla Bruni cette passion pour la métrique britannique et américaine. Cette muse inattendue lui offre un recueil de sonnets de Shakespeare et l’invite à en lire un tous les soirs. La béotienne suit le conseil et s’en inspire pour composer son deuxième album, No Promises (2007).

 

Vidéo : « Those dancing days are gone » de Carla Bruni

 

 

Onze poètes – dont Yeats, Emily Dickinson ou Dorothy Parker – sont ainsi devenus les paroliers de Carla Bruni qui s’est attachée à les interpréter dans un univers folk, parfois pop, marqué par la guitare acoustique, l’harmonica, un piano discret et la ponctuation légère des percussions. La voix reste basse et sensuelle. L’approche musicale est en étroite correspondance avec le poème. Parfois, le rapport semble plus inattendu : un décalage que ne renie pas l’artiste qui a voulu mettre en avant sa propre sensibilité et non pas seulement celle supposée du poète. Louis Bertignac, l’ancien Téléphone qui fut une cheville ouvrière du succès de Quelqu’un m’a dit, est à nouveau présent pour les arrangements et la production. L’album s’est vendu à près de 630 000 exemplaires et a été certifié triple disque de platine.

 

Tournant de vie

Lorsque Carla Bruni est réapparue dans les journaux en 2008, ce n’était plus pour parler de musique. En décembre, elle s’affiche au côté du président de la République, et devient sa femme deux mois plus tard avant d’accueillir en octobre 2011 une petite fille, Giula. Pourtant, ce nouveau statut ne l’empêche pas de poursuivre et de terminer son troisième album, elle qui tient à sa liberté. Rien que dans le titre choisi, « Comme si de rien n’était », on perçoit le clin d’œil à cette nouvelle vie de première dame, qu’elle éclipse intelligemment dans ces quatorze titres. Dans son troisième album, Comme si de rien n’était, elle dévoile sentiments, doutes passés et présents, tout ce qui compose l’esprit de cette artiste entière et virevoltante. On ne dépasse d’ailleurs jamais la limite de la pudeur, comme si ses mots et formules distingués aidaient Carla Bruni à tracer un juste portrait d’elle-même. Elle s’adresse souvent à un «tu», un autre, un homme qui n’a pas de traits, mais dont elle se déclare L’amoureuse, dans la chanson qui fut le premier single de l’album. Doucement insolente, elle déclare sa flamme avec passion : «Tu es ma came / Je t’aspire, je t’expire et je me pâme», faisant l’aveu de son impuissance face à ses sentiments : «A tes pieds je dépose mes armes.»

 

Vidéo : « L’Amoureuse » de Carla Bruni

 

 

Souvenirs de jeunesse

Mais c’est son passé qui revient le plus souvent dans ce troisième opus. L’une des plus belles chansons de Comme si de rien n’était, la bien nommée « Péché d’envie », coécrite avec son ancien compagnon Raphaël Enthoven, aborde la satisfaction d’avoir pu ressentir une myriade de sentiments : « J’ai envie d’avoir prié, d’avoir désiré, dévoré », chante-t-elle. Et de ter- miner par un constat empreint de mélancolie : « Mais le temps me plie, m’enlise / Je m’y brise les dents / C’est lui le gagnant ». Sur le même thème, la chanson d’ouverture de l’album, « Ma jeunesse », est écrite comme une conversation, comme si Carla Bruni discutait avec sa jeunesse, celle qui lui a apporté tant de joies. Aujourd’hui, elle lui demande : « Qu’as-tu fait de nos nuits d’aventure ? » Et elle conclut : « Je te laisse la fin de l’histoire ».

 

Vidéo : « Ma jeunesse » de Carla Bruni

 

 

Blues, et chansons populaires

A la production de cet album, on retrouve Dominique Blanc-Francard qui a accueilli la chanteuse dans son studio parisien. Si les arrangements musicaux sont plus recherchés (Quelqu’un m’a dit privilégiait la guitare acoustique), on navigue tout de même dans une atmosphère légère, souvent inspirée du blues ou de chansons populaires américaines, avec l’arrivée de l’harmonica (notamment sur « You Belong to Me », une reprise de Bob Dylan), du saxophone, de la clarinette, voire même d’une fanfare sur la première chanson. Seule entorse, la mandoline sur « L’antilope », une chanson dans laquelle l’écriture de Carla Bruni s’assombrit : «Que la mort me prenne, je ne lui dirai pas non ».

 

Vidéo : « You belong to me » de Carla Bruni

 

 

Éternelle enfant

Mais la légèreté n’est jamais loin. Elle en fait les moments les plus amusants de son album, propices à de bons mots et formules. A l’exemple de « Je suis une enfant », constat étonnant de la part d’une femme qui incarne autant la beauté et l’élégance. « Je suis une enfant / Malgré mes quarante ans ». C’est donc sans résistance que l’on se laisse emporter par la magie de ce nouvel album, à la fois plus intimiste et plus profond que les précédents.

 

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