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Tom Hanks, héros américain

Tom Hanks en 1989[CC/Alan Light]

Tom Hanks, oscarisé à deux reprises, est l’un des plus grands acteurs américains en activité, apprécié par la critique et adulé par le public. Retour sur la carrière de l’acteur de Forrest Gump et Philadelphia.

 

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Acteur le plus populaire du cinéma américain, Tom Hanks a généré au cours de sa carrière plus de huit milliards de dollars au box office mondiale, ce qui fait de lui l’acteur le plus prolofique de l’histoire du cinéma en matière de succès commerciaux. En moyenne, son salaire par film dépasse 30 millions de dollars. Pour Anges et démons (Ron Howard, 2009), la suite du Da Vinci Code, il aurait reçu un cachet de 35 millions de dollars, à l’époque le plus important de l’histoire du cinéma. Il est resté, comme nombre de grands acteurs, un timide maladif, se réfugiant dans l’humour permanent. Une timidité issue de son enfance, dans un contexte familial instable. Adolescent, il découvre le théâtre et se passionne pour la comédie.

Après des études à Sacramento (Californie), Tom Hanks s’installe à New York. Il joue dans de nombreuses pièces, puis retourne dans sa Californie natale pour un premier rôle dans une série télé (La Croisière s’amuse). Logiquement, c’est vers les studios que lorgne le jeune acteur. En 1984, il est dirigé (déjà) par Ron Howard dans Splash, puis enchaîne les comédies, avant de se faire un nom avec Big (Penny Marshall, 1988), dans lequel il incarne un garçon qui se réveille dans un corps d’adulte. Il doit à ce rôle, sur lequel repose tout le film, sa première nomination aux oscars. Jusqu’au Bûcher des vanités (Brian de Palma, 1990), une adaptation du best-seller de Tom Wolfe, il enchaîne les comédies insignifiantes, mais s’inscrit dans le paysage cinématographique comme l’Américain moyen, au visage angélique voire enfantin, au physique banal – un peu lisse selon ses détracteurs. Bien qu’il ait déjà mis à mal cette image dans le film parodique de Joe Dante Les Banlieusard (1989).  

 

Vidéo : Bande-annonce de Big (Penny Marshall, 1988)

 

 

Philadelphia, le tournant

Faut-il toujours un «rôle de rupture» pour qu’un acteur soit définitivement adopté par le public ? Apprécié pour son rôle d’amant à distance de Meg Ryan dans Nuits blanches à Seattle (Nora Ephron, 1993), il est bouleversant en avocat séropositif dans Philadelphia (Jonathan Demme, 1993) aux côtés de Denzel Washington. Incontestablement pour Tom Hanks, il y a un avant et un après Philadelphia. Non seulement parce qu’il reçoit, pour son interprétation de l’avocat homosexuel et sidéen Andrew Beckett, l’oscar du meilleur acteur, mais aussi parce qu’il s’agit du premier grand rôle dramatique de l’acteur, jusque-là cantonné dans des comédies sentimentales. Ce film est le premier à exposer au grand public les problèmes liés au sida et les difficultés d’intégration des homosexuels.

 

Vidéo : Bande-annonce de Philadelphia (Jonathan Demme, 1993)

 

 

C’est peut-être avec Forrest Gump, en 1994, que le talent de l’acteur s’exprime le mieux, à travers les dimensions dramatique et comique du personnage. Tom Hanks est impressionnant de simplicité dans la peau de ce benêt qui traverse les événements marquants de la fin du XXe siècle. En recevant une seconde statuette de l’Académie des acteurs en deux ans consécutifs, il réitère la performance de Spencer Tracy en 1937-1938. Le film devient culte dès sa sortie en salles, et donne à Tom Hanks une renommée mondiale.

 

Vidéo : Bande-annonce de Forrest Gump (Robert Zemeckis, 1994)

 

 

Le héros moyen

Il est désormais celui à qui l’on fait appel pour incarner, plus que l’Américain moyen, le héros américain moyen. Dans Apollo 13 (Ron Howard, 1995), retrouvant le réalisateur de son premier film, il est aux commandes de la fameuse mission dont l’échec a tenu l’Amérique en haleine. Mais Tom Hanks refuse d’enchaîner les blockbusters. Il réalise son premier film, That thing you do ! en 1996. Puis pour éviter de reproduire l’instabilité familiale qu’il a connue dans sa jeunesse, il interrompt sa carrière d’acteur. Il prête cependant sa voix à un cow-boy nommé Woody, dans Toy Story, premier film d’animation réalisé par le Studio Pixar.

Quand il décide de jouer à nouveau, c’est dans le costume d’un soldat qu’il reprend le héros anonyme où il l’avait laissé. Encore une fois victime, mais combattant, il survit au crash de son avion dans Seul au monde, de Robert Zemeckis. Plus que dans son rôle de sauveur du Soldat Ryan, sa performance d’acteur atteint son paroxysme avec Seul au monde. Tom Hanks, inspirateur du projet et coproducteur, joue un Robinson Crusoé moderne suite à un crash d’avion. Pour le tournage l’acteur perd une vingtaine de kilos. Le rôle lui permet d’accéder pour la cinquième fois à la liste des nommés à l’oscar du meilleur acteur.

 

Vidéo : Tom Hanks dans Seul au monde (Robert Zemeckis, 2000)

 

 

Depuis, Tom Hanks varie ses choix. Son interprétation d’un cambrioleur délirant dans Ladykillers des frères Coen (2004) était surjouée et trop burlesque pour être crédible. Son personnage est trop prévisible dans Le terminal de Steven Spielberg (probablement aussi du fait d’un scénario conventionnel). Enfin, il est Robert Langdon dans Da Vinci Code, le film événement adapté du best-seller de Dan Brown. Un rôle qui n’est pas à la hauteur de l’acteur, mais qui permet de remplir le compte en banque. Et de se consacrer à d’autres projets, comme Le Pôle Express (The Polar Express, 2004) de son complice Robert Zemeckis, film d’animation dans lequel il interprète plusieurs personnages.

 

Vidéo : Bande-annonce de Ladykillers (Ethan & Joel Coen, 2004)

 

 

Bien qu’omniprésent au cinéma pendant trois décennies, Tom Hanks se fait plus rare à partir de la seconde moitié des années 2000. Il prépare pendant cette semi-retraite un nouveau film en tant que réalisateur, Il n’est jamais trop tard, sorti en 2011 et dont il a aussi écrit le scénario. Il livre une comédie romantique enthousiaste, dans laquelle il partage la vedette avec Julia Roberts, qui fut une véritable source d’inspiration pour lui : « Cela m’est venu naturellement parce que, pour moi, elle est l’actrice idéale. Et puis, c’est une formidable conseillère sur un plateau »

 

Vidéo : Bande-annonce d’Il n’est jamais trop tard, réalisé par Tom Hanks

 

 

Un producteur engagé

Si Tom Hanks figure parmi les acteurs les plus «bankable» d’Hollywood, il est aussi l’un des plus discrets. «Mister Nice Guy» (monsieur gentil), comme aime à l’appeler la presse américaine, ne s’épanche guère sur sa vie privée. Entre deux coups d’éclat commerciaux, l’acteur a une activité indépendante. Il paraît se soucier un peu moins du succès de ses films et s’investir dans des projets qui lui tiennent à cœur. A commencer par Frères d’armes (Bands of Brothers), minisérie créée avec Stephen Ambrose pour la chaîne américaine HBO, dans laquelle Tom Hanks explore l’âme des soldats américains venus «libérer» la vieille Europe lors de la Seconde Guerre mondiale et qu’il a produit avec Steven Spielberg. Il a renouvelé l’expérience avec son réalisateur d’Il faut sauver le soldat Ryan  en produisant en 2010 la série The Pacific, centrée sur l’engagement du Corps des Marines dans le Pacifique.

 

Vidéo : Bande-annonce de La Guerre Selon Charlie Wilson (Mike Nichols, 2007)

 

 

L’acteur produit également la série Big Love, qui raconte la vie d’un mormon polygame, des documentaires sur la nature ou l’exploration spatiale, mais aussi des films, comme Max et les Maximonstres (Spike Jonze, 2009) et des téléfilms, dont Game Change (Jay Roach, 2012) sur Sarah Palin, la colistière du sénateur John McCain lors de la campagne présidentielle en 2008.

Depuis le début des années 2010, l’acteur américain s’est investi également dans des rôles à contre-emploi et aux sujets plus sombres, dont Cloud Altlas (Tom Tykwer et Andy et Lana Wachowski, 2012) et Capitaine Philips (Paul Greengrass, 2013). Il s’est intéressé également penché sur l’histoire récente des Etats-Unis. Dans Extrêmement fort et incroyablement près (Stephen Daldry, 2011), il évoque les attentats du 11-Septembre, et surtout dans La guerre selon Charlie Wilson (Mike Nichols, 2007) où Tom Hanks, coproducteur du film, prend le pari de captiver l’Amérique en interprétant un député texan très particulier qui parvient à la fin des années 1980 à mobiliser le Congrès américain et à faire financer par ce dernier l’armement des moudjahidin afghans contre l’envahisseur soviétique. Un sujet complexe, mais fondateur de la géopolitique actuelle. On y parle du Pakistan de Zulfikar Ali Bhutto – le père de Benazir Bhutto –, d’al-Qaida, d’Israël et de la stabilité du monde arabe. Tom Hanks interprète avec beaucoup de finesse Charlie Wilson, acteur politique cynique, amateur de femmes, d’alcool et de poudre blanche.

 

Vidéo : Bande-annonce de Capitaine Philips (Paul Greengrass, 2013)

 

 

Il n’en délaisse pas moins les rôles fantaisistes puisqu’il a été choisi par Disney pour interprèter le créateur de Mickey Mouse, Walt Disney dans Saving Mr Banks (John Lee Hancock, 2013) et a repris son rôle de Woody dans le troisième volet de Toy Story en 2010.

 

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