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Siné : « Le sérieux n’est pas synonyme d’ennemi, mais d’ennui »

Le dessinateur Siné en 1992 lors de son passage à Double Jeu[Capture d'écran Youtube ]

En 2009, à l’occasion de la parution de «Siné, 60 ans de dessins», qui retrace la riche carrière du dessinateur écorché vif, Direct Matin avait rencontré Bob Sinet, alias Siné.

 

Archives – Article publié le lundi 5 octobre 2009

 

S’il dessine depuis plus de soixante ans, on se souvient surtout de la récente « affaire Siné ». Ce litige avec le rédacteur en chef de Charlie Hebdo à propos d’une sortie de mauvais goût relative au mariage de Jean Sarkozy qui l’avait amené devant les tribunaux. « Cette accusation d’antisémitisme m’a bouleversé, j’ai trouvé cela tellement injuste et honteux que j’ai senti qu’il fallait réagir. A chaque fois que je subis un coup dur, je remarque que ça me fait l’effet d’un coup de fouet. J’ai donc créé Siné Hebdo. En fait, je crois que l’adversité m’amuse », explique ce jeune homme de 81 ans.

 

Vidéo : Bande-annonce de Mourir ? Plutôt crever !, documentaire consacré à Siné

 

 

En feuilletant ce livre de dessins agrémentés de textes retraçant les grandes périodes de la carrière de Siné, on peut voir le XXe siècle défiler sous ce crayon à l’énergie intacte. « Le dessin, c’est pas mon truc », assène-t-il. « C’est le message qui m’intéresse avant tout ». Combatif, l’homme s’est évertué à dénoncer tout au long de sa carrière les injustices de tout poil. Pourtant, le dessinateur n’est pas dupe : « Je ne crois pas à l’efficacité de mon boulot. Au bout de soixante ans passés à dessiner, le bilan est finalement plutôt négatif, il y a toujours plus de misère et de moins en moins d’espaces de libertés ». L’ouvrage est aussi l’occasion de revenir sur des aspects plus méconnus du dessinateur, comme sa passion pour le jazz, pour l’humour anglo-saxon (il se revendique du dessinateur américain Saul Steinberg) et une certaine littérature française. « J’ai dragué ma première femme en lisant du Prévert, j’ai souvent été aux réunions des pataphysiciens avec Queneau, Boris Vian », explique-t-il. De son enfance à Barbès et aux Buttes-Chaumont, le dessinateur des célèbres «Chats» a gardé des souvenirs émus : « C’était un vrai bonheur, on était pauvres, certes, mais il y avait un univers poétique à la Doisneau, on ne trouve cela nulle part maintenant. C’est certainement pour cela que j’ai épousé la cause des gens de basse extraction ». Sans amertume, l’homme dont les combats, comme le sourire, n’ont pas pris une ride, l’assure: « Le sérieux n’est pas synonyme d’ennemi, mais d’ennui ».

 

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