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Le "Sacre du printemps" accueilli avec ferveur pour ses 100 ans

Tamara Nijinski, la fille cadette de Vaslav et Romola Nijinski, a assisté pour la première fois à une représentation du "Sacre du Printemps" [Matthieu Rater / AFP] Tamara Nijinski, la fille cadette de Vaslav et Romola Nijinski, a assisté pour la première fois à une représentation du "Sacre du Printemps" [Matthieu Rater / AFP]

Le Théâtre des Champs-Elysées a accueilli mercredi soir avec ferveur "Le Sacre du printemps", 100 ans exactement après la première houleuse de l'oeuvre le 29 mai 1913.

On est loin du scandale retentissant soulevé à l'époque par le "Sacre", donné par les Ballets russes sur la musique de Stravinsky et dans la chorégraphie époustouflante de Nijinski.

"Ce fut comme si la salle avait été soulevée par un tremblement de terre. Elle semblait vaciller dans le tumulte", écrivit à l'époque Valentine Hugo. Des hurlements, des injures, des hululements, des sifflets soutenus qui dominaient la musique et puis des gifles, voire des coups..."

Rien de tel mercredi soir, mais une "flash mob" organisée devant le théâtre par les élèves des conservatoires parisiens pour restituer un peu de l'ambiance de l'époque.

Le ballet, magnifiquement interprété par le Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg avec le chef Valery Gergiev à la baguette, a gardé toute sa modernité flamboyante.

Martèlement de pieds des danseurs, bras jetés vers le ciel, rythme syncopé: une rupture esthétique de l'ordre de celle provoquée par Les Demoiselles d'Avignon de Picasso dans la peinture.

Paradoxalement, le ballet créé par la chorégraphe allemande Sacha Waltz donné en deuxième partie paraissait presque classique, avec ses mouvements de bras fluides. Le ballet, également exécuté par la troupe du Mariinski, est un hommage à Stravinsky et Nijinski dont il épouse les thèmes: le rituel païen, la sauvagerie primitive.

Mais la chorégraphe a aussi voulu "donner une place centrale au concept de société", en introduisant des enfants aux côtés des hommes et des femmes. La découverte de la sexualité, très présente dans son ballet, lui "tenait également à coeur à cause de la sauvagerie de la musique".

Le ballet original de Nijinski ne fut donné que huit fois, cinq à Paris et trois à Londres, avant de disparaître du répertoire des ballets russes, non pas à cause du scandale, mais du fait de la brouille sentimentale entre Nijinski et Diaghilev, le patron de la troupe.

La musique de Stravinsky remporta pour sa part dés l'année suivante un grand succès et est jouée aujourd'hui par les plus prestigieux orchestres.

L'oeuvre inspire les chorégraphes, au point que quelque 200 versions dansées du "Sacre" ont été créées, dont trois sont données par le Théâtre des Champs-Elysées pour le centenaire: celle de Sacha Waltz, celle de Pina Bausch (1975) début juin et la création d'Akram Khan, "iTMOi", fin juin.

La version donnée jusqu'au 31 mai à Paris est une reconstitution du ballet de Nijinski faite par l'historienne de la danse et chorégraphe américaine Millicent Hodson et l'historien de l'art anglais Kenneth Archer. Depuis leur recréation du ballet en 1987, un litige les oppose à la succession de Nijinski, à qui ils ne versent pas de droits, estimant être les seuls auteurs de la reconstitution.

Pour la première fois mercredi, le ballet était donné en présence de Tamara Nijinski, fille cadette de Nijinski, à qui le Théâtre des Champs-Elysées a réglé des droits en bonne et due forme.

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a salué "la mémoire vivante d'un artiste" en remettant à Tamara Nijinski l'insigne de Commandeur des Arts et des Lettres, à l'issue de la représentation. La vieille dame de 82 ans, très émue, a rappelé que le "Sacre du printemps" était "l'oeuvre d'un jeune homme de 24 ans, qui un an auparavant avait montré son génie en créant ++L'Après-midi d'un faune++".

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