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"Vues d'en haut" au Centre Pompidou-Metz

"Tour Eiffel et Jardins du Champ-de-Mars" (1922) de Robert Delaunay, exposé au Centre Pompidou-Metz, le 14 mai 2013 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP] "Tour Eiffel et Jardins du Champ-de-Mars" (1922) de Robert Delaunay, exposé au Centre Pompidou-Metz, le 14 mai 2013 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP]

Pour son troisième anniversaire, le Centre Pompidou-Metz a choisi de prendre de la hauteur : il présente à partir de vendredi une passionnante exposition "Vues d'en haut" consacrée à l'influence de la photographie aérienne sur les artistes.

Depuis les premières images saisies depuis un ballon en 1858 par Nadar jusqu'aux vues de la terre prises récemment par Yann Arthus-Bertrand, quelque 500 oeuvres démontrent l'impact de ce renversement du regard sur 150 ans de création artistique. Photographies, peintures, dessins, films et maquettes d'architecture se déploient sur plus de 2.000 m2 jusqu'au 7 octobre.

"C'est la première fois que l'on consacre une grande exposition pluridisciplinaire à ce thème", assure Angela Lampe, conservatrice au musée national d'Art moderne et commissaire de l'exposition.

Contempler le monde non plus frontalement, à hauteur des yeux, mais, verticalement, depuis un ballon ou un avion, revient à briser le modèle de perspective à l'échelle humaine défini à la Renaissance, relève-t-elle. "La vue en hauteur devient panoramique, flottante", ajoute-t-elle.

Les impressionnistes, amis de Nadar, expérimentent déjà la vue d'en haut (depuis des toits, des balcons). Mais c'est avec le cubisme que la démonstration devient limpide.

"Round the world" (1958) de Sam Francis, exposé au Centre Pompidou-Metz, le 14 mai 2013 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP]
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"Round the world" (1958) de Sam Francis, exposé au Centre Pompidou-Metz, le 14 mai 2013
 

La présentation de photographies d'un village espagnol prises par Picasso en 1909 à côté d'une aquarelle cubiste de l'artiste sur le même sujet est particulièrement éloquente.

Les peintres français d'avant-garde comme Fernand Léger sont fascinés par l'aviation. Robert Delaunay offre une intrépide vue de la Tour Eiffel en surplomb.

La Première guerre mondiale s'accompagne d'une prolifération de clichés militaires aériens, au graphisme linéaire sans échelle, qui accompagnent l'émergence de l'abstraction picturale surtout en Russie. L'imagerie aérienne irrigue le suprématisme de Malévitch, pointe Mme Lange.

La commissaire relève que la ville allemande de Dessau où le Bauhaus, fondé en 1919 par Walter Gropius à Weimar, a été obligé de se replier en 1925, abritait également le constructeur aéronautique Junkers.

"Age de raison"

"Kandinsky utilisait des photographies aériennes, soigneusement collées sur du carton, pour ses cours au Bauhaus", selon Mme Lange.

Affiche de l'exposition "Vues d'en haut" photographiée à l'entrée du Centre Pompidou-Metz, le 14 mai 2013 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP]
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Affiche de l'exposition "Vues d'en haut" photographiée à l'entrée du Centre Pompidou-Metz, le 14 mai 2013
 

Ces vues d'en haut ont pu influencer ses oeuvres, comme le suggère "Accent en rose" de 1926.

Pour Paul Klee et Mondrian, les vues aériennes ont sans doute été également des sources d'inspiration.

Avec l'essor de l'aviation civile après la Seconde Guerre mondiale, le phénomène s'amplifie surtout aux Etats-Unis. Sam Francis, qui a été pilote pendant la guerre, réalise la grande toile "Round the world" (1958-59) après un voyage en avion.

Les "drippings" de Pollock sont réalisés sur un support posé au sol, créant une cartographie abstraite.

L'archéologie aérienne, qui permet de révéler des structures du territoire invisibles à l'oeil nu, sert de référence aux artistes du Land Art, qui réalisent des oeuvres éphémères.

"Un monde à plat" (2009) de Claude Closky, présenté au Centre Pompidou-Metz, photographié le 14 mai 2013 à Metz [Jean-Christophe Verhaegen / AFP]
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"Un monde à plat" (2009) de Claude Closky, présenté au Centre Pompidou-Metz, photographié le 14 mai 2013 à Metz
 

Au fil des décennies, l'émerveillement cède le pas à une vision plus pessimiste. Avec les progrès des technologies spatiales, la surveillance depuis le ciel est devenue omniprésente tandis que se multiplient les caméras de surveillance, comme l'illustre "City TV. Berlin" de Frank Thiel.

De son côté, le photographe Yann Arthus-Bertrand alerte le public sur les menaces pesant sur l'environnement grâce à ses images parfois aussi esthétiques que glaçantes ("Dépôts de goudron après extraction des sables bitumineux au Canada").

Avec 1,8 million de visites depuis son ouverture en mai 2010, le Centre Pompidou-Metz a su "creuser son sillon", considère son directeur Laurent Le Bon.

"Trois ans, pour un musée, c'est l'âge de raison. Nous entrons dans un rythme de croisière. Nous avons reçu 475.000 visiteurs l'an dernier. Cela devrait doucement s'étioler", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Nous devrions être en moyenne autour de 400.000 visiteurs par an", ce qui est tout à fait élevé pour un centre d'art en région, ajoute-t-il.

Grand motif de satisfaction: plus de 50% de visiteurs viennent de Lorraine.

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