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"Quand tu vends ta voiture, tu ne demandes pas à la conduire"

Jean-Christophe Grangé, l'auteur du Vol des cigognes (Albin MIchel) Jean-Christophe Grangé, l'auteur du Vol des cigognes (Albin MIchel)[ERIC ESTRADE/AFP]

Jean-Christophe Grangé, expert en best-sellers adaptés à l’écran, dont Les rivières pourpres est l'exemple le plus célèbre, revient sur l’adaptation du Vol des cigognes, réalisée pour la télévision par un Jan Kounen inspiré et diffusée ce lundi sous la forme d'une mini-série en deux épisodes.

 

L’adaptation du Vol des Cigognes n’est pas une idée nouvelle…

J’ai écrit ce livre il y a 20 ans et depuis, l’adaptation n’a cessé d’être en développement. Le projet est notamment resté une petite douzaine d’années dans les mains d’un producteur de cinéma, plusieurs réalisateurs se sont mis sur le coup, et plusieurs scénaristes... dont moi. Mais le film n’a jamais réussi à se faire pour le cinéma. Le producteur, très exigeant, n’était jamais d’accord avec le réalisateur choisi. Au bout d’un moment, il a naturellement perdu les droits.

Quand j’ai vu l’adaptation de la bande dessinée XIII par Thomas Anargyros, j’ai été frappé par l’esprit américain qui se dégageait de cette oeuvre. Je suis allé vers lui. Une chance : il adorait Le Vol des cigognes. C’est ainsi qu’a commencé ma collaboration avec Canal +. Ensuite, le travail collectif s’est paradoxalement fait de manière très solitaire : j’ai d’abord écrit les deux scénarios de ces deux films de 90 minutes.

L’œuvre devant se faire en anglais, j’ai ensuite donné ma version à un scénariste anglosaxon qui a transposé et rajouté sa touche. Le tout a ensuite été transmis à Jan Kounen qui a lui-même ajouté sa « patte ».

 

Est-ce vous qui avez choisi Jan Kounen et son univers très particulier ?

Non, ce sont les producteurs. Ils voulaient un réalisateur visionnaire. A l’époque où l’œuvre devait être adaptée pour le cinéma, Jan Kounen figurait déjà parmi les réalisateurs qui s’intéressaient au projet. Je savais ce qu’il souhaitait créer.

Ensuite, tout s’est passé sans mon aide. En montage, Jan m’a invité pour me montrer les séquences très éloignées du livre pour m’expliquer ses choix. Je ne suis pas allé sur le tournage, je n’ai pas effectué le voyage en Afrique du Sud sur le lieu du tournage. Et puis, j’avoue que ce n’est pas plus mal. Il n’y a rien de plus ennuyant qu’un tournage !

 

Que pensez-vous des libertés prises par Jan Kounen ?

Quand tu vends ta voiture, tu ne demandes pas à la conduire ! (Rires) Il peut faire ce qu’il veut à partir du moment où j’ai vendu mes droits. Il y a véritablement une différence notable: dans mon livre, il s’agit d’un homme qui a perdu la mémoire et qui, pour comprendre ce qui lui est arrivé, va rencontrer des gens qui vont lui raconter son passé. 

Dans le film, cette recherche est plus intérieure. La vérité surgit de lui, sa mémoire lui revient. J’ai écrit un thriller plus traditionnel. Jan Kounen a réalisé un thriller plus initiatique, avec une dimension chamanique. Mais cela n’a pas été une surprise : tout le monde connaît l’univers particulier de Jan et connaissait ce qu’il pouvait faire. De mon côté, c’est un peu pareil : j’écris finalement toujours un peu le même livre…

 

Dans le roman, la dimension géopolitique est très présente mais les choses ont changé en 20 ans. Comment avez-vous composé avec cela ?

Les problèmes ne sont en effet plus tout à fait les même dans les pays traversés par le héros. Dans mon livre, j’aborde la question de la Centrafrique avec Bokassa. Dans le film, on peut apercevoir plutôt la situation de la République Démocratique du Congo.

Dans la partie du livre qui se déroule en Israël, j’avais inséré beaucoup de courses poursuites au coeur des territoires occupés. Mais c’est bien plus facile d’écrire ce genre d’action que de les filmer ! Il y a beaucoup moins de contraintes. La dimension géopolitique est en tout cas moins développée dans le film qui ne s’attarde par exemple pas trop sur les lieux des camps de réfugiés.

 

Par certains aspects, le film rend-il ce que vous avez voulu écrire ?

J’ai été bluffé par l’atmosphère de certaines scènes. Jan Kounen a réussi à rendre des sensations et des impressions que j’avais imaginées. C’est très troublant.

 

Ecrit il y a 20 ans, vous avez quand même du vous replonger dans le livre avant de vous attaquer au scénario…

J’ai été très étonné : la mémoire fonctionne à la manière de tiroirs ! J’ai rouvert le tiroir « Vol des cigognes » et tout est revenu.

 

Avec le recul, auriez-vous fait des choses autrement ?

Non, je me suis dit que c’était plutôt pas mal ! Le Vol des cigognes est certes mon premier livre mais c’est aussi celui qui a la plus grande dimension autobiographique. C’est mon expérience de reporter que je raconte dans ce livre, j’ai traversé ces pays afin de réaliser un véritable reportage sur la migration des cigognes.

Et en sortant de ce reportage, je m’étais dit que si j’arrivais à faire un thriller sur les cigognes, cela pourrait être original…

 

Le Vol des cigognes, Canal +, première partie, lundi 21 janvier, 20h55.

Le Vol des cigognes, Albin Michel, Nouvelle édition.

 

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