En direct
A suivre

Les artistes contestataires, icônes de 2012

Les membres du groupe Pussy Riot Nadejda Tolokonnikova (g), Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch (d), le 8 août 2012 au tribunal à Moscou [Natalia Kolesnikova / AFP/Archives]

En moins d'un an, des punkettes russes opposées à Poutine sont passées au statut de stars internationales, à l'instar de nombreux autres artistes contestataires dans le monde, qui ont fait passer leur message le plus souvent via internet.

Le groupe Pussy Riot n'a pas plus d'une dizaine de chansons à son actif, n'a enregistré aucun album, ne s'est jamais produit sur scène, et pourtant, en un peu moins d'un an il a acquis une renommée mondiale, et est devenu pour beaucoup un symbole de la lutte pour la liberté d'expression dans la Russie de Vladimir Poutine.

Cet extraordinaire essor n'aurait guère été possible sans les réseaux sociaux et les sites de partage de vidéo, qui ont fait connaître leurs performances, dont la "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou qui leur a valu la prison.

Grâce à internet, les Pussy Riot et nombre d'autres artistes à travers le monde ont pu briser la censure et les frontières.

Le groupe russe avait fait sa première apparition à l'automne 2011. Plusieurs membres du groupe étaient alors issues du groupe d'art contestataire Voïna, connu à l'époque pour ses performances provocatrices telles que le dessin en 2011 d'un gigantesque phallus sur un pont levant en face du siège du FSB (ex-KGB) à Saint-Pétersbourg, ville natale de Vladimir Poutine.

En janvier 2012, après quelques autres performances, elles parviennent à chanter sur la Place Rouge "Révolte en Russie, Poutine a fait dans son froc!".

Peu de gens au final ont assisté à ces évènements mais leur enregistrement et leur diffusion sur internet ont suffi à lancer le buzz.

Et le 21 février, elles réalisent la performance qui va propulser leur renommée.

Ce jour-là, cinq jeunes femmes du groupe sont entrées dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, avant d'enfiler des cagoules colorées et d'entonner une "prière punk" demandant à la Vierge Marie de "chasser Poutine". Ce coup d'éclat n'a duré qu'une minute. Les jeunes femmes ont rapidement été appréhendées par des gardes de sécurité.

L'artiste chinois Ai Weiwei devant un tribunal à Pékin le 27 septembre 2012 [Ed Jones / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
L'artiste chinois Ai Weiwei devant un tribunal à Pékin le 27 septembre 2012
 

Mais tout a été enregistré, la vidéo a été mise en ligne et a été visionnée près de 2,5 millions de fois sur Youtube.

Pour cette performance, trois jeunes femmes du groupe ont été condamnées à deux ans de camp. Une a été libérée en appel.

"Risques et périls"

Sans internet, la possibilité que ces jeunes Russes atteignent une renommée mondiale aurait été beaucoup plus faible.

C'est le cas également de l'artiste contemporain chinois Ai Weiwei.

Ce peintre, sculpteur, photographe et plasticien, dont les œuvres sont exposées dans les grandes capitales occidentales, est devenu un symbole de ceux qui osent critiquer publiquement le système communiste et le parti unique au pouvoir en Chine, via ses performances politico-artistiques.

L'an dernier, il a été détenu d'avril à juin avant de vivre sous surveillance, et fait actuellement face à un énorme redressement fiscal de 1,7 million d'euros.

Récemment, sa parodie exubérante de la vidéo Gangnam Style du rappeur sud-coréen Psy --dont le clip est la vidéo la plus vue de toute l'histoire de YouTube-- a été bloquée par les autorités chinoises.

Ai Weiwei y apparaît en veste noire et tee-shirt rose vif, enchaînant avec quelques personnes les pas de danse qui ont contribué au succès inattendu du titre de Psy. Il exhibe également une paire de menottes, une référence sans doute à ses démêlés avec la justice de son pays.

Le réalisateur iranien Jafar Panahi, à Téhéran le 30 août 2010 [Atta Kenare / AFP/Archives]
Photo ci-dessus
Le réalisateur iranien Jafar Panahi, à Téhéran le 30 août 2010
 

Les artistes semblent de plus en plus nombreux à exprimer leurs opinions politiques, à leurs risques et périls, à l'instar du cinéaste iranien Jafar Panahi.

Distingué par les plus grands festivals internationaux mais interdit en Iran où ses satires sociales grinçantes lui ont valu d'être considéré comme subversif par les autorités, ce cinéaste a été arrêté alors qu'il préparait un film sur les manifestations contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

Assigné à résidence à Téhéran, il a été condamné en octobre 2011 à six ans de prison et 20 ans d'interdiction de réaliser ou écrire des films, voyager ou s'exprimer, pour "propagande contre le régime".

Celui qui a été désigné cette année lauréat, avec sa compatriote l'avocate Nasrin Sotoudeh, du Prix Sakharov du Parlement européen, a néanmoins réussi à réaliser un film qui raconte sa vie d'assigné à résidence en attendant le jugement final dans son affaire.

L'oeuvre, intitulée "Ceci n'est pas un film", a été sortie du pays sur une simple clé USB.

Toutes les rétrospectives de l'année 2012 sur DirectMatin.fr

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités