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"Jours de pêche en Patagonie" : face à l'immensité du désert argentin

Le réalisateur argentin Carlos Sorin, le 6 décembre 2012 au Festival international du film de Marrakech, au Maroc [Valery Hache / AFP/Archives] Le réalisateur argentin Carlos Sorin, le 6 décembre 2012 au Festival international du film de Marrakech, au Maroc [Valery Hache / AFP/Archives]

Dans "Jours de pêche en Patagonie", en salle mercredi, Marco, buveur et coureur invétéré, veut se reconstruire: il part dans le sud de son pays, l'Argentine, pêcher le requin et y retrouver sa fille. Mais l'immensité des paysages accentuent la solitude d'êtres à la recherche avant tout d'eux-mêmes.

Dans ce nouveau film, relativement court (1h18), l'Argentin Carlos Sorin ("La fenêtre", primé au festival de Vallodolid en 2009, ou "El camino de San diego", Prix spécial du jury à celui de San Sebastian en 2006), aime attarder sa caméra sur les visages, les gestes, les expressions de ses personnages.

Que ce soit Marco, qui cherche la rédemption et la trouvera peut-être au bout du chemin, sa fille Ana, aujourd'hui mariée et mère d'un petit garçon mais souffrant toujours de la blessure causée, des années auparavant, par la séparation de ses parents, les acteurs donnent l'impression de jouer a minima.

Une ferme près de San Carlos de Bariloche, en Patagonie argentine, le 20 juin 2011 [Francisco Ramos Mejia / AFP/Archives]
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Une ferme près de San Carlos de Bariloche, en Patagonie argentine, le 20 juin 2011
 

Alejandro Awada (le père), ou Victoria Almeida (Ana) concentrent la puissance de leur jeu dans un simple geste (les bras du grand-père qui se tendent quand il embrasse son petit-fils pour la première fois), un regard (celui d'Ana quand son père lui chante "Che gelida manina", une chanson de son enfance)...

On sent qu'Ana, enseignante mariée à un jeune homme taciturne de la région, s'efforce dans ses relations avec son fils et son époux de ne pas reproduire le schéma destructeur de ses parents.

Ceci n'est pas dit mais suggéré. Sorin, qui évite les dialogues superflus, aime filmer ses personnages au plus près pour mieux impliquer le spectateur dans leur histoire et lui communiquer leurs émotions.

"Les regards, les gestes sont infiniment plus importants pour moi que les paroles", a confié à l'AFP Carlos Sorin, de passage à Paris pour la promotion de son film. Pour lui, "le regard est une invitation à pénétrer dans l'âme du personnage".

Retraite spirituelle

Une vache en Patagonie argentine, le 9 mai 2008 [Juan Mabromata / AFP]
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Une vache en Patagonie argentine, le 9 mai 2008
 

"Dans mes films, mes personnages sont importants plus par ce qu'ils taisent que par ce qu'ils disent. D'une certaine manière, je pourrais arriver à faire un film seulement avec des gros plans", ajoute Sorin, adepte du "cinéma basique", qui accepte qu'on le qualifie de "cinéaste minimaliste".

L'impression d'authenticité qui se dégage du film est également renforcée par la présence de non-acteurs. En fait, les seuls acteurs du film sont ceux qui incarnent le père et sa fille. Les autres - le guide de pêche au requin de Marco, les habitants du petit village de Puerto Deseado, le pompiste... - sont dans leur propre rôle.

"Leurs actions dans le film leur sont familières. De plus, je ne leur ai pas donné de texte à apprendre. Pas une ligne. Je filme beaucoup, comme un documentaire, ensuite, je construis la fiction, au moment du montage", explique Carlos Sorin.

Des moutons dans une ferme près de San Carlos de Bariloche, en Patagonie argentine, le 20 juin 2011 [Francisco Ramos Mejia / AFP/Archives]
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Des moutons dans une ferme près de San Carlos de Bariloche, en Patagonie argentine, le 20 juin 2011
 

Le cinéaste attarde également sa caméra sur l'immensité des paysages désertiques de la Patagonie, de ses ciels vides, faisant ressortir la solitude des personnages.

Mais "il y avait le risque que ces paysages soient si forts qu'ils enlèvent le plus important pour moi, les visages et les regards. Les paysages ne sont qu'un décor, aussi beaux soient-ils", poursuit-il.

Si Sorin a choisi précisément ce décor-là, c'est qu'ici, "il n'y a pas de réseaux pour téléphone mobile, pas d'internet. On est déconnecté des problèmes liés à la vie quotidienne, on est dans une espèce de retraite spirituelle. Ca marche pour moi et pour l'équipe de tournage. Il n'y a plus que le film qui existe".

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