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Prix Sakharov : une visite d'eurodéputés à Téhéran annulée

Montage photo montrant le cinéaste Jafar Panahi (D) le 1er novembre 2008 à Téhéran et l'avocate Nasrin Sotoudeh le 30 août 2010 à Téhéran [AFP / AFP/Archives] Montage photo montrant le cinéaste Jafar Panahi (D) le 1er novembre 2008 à Téhéran et l'avocate Nasrin Sotoudeh le 30 août 2010 à Téhéran [AFP / AFP/Archives]

La visite de cinq eurodéputés à Téhéran a été annulée samedi après le refus des autorités iraniennes d'autoriser une rencontre avec les deux lauréats iraniens du prix Sakharov 2012, dans un contexte de tension avec Téhéran sur son programme nucléaire.

Cinq députés, tous de gauche ou écologistes, devaient se rendre du 27 octobre au 2 novembre à Téhéran pour une visite officielle organisée dans le cadre des échanges avec le Parlement iranien, la première depuis 2007.

Ce déplacement controversé devait débuter 24 heures après l'attribution par le Parlement européen du prix Sakharov --qui récompense chaque année un défenseur des droits de l'Homme et de la démocratie-- au cinéaste Jafar Panahi et à l'avocate Nasrin Sotoudeh. Tous deux sont condamnés à de lourdes peines dans leur pays.

"Les députés étaient sur le point de décoller quand la chef de la délégation a reçu un coup de fil de l'ambassadeur iranien auprès de l'Union européenne, disant qu'ils ne seraient pas autorisés à rencontrer les deux lauréats du prix Sakharov", a indiqué une source au Parlement européen à Bruxelles.

La délégation emmenée par l'écologiste finlandaise Tarja Cronberg voulait remettre en main propre aux deux lauréats l'invitation pour recevoir le prix Sakharov à Strasbourg en décembre. Mais elle a été informée samedi matin qu'il était "impossible de garantir" cette rencontre "dans des délais aussi brefs", a indiqué le Parlement dans un communiqué.

Prenant acte, Mme Cronberg "a annulé la visite de la délégation, qui était considérée comme une opportunité pour rouvrir le dialogue avec les députés iraniens et la société civile du pays", ajoute le communiqué.

Une décision prise en accord avec le président du Parlement européen, Martin Schulz, qui a "vivement regretté que l'autorisation de rencontrer les lauréats du prix Sakharov ait été refusée". M. Schulz avait déjà prévenu vendredi que la délégation rentrerait "sur le champ" si on l'empêchait de rencontrer les lauréats du Prix Sakharov.

A Téhéran, les autorités iraniennes avaient expliqué samedi matin qu'elles avaient "rejeté une condition posée par la délégation parlementaire de l'UE", qui voulait "rencontrer deux prisonniers", selon le conseiller du président du Parlement iranien pour les affaires internationales, Hossein Sheikholeslam, cité par l'agence Isna.

"Si la délégation est d'accord pour venir malgré tout en Iran selon l'agenda accepté initialement, il n'y a aucune objection à sa visite. Mais nous ne pouvons pas accepter la pré-condition actuelle", avait-il ajouté.

Cette visite suscitait la controverse au sein même du Parlement européen, certains députés craignant une instrumentalisation par le régime iranien. Le chef de file des conservateurs britanniques, Martin Callanan, avait dénoncé vendredi une initiative "honteuse" qui allait selon lui être utilisée comme "un cadeau de propagande" par Téhéran.

Mme Cronberg avait promis que la délégation aurait l'occasion d'insister sur l'inquiétude des Européens concernant la situation des droits de l'Homme en Iran "directement auprès des responsables et des représentants de la société civile".

L'Union européenne, à l'instar des Etats-Unis et d'autres pays occidentaux, ne cesse de renforcer un arsenal de sanctions économiques contre l'Iran, soupçonné de chercher à se doter de l'arme atomique, afin de pousser le régime à reprendre les négociations.

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